«LES COUTUMES ET TRADITIONS DES TRETSOIS ET BASSAQUETS »

Causerie réalisée par GUY VAN OOST et les amis du village, le 25 Mars 2023

 

  REPRODUCTION INTERDITE

 

1 INTRODUCTION


La vie du tretsois d’autrefois, souvent paysan, était réglée par le calendrier des saisons et les travaux des champs qui rythmaient le cours de l’année. C’est ainsi le zodiaque qui a donné naissance à des fêtes, coutumes, jeux et traditions saisonniers. Il est également remarquable qu’à travers le même rythme solsticiel, soit représentée la correspondance avec les étapes de la vie :

-L’hiver :Noël est la fête de la nativité et des enfants,

-Au printemps, Avril et Mai, sont les mois des jeunes filles, de l’amour et des galants,

-L’été symbolise la maturité et le mariage, les jeux, les fêtes, berceau des convergences et de l’intégration à la Communauté.

-En automne, Novembre est le mois de la mort…

Nous vous invitons à parcourir au cours de cette causerie, mois après mois, le cycle annuel des coutumes et traditions des tretsois sans prétendre nullement, faire le descriptif complet de chaque manifestation.

Et, si je peux me permettre… je pense profondément que, pour les nouveaux arrivants, participer aux fêtes traditionnelles, respecter et adopter ses coutumes, c’est faire la preuve d’un désir d’intégration à notre Communauté, et au-delà, un gage de cohésion sociale !

Vous retrouverez tout au long de cette soirée l’ombre d’un tretsois, bassaquet qui a contribué sans relâche à faire vivre toutes nos traditions. Nous voulons dédier cette soirée à notre Ami Loulou Giay qui nous a quittés à la fin de l’été dernier.





Bien entendu, nous commencerons par le mois de la Nativité.

Décembre-Desèmbre



NOËL, LA 5ème SAISON PROVENCALE

L’Avent (avec un E) désigne les 4 semaines de préparation de l’évènement de la Nativité. Et si les valeurs symboliques des traditions de Noël se sont largement estompées, dès cette période, les maisons se parent de guirlandes lumineuses, les jardins brillent de mille feux et les rues de Trets éclatent de chatoyantes illuminations.

D’autres traditions restent vivaces, même lorsque leur caractère religieux est oublié ou presque.





LA SAINTE BARBE

Le 4 décembre, on fête la patronne des pompiers, qui était également la protectrice vénérée des mineurs. Il faut noter que ce jour là, tous les mineurs, Rouges ou Blancs qui fréquentaient des cercles opposés, qui appartenaient à des musiques rivales…se retrouvaient tous Ensemble, à la messe de Sainte Barbe. Dès la fin de l’office, ils se séparaient pour aller banqueter chacun de leur côté !


C’est également à cette date que débute le cycle calendal. On tapisse de coton le fond de 3 siétouns, puis on y dépose une couche épaisse de « blad de santo Barbo ».

La verdure précoce qui va pousser sera le signe du renouveau. Si le blé pousse vert et dru, ce sera un présage de bonheur « Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn ! «



LA CRECHE

Quelques jours avant Noël, les familles préparent leur crèche avec des « santouns » d’argile.

Elle raconte une histoire qui se déroule en plusieurs tableaux :

-Au début, seule est représentée la scène biblique avec l’ange boufarèu et l’étoile qui guidera les bergers, puis les rois mages. Bien entendu, l’enfant Jésus ne sera déposé que le 24 décembre, après minuit entre l’âne et le bœuf.

Par la suite, viendront :
-les adorants,
-les offrants,
-les gens de métier : le rémouleur, le meunier, le bûcheron, la fileuse, la poissonnière…

-c’est souvent après l’Epiphanie que « les petits santons regagnent soigneusement leur boîte en carton ».

Mais chez les tenants de la tradition, la crèche reste en place jusqu’à la Chandeleur.



LE GROS SOUPER

Le gros souper réunit toute la famille. Il commence tôt pour se terminer à l’heure de la Messe de Minuit qui autrefois était dite … à minuit !

Sur la table, sont disposés :
-3 nappes :
-les 3 siétouns de blé,
-3 chandeliers garnis de 3 bougies blanches.

Le gros souper est un repas maigre !
Les plats sont nombreux : 7 pour les puristes de la tradition, parmi lesquels :

-les cardes,
-la morue en raïto, ou en brandade,
-l’omelette d’épinards…

LES 13 DESSERTS

Leur nombre évoque la Cène.

Bien que relativement récente, cette tradition est une de celles qui se perpétue le mieux.

Il n’existe pas de liste officielle pour ces desserts. Ils diffèrent d’un village à l’autre, en fonction, des goûts des familles et des ressources locales. Par exemple à Trets, le melon d’hiver, « le verdaoù » faisait partie des 13 desserts.

Autrefois, la pompe à l’huile ou le gibassié étaient offerts le 24 par les boulangers à leurs clients fidèles. Ces desserts ne devaient surtout pas se couper au couteau, mais être rompus à la main, sous peine d’être ruinés dans l’année… On les dégustait avec un verre de véritable vin cuit, « Ce délice de gorge, cette douceur d’œsophage, ce baume d’estomac » s’extasiait Jean-Claude Rey, le conteur du Luberon.


Toute cette époque est associée à la naissance et inaugure l’entrée du nourrisson dans la communauté locale.


Aujourd’hui c’est le baptême qui symbolise l’accueil du bébé dans la Communauté.

LE BAPTÊME A TRETS DANS LES ANNEES 50

Autrefois le baptême fixé entre 3 et 10 jours après la naissance, se passait en l’absence de la maman qui n’avait pas encore fait ses relevailles.

Il se célébrait la plupart du temps, le dimanche après la grand’messe. Le choix du parrain (le coumpaire) et de la marraine (la coumaire) était bien défini surtout pour le premir né. C’était la marraine qui offrait la robe blanche du baptême…

Après la cérémonie, lorsque le papa, la marraine portant le bébé, le parrain et les invités sortaient de l’église au son des cloches. Ils étaient assaillis par une nuée d’enfants qui faisaient le charivari en criant : «Peïrin jitas eici !» (Parrain, envoie ici !) attendant les piècettes que la famille devait leur lancer. Si la demande n’était pas satisfaite, par négligence ou avarice, les enfants lançaient des quolibets du genre : « Peirin rascous, lou pichoun vendra gibous » ! (Parrain avare, le petit sera bossu !) La marmaille se disputait les pièces à « tire péu » (en se tirant les cheveux) si nécessaire…Une fois le cortège parti vers un copieux repas bien arrosé, la recette était vite dilapidée chez Madame Armand, la marchande de bonbons de la place de l’église…

Une anecdote pour terminer : une fois la cérémonie achevée, le curé Michel qui officiait alors à Trets, enfilait sa soutane, son légendaire béret, se roulait une cigarette et partait d’un pas décidé vers le Tabacs PMU de Jeannot Verlaque, sur le cours, pour faire son tiercé…





Janvier-Janvié



LE JOUR DE L’AN


La journée du 1er janvier marque la fin des festivités de Noël et la prise de bonnes résolutions autour d’une assiette « d’aïgo boulido » destinée à remettre le foie et la balance sur le droit chemin.

Les vœux autrefois écrits sur de jolies cartes deviennent virtuels, et même les étrennes données aux enfants, par les grands-parents tendent à disparaître.



L’EPIPHANIE

Les fêtes et les rites qui y sont associés sont souvent le fruit d’une longue tradition où se mêlent les croyances populaires les plus diverses. L’Epiphanie en est un exemple significatif.

C’est, d’abord, le jour où on place respectueusement les 3 rois, Balthasar, Gaspard et Melchior dans la crèche.

Mais, ill était autrefois une tradition bien tretsoise, oubliée depuis longtemps.

Nous en avons retrouvé sa description sur une image découverte dans une tablette de chocolat, et surtout dans La Statistique de Villeneuve :

A LA RENCONTRE DES ROIS


Autrefois – et bien avant l’invention du Père Noël, – Trets commençait à fêter l’Epiphanie le soir du 5 janvier.

Dès la tombée de la nuit, un cortège de jeunes gens, portant des corbeilles de figues sèches, de cèbes et d’ail, partait en direction de la chapelle Saint Roch, attendre les « Reï Moure ».

Là, se tenaient trois jeunes gens du village vêtus comme les Rois Mages :

Gaspard, habillé d’une belle robe bleue, Balthazar, dans son habit écarlate et Melchior, vêtu de vert.
Ils recevaient avec dignité tous ces jeunes gens. L’un d’eux leur adressait un petit compliment, avant de leur offrir les corbeilles de fruits secs. En échange, les Rois lui remettaient une bourse remplie de jetons sonnant comme des pièces d’or.

Au moment où les compagnons de l’orateur réclamaient le partage des étrennes, ce dernier prenait la fuite, comme s’il se refusait au partage de ce trésor ! Toute la troupe s’élançait alors à sa poursuite… L’agile chenapan ne se laissait rejoindre que sur le parvis du château. La petite troupe rentrait alors dans le village en faisant « la Mauresque ».

Peu à peu, les villageois se joignaient à cette farandole de la jeunesse. Se tenant par la main, ils parcouraient les rues, de la porte Saint Jean à la place du Verger, de la rue du Troquet au chemin de Saint François, tout en sautant et formant des cercles dans lesquels l’orateur transfuge demeurait toujours prisonnier !

Tout se terminait par des feux de joie qui étaient censés écarter les maladies, la peste et le choléra.


Le gâteau des Rois :

Au Vème siècle, l’Eglise voulut donner une grande importance à l’événement que représente l’arrivée des Rois mages devant l’enfant Jésus, 12 jours après sa naissance…
 

LE GATEAU DES ROIS
L’histoire du gâteau des Rois débute à l’époque où les romains fêtaient les saturnales. De pantagruéliques banquets étaient organisés pour célébrer l’allongement des jours. On confectionnait un gros gâteau rond et doré dans lequel était placée une graine, une fève, symbole de renaissance de la nature. Celui qui la trouvait dans sa part était sacré roi du festin.

La tradition du gâteau des Rois apparut en France vers le XVème siècle.

En 1793, les révolutionnaires rebaptisèrent la galette : « gâteau de l’égalité » :

La tradition du partage n’a pas beaucoup changé. C’est toujours le plus jeune des convives qui, caché sous la table, attribuera à l’aveugle une part à chacun.

Et comme au temps des romains, celui qui trouvera la fève sera sacré Roi. Il coiffera la couronne de carton doré et devra offrir un nouveau gâteau.

En général, on « tire les Rois » en famille, puis les associations prennent le relais, chacune voulant organiser « son gâteau des Rois », une manière très sympathique de reprendre les activités dans l’année nouvelle.



La Pastorale :



Venait ensuite, le temps de La Pastorale…

LE TEMPS DE LA PASTORALE
Des générations de Tretsois ont joué et fait vivre la Pastorale Maurel, en la représentant deux ou trois fois chaque année, en janvier.




Voici l’histoire :

L’annonce a été faite qu’un Messie venaitt de naître, là bas très loin…Tous les habitants du village se mettent en marche, chargés des produits du terroir qu’ils offriront au pichoun.

, « Moun ai, moun chin, ièu, ma fremo, emé ma fiho si méten enpartance »…

Ce spectacle, mettant en scène la marche du petit peuple provençal vers « Bételen », attirait chaque année les fervents de la tradition qui venaient chanter avec les comédiens du Rideau Provençal !

Qui ne se souvient de Léon et Juliette Baille, de Roger Florent et Roger Hugues, d’Henri et Marinette Boyer de René Pratesi et de Loulou Giay …

qui ont incarné le pistachié, le boumian, Jourdan et Margarido, Chicoulet…

et tous les autres pendant des années?


Ce spectacle, les personnages, les chansons mettaient de la joie au cœur de tous les spectateurs !



Février-Febrié


Au mois de février, le temps hésite entre l’hiver et le printemps, mais c’est une période intense pour les fêtes profanes et les traditions culinaires.


LA CHANDELEUR


C’est la fête des chandelles, « candelour » en provençal…Les romains célébraient déjà cette fête avec des flambeaux. !

Ce jour-là, les Chrétiens vont à l’office avec un cierge, afin de le faire bénir. Autrefois, cette chandelle était rallumée dans les maisons, pour guérir les malades et chasser les mauvais esprits.

Au Moyen-Age déjà, on appelait la chandeleur « la bonne crépière ». L’habitude de faire des crêpes à cette occasion, persiste partout.

Dans de nombreuses familles, aujourd’hui encore, chacun essaie de faire sauter une crêpe en tenant une pièce dans la main. Réussir cette opération serait le gage d’avoir de l’argent toute l’année…


C’est également le jour des navettes, ces petits biscuits en forme de barque, parfumés à la fleur d’oranger. Elles sont originaires de Saint Victor à Marseille.


 

LE CARNAVAL

Autrefois, pendant la période du carnaval, on assistait à un véritable abandon des bons usages et des bonnes mœurs. Les autorités permettaient aux gens de se déguiser et de changer de personnalité. On assistait alors à un véritable rite d’inversion du statut des uns et des autres, et toutes les blagues devaient être acceptées.

A Trets, des jeunes gens masqués pénétraient dans les maisons, au mieux pour se faire offrir un verre, parfois pour lancer des anathèmes et dire leurs quatre vérités à des personnes qui n’avaient pas toujours été très sympathiques...





LE MARDI GRAS

C’était le dernier jour où les autorités acceptaient ces débordements. Il marquait le début du Carême, (Carême entrant). Aussi, devait-onl revenir aux bonnes mœurs et brûler ce pauvre gros pantin de paille, ce Caramentran habillé de vêtements grotesques. Chargé de tous les vices, il avait bu comme un ivrogne, mangé comme un porc et avait forniqué : il allait être jugé, promis à la mort. A Trets, ce mannequin était dressé sur un charreton qui avançait, suivi de charrettes décorées de branches de pins, derrière lesquelles les jeunes gens dansaient une farandole endiablée, dans une dernière mascarade. C’est sur l’actuelle place de la Libération, autrefois, prè seigneurial, qu’on brûlait Caramentran en chantant.



Dans les familles, pendant cette période de carnaval, ou au cours des dernières veillées, se dégustaient les oreillettes ou les merveilles.


LE MERCREDI DES CENDRES

C’est le 1er jour du carême donc le début du jeûne. La viande est bannie des repas. Une occasion pour déguster un bon aïoli.

L’aïoli représente le repas convivial par excellence, toujours plus prisé et apprécié dans des repas amicaux, associatifs et de clôture des manifestations tout au long de l’année !

Surtout quand on avait le privilège de compter parmi ses adhérents, le Pape François de l’Aïoli ….


Je voudrais profiter de cette occasion pour saluer l’Association des Chevaliers de l’Aïet, crée en 1991 sous l’impulsion de Marcel Colombani pour mettre en valeur les produits de notre terroir et particulièrement l’ail. Cette association a bien prospéré sous la présidence de Brigitte Riéra.



Mars-Mars



Les agriculteurs de Trets qui cultivaient les célèbres et excellents melons verdaou avaient l’habitude de dire : « Quand vòu un bon melounié

Lou fague à sant Jausé »

(Celui qui veut un beau champ de melons doit semer à la saint Joseph (le 19).



LES RAMEAUX


La fête des rameaux ouvre la semaine sainte.

Ce dimanche, monsieur le curé bénit des branches d’’olivier. Après quoi, le rameau, doté de vertus protectrices, revient à la maison des fidèles. Autrefois, souvent suspendu derrière un crucifix au-dessus du lit, il était sensé empêcher la foudre de tomber sur le foyer, éloigner les maladies et faire barrage aux sortilèges. Enfin, en cas de deuil, il servait à asperger d’eau bénite le corps du défunt avant sa mise en bière et son départ pour le cimetière.

Dans les familles aisées, la marraine offrait à son filleul une branche entourée de papier argenté : au bout des ramifications étaient accrochées des sucreries qui, tels des fruits, pendaient de cet arbrisseau. Une grosse orange confite symbolisant le monde coiffait le rameau profane.



LA FOIRE DU 15 MARS


Au milieu du XIXème siècle, les foires agricoles se multiplient. A Trets c’est depuis 1840 que la fin du carême était marquée par la grande foire du 15 Mars. Les cultivateurs y achetaient leurs plants de saboula (oignons), et leurs barbets (plants de vigne).

A noter que ce jour là, le maire avait la possibilité de donner congé aux élèves des écoles. C’était la fort appréciée « journée du maire ».


Après être devenue un gros marché, et avoir bénéficié de diversifications comme la « Journée des Ecrivains de Provence » la foire a été supprimée en 2018.




Avril-Abriéu
EN AVRIL, C’EST TOUT CHOCOLAT !

Les poissons

Le 1er avril, c’est le jour des plaisanteries et duperies amicales. Sous le nom de « poissons d’avril », l’usage des messages trompeurs et des farces pendables fait allusion à l’époque où l’année commençait en avril.



Les œufs

Pendant le Carême, il est interdit de consommer des œufs, or les poules autrefois en grand nombre dans les campagnes, ne faisaient pas carême ! Leurs œufs étaient conservés dans des jarres emplies de cendres froides, pour être mangés en omelettes ou sous forme de pâtisseries dès la sortie du jeûne. D’où la tradition des poules et œufs en chocolat autour de Pâques.



JEU DE PRINTEMPS

Jusque dans les années 1950, les vélos et autres jouets étaient rares pour les enfants. Alors, pour s’amuser, il fallait se montrer inventifs et bricoleurs.

Avec une planche de 70 cm par 35 environ, deux lattes de bois, un morceau de manche à balai, quelques boulons et 3 roulements à billes réformés de la mine, il était facile de se fabriquer une carriole… et en route pour les sensations fortes sur ces ancêtres des planches à roulettes !

 

LA GRANDE DESCENTE DES CARRIOLES


« Une fois notre carriole terminée, on allait en haut de la rue du 1er mai, on s’asseyait sur nos engins, on posait les pieds sur le timon au milieu duquel était fixé un gros roulement à billes, et on s’élançait dans la calade. Les piétons avaient intérêt à se garer ! Nous passions à petite allure devant la boutique du cordonnier Capitaine, entre la boucherie Nêne Villecroze et l’épicerie de Juliette Aicardi.

Lorsqu’ nous doublions la boulangerie TUAIRE, et la boutique de SUZANNE, la marchande de chaussures, la vitesse avait déjà augmenté et à la hauteur de la boulangerie MOSCA, au ras du sol, elle était impressionnante…

Les moins téméraires appuyaient sur leur pied droit, lançant du même coup leur engin vers la place Garibaldi. Les autres, tendaient leur pied gauche, franchissaient le ruisseau cimenté qui existait alors entre la mairie et la rue Crémieux, puis dévalaient le long de la place de la mairie doublant la boucherie Hadidji, l’alimentation de Margot, le salon de coiffure Fermanian puis le magasin de mode de Madame Burles.

. Les plus intrépides n’hésitaient pas à traverser la route… où, il est vrai, la circulation était rare, et à poursuivre leur folle équipée jusqu’à la cave coopérative !

Parfois, par de beaux jeudis de printemps, nous changions d’itinéraire. Nous partions vers Graffine, chacun sa carriole sous le bras. Arrivés à l’endroit le plus favorable, on s’asseyait sur nos engins et on se lançait vers la fontaine des vaches puis par le Tampan on atteignait le jardin des Minimes. »

Ces jeux d’hier sont devenus les courses de caisses à savon entre l’oratoire de Saint Jean et la porte du même nom, qui depuis quelques années sont une des belles attractions de la Saint Eloi.



LE MARIAGE

Avec l’éclosion du printemps, revient la saison des mariages… Celle-ci marquera une pause en mai, le mois de Marie, car il est dit que les « épousailles de mai ne fleurissent jamais » De la même façon, il n’y avait pas de mariage en Novembre, le mois des Morts.

Au mois d’avril, il pleut souvent, mais ce n’est pas grave puisque la pluie annonce un mariage heureux…
 

LA NOCE DEVANT LA MAIRIE DANS LES ANNEES 50

Samedi 15 heures, un mariage est annoncé ; les curieux affluent sur la place et forment une longue galerie que le cortège devra traverser.
Le spectacle n’est pas rare, mais il est toujours renouvelé : en principe les vedettes du jour ne jouent qu’une fois leur rôle. Autrement, elles s’exposent au charivari…

Le plus souvent le cortège arrive à pied. Les voitures étincelantes des plus fortunés, surgissent dans un concert de klaxons et déversent les novis, leurs parents, la famille, les amis… Les « accouplements » des invités et de leur cavalières étaient observés à la loupe et on commentait avec plus ou moins d’aménité, les toilettes des dames : les nœuds sur les tafanari faisant toujours un tabac !
Le cortège s’ordonnance derrière la mariée, éblouissante dans sa belle robe blanche. Sourire aux lèvres, elle donne le bras à son père, qui lui, a la larme à l’œil. Tandis que sa mère – qui va devenir la « belle-mère » – fait déjà l’objet des regards critiques.

Les demoiselles d’honneur, radieuses, se tiennent derrière la novi, en espérant qu’elles occuperont bientôt la première place sous peine de coiffer Sainte Catherine…
Puis, le défilé monte vers la Mairie, traversant cette haie de badauds qui ne se contentent pas de bader… ne se privant pas de crier « vivent lei novi » ou de faire des commentaires admiratifs… ou graveleux.

-« Elle est belle comme un petit cœur ! » : on n’entendait pas souvent « qu’il est beau ! »

-Selon l’âge des novis, c’était : « Jeune femme, joli chauffe-lit »

-Si les deux n’étaient pas des plus gâtés par la nature : « Chaque toupin trouve sa cabucelle »

-Selon le tour de taille de la mariée : « Té, ils ont fait Pâques avant les Rameaux ».

Pour ces derniers, dès l’année suivante, on revoyait la jeune maman se diriger vers le rez-de-chaussée de la mairie … elle pousse un landau où piaille un caganis et se rend à la « pesée des nourrissons ».




Mai-Mai


LE 1er MAI

C’est en 1947 que le 1er mai a été déclaré férié et chômé.

Depuis toujours le mois de mai fut le temps des amours. Le dicton ne dit-il pas :

« En mai, si la jeune fille va dans le pré, elle perdra ses pétales. » ?
La tradition des « Arbres de Mai » demeura vivace jusqu’à la fin du XIXème siècle. Dans la nuit du 30 avril, des jeunes gens partaient individuellement couper un arbre qu’ils placeraient devant la maison d’une jeune fille qu’ils voulaient honorer… ou critiquer et qu’ils décoreraient d’herbes et colifichets, choisis en fonction de leurs intentions. Ainsi le thym était une déclaration d’amour et l’ortie signifiait une rupture…
Cette tradition appréciée par les unes, redoutée par d’autres, a disparu au pofit de celle du muguet.



LE PELERINAGE A SAINT JEAN DU PUY

« Une journée à Saint Jean du Puy, c’est un jour en paradis » disait Léon BAILLE.
Saint Jean Baptiste, patron de la ville de Trets, fait depuis toujours l’objet de profondes dévotions de la part des tretsois
Le roumavàgi s’y déroulait le 1er dimanche de Mai, jusqu’à ce que le 1er mai devienne férié.



Voici un texte de Fernand Richard décrivant cette belle journée
ROUMAVAGI A SANT JAN


Prount de gént aproufichant d’aquér béu jour de festo,
S’endraien à poucho d’aubo, en groupe, caminant
Devers lou clouquié quiha sus lou cresten de la colo,
Carga de la saco de viévre, escalant balin-balan.

Bien des gens profitant de ce beau jour de fête
Partaient dès le matin en groupe cheminant
Vers le clocher dressé au sommet de la crête
Chargés de sacs de vivres montant clopin-clopant.



Tre arriba sa vai gaubeja uno busco,
E recampa de bos se pèr atuba lou fiò,
Se pér un desgaubia l’ascalustro àque le cause,
Pèr neutre lis ancian acò n’es qu’un jo.


Dès arrivés on va se tailler une busque*
Et grouper du bois sec pour allumer le feu
Si pour un maladroit cette chose l’offusque
Pour nous autres anciens, cela nous est qu’un jeu.


D’aqué tèms lou capelan recitavo un cantico
En ounourant Sant Jan de saume e requiem,
Davans lou Sant- Autar en marco de replico,
L’assistanço à souto voues ié respoudent : Amen.



En ce temps le curé récitait un cantique
En honorant Saint Jean des psaumes et requiem
Devant le Saint autel en signe de réplique
L’assistance à voix basse y répondant : Amen !


Mai liuen souto un oumbrage, e sus uno servieto
S’espandissié lou vièvre, desser e fru requist,
La quichant de pan se manjavo sa cousteletto,
En arrousant lou tout de bon vin de païs.


Plus tard sous un ombrage, et sur une serviette
On répandait les vivres, desserts et fruits exquis.
La pressant de pain on mangeait sa côtelette
En arrosant le tout de bon vin de pays.
 

E piéi venien li jo, danso e cansouneto,
La panso bèn boufado se sentènt espoumpi…
Pièi fin d’après-dina regantant sa museto,
Parti pèr pichot groupe se recampavo au païs.


Après venaient les jeux, danses et devinettes
Se sentant replet le ventre bien rempli…
Puis fin d’après-midi reprenant sa musette
Partis par petits groupes on rentrait au pays !

Le 12 février 1993




L’herbe du foie

Sur le chemin du retour les bassaquets ne manquaient pas de cueillir des « simples » pour soigner les maladies.

Et particulièrement, ce jour-là, « l’erbo dóu fegé »), qui pousse en abondance sur les coteaux du Régagnas et des Auréliens. Ils en faisaient un remède efficace contre les maladies du foie.

Cet hepatica triloba figure d’ailleurs sur les armoiries de Trets depuis le XVIème siècle ainsi que sur tous les logos successifs de notre ville. On en trouve une belle représentation sur la cuve baptismale en marbre rose, classée, de l’église





LES COMMUNIONS SOLENNELLES


Elles avaient lieu au mois de Mai, et leur rite était soigneusement codifié.


 

LES COMMUNIONS SOLENNELLES
Avant d’atteindre l’âge de 12 ans, la plupart des enfants se préparaient à faire leur communion solennelle. C’était pour les uns, un acte de foi, pour les autres, un rite de passage vers l’âge adulte. Autrefois, après la communion les garçons pouvaient aller travailler à la mine !

Cette importante journée était aussi l’occasion, pour les garçons, de porter leur premier costume, orné pour le grand jour d’une belle croix et d’un brassard solennel.

Quant aux filles, la belle robe blanche, la couronne et le voile immaculé préfiguraient parfois pour elles, la parure des noces

Enfin c’est également à cette occasion que la plupart des enfants recevaient leur première montre, traditionnellement offerte par le parrain.

Pour se préparer à cette cérémonie, les enfants devaient avoir suivi au moins deux années de catéchisme.

La première, sous la bienveillante houlette de Thérèse BAUX, plus connue sous le nom de « Moisel », la deuxième sous la direction du curé MICHEL.

Il leur était en outre fortement conseillé de fréquenter assidûment le patronage, les jeudis et dimanches après-midi. Les garçons jouaient au foot pendant que les filles disputaient des parties de nain jaune ou de marelle. Souvent aussi, sous les frondaisons des platanes, des équipes mixtes s’affrontaient au jeu de croquet.

Le dimanche vers 15 h 30, tout ce petit monde partait en rangs serrés vers l’église, pour assister aux vêpres. Puis c’était le retour au « patro » où Moisel proposait la projection de films de Laurel, Hardy et Charlot qui émerveillaient les petits spectateurs.

Dans les jours qui suivaient la communion solennelle, Moisel emmenait ses « petits » - revêtus une deuxième et dernière fois de leurs costumes solennels – en pèlerinage à Notre Dame de la Garde, puis en excursion au Château d’If. Pour la plupart d’entre eux c’était le premier « voyage » à Marseille et la première « traversée » en bateau !


LA CLASSE

Quelques années plus tard, ces mêmes garçons devenus jeunes gens passaient une nouvelle étape de leur vie avec le Conseil de Révision. Celui-ci était une chose très sérieuse, mais les 8 jours qui précédaient l’étaient beaucoup moins… et un folklore bien particulier était mis en place…
 

LES CONSCRITS

« Sian de la classo, sian de la classo

s’en foutèn pas mau dÓu mestié… »

Vers la fin du mois de mai, une troupe de jeunes, aussi hétéroclite qu’éphémère, se formait pour quelques jours et chantait – ou plutôt criait – à l’envie cette litanie. Parfois, ils revêtaient un gibus, un foulard rouge et une cocarde

Les conscrits, les futurs soldats de la République, ces jeunes garçons de 18 ans, défilaient inlassablement dans les rues et sur les chemins de campagne, la démarche de plus en plus chancelante… A grands renforts de bruits, l’un soufflant dans un clairon ayant fait les deux dernières guerres, un autre tapant sur un tambour à la peau élimée, les autres chantant à tue tête, ils étaient en quête de victuailles afin d’assurer leur subsistance et de préparer le banquet de fin de campagne. Gare à ceux qui ne leur donnaient pas un lapin, une poule, 6 œufs ou une bouteille de vin…

Gare aussi aux jeunettes qu’ils croisaient et qui devaient accepter d’être embrassées dans le chahut. Certaines se terraient chez elles pendant huit jours pour les éviter ! A la nuit tombée – et dans l’impunité la plus totale – ils se livraient à des plaisanteries de plus en plus grossières : objets jetés sur la voie publique, dans une fontaine ou pendus aux arbres …


« Sian de la classo…sian de la classo… »

Le jour J et à l’heure H, ils étaient tout à coup moins fiers au moment de comparaître « à poil, les mains dans les poches » comme le demandait Jeannot le Garde, devant une brochette de militaires, toubibs, maires, encostumés, supervisés par un Préfet qui n’était pas aux champs… Lorsqu’ils ressortaient de la mairie, mesurés, pesés, auscultés, rhabillés, ils retrouvaient leur gouaille, paradant sur la place où ils ne manquaient pas d’acheter des décorations de tôle dorée affichant « bon pour les filles ». Affirmation qu’ils voulaient vérifier le soir-même en allant se faire déniaiser.


LES BOULES


Le jeu de boules est une des traditions les plus suivies, pratiquée tout au long de l’année et en tout lieux. Il se situe dans une sociabilité interne au village, dans une ambiance de familiarité. Pas une fête, sans concours de boules !

Petit, adulte ou âgé, en famille ou avec les clubs des Modestes ou des seniors, tout le monde a joué, joue ou jouera aux boules, … ne serait-ce par exemple, qu’un lundi de Pentecôte au cabanon…

Au fait, le cabanon, parlons-en !



LE CABANON

Ces petites constructions en flanc de colline vers les Blaques, sur les coteaux, à Grisole ou au milieu des vignes aux Seignières, servaient en général à ranger les outils. Mais ils devenaient, les beaux jours venus, des lieux de rencontres et de convivialité. Selon sa surface ou son degré de confort, le cabanon pouvait prendre le nom de bastidon, de campagne, voire de villa… Parfois, les propriétaires leur donnaient un petit nom affectueux : villa Désirée, cabanon du Bon Temps, bastidon de La Mi Fa Ré, noms prétextes à inaugurations bien arrosées, comme de bien entendu…
 

UNE JOURNEE AU CABANON
Autrefois, les lundis de Pâques, 1er mai, Pentecôte, ou simples dimanches… les bassaquets aimaient aller au cabanon. Entre parents, amis, ou voisins, pour se retrouver, loin du travail et des tracas, pour y rire, manger, et s’amuser.

Le jour des retrouvailles, l’arrivée successive de chaque convive était prétexte à rigolade, à plaisanterie. Chacun alimentait le garde- manger sous la treille, qui regorgeait toujours de victuailles. Les bonnes bouteilles rejoignaient leurs soeurettes, sagement serrées dans un seau baignant dans l’eau fraîche du « pous » (puits).

L’apéro commençait tôt et faisait arriver les retardataires. Pastis pour les messieurs et vin d’orange ou de noix maison pour les dames, réchauffaient l’atmosphère.

Parfois, on étalait simplement sur la toile cirée à carreaux rouges et blancs, ce que chacun avait apporté, sans chichi : saucisson, pâté, sardines, radis, cébettes, tartes et colombier… de quoi nourrir une escouade ! A d’autres occasions, le menu était programmé et, en fonction des saisons, on dégustait l’aïoli ou la bouillabaisse, des brochettes ou cousteleto (côtelettes), des pieds-paquets, l’adobo (daube) ou encore grives sur canapés…


Le repas était ponctué de galéjades, de rires et de chansons, accompagnés de bonnes rasades de vin rosé. A la fin des agapes, après les tartes aux pignons, les oreillettes ou les fruits du jardin, chacun sortait sa goutte maison : prunelle, liqueur de thym ou encore confiture de vieux garçon… et chacun se devait bien évidemment, par politesse, d’apprécier la goutte du voisin.

L’après-midi était réservée à la causette ou aux jeux de cartes pour les dames, et aux boules pour les messieurs. Il était assez fréquent qu’à la fraîche, la journée se termine après quelques pas de danses…

Tout le monde, après une journée animée mais délassante, était prêt à reprendre le travail avec, en vue, la prochaine partie de campagne !
 



Juin-Jun



LA PENTECÔTE

Cinquante jours après Pâques, les chrétiens commémorent le jour où l’Esprit Saint est descendu sur les apôtres.

A Trets, la Pentecôte a été longtemps l’objet d’une jolie fête champêtre : La Ramado :

Les villageois se rendaient en foule dans un pré appartenant à l’abbbaye de Saint Victor. Après l’avoir fauché, avec l’herbe coupée, les jeunes gens tressaient des guirlandes et colliers pour leur galante, ou pour celle qu’ils souhaitaient voir devenir leur bonne amie…

Un dîner champêtre suivait et avant de se séparer, on dansait le Ramadet.



LA SAINT JEAN

Déjà depuis les temps les plus reculés, on célèbre la venue de l’été, le solstice, en allumant de grands feux de joie.

Préparation du feu de Saint Jean,

Une semaine avant la fête, aussitôt sortis de l’école, les jeunes tretsois arpentaient les rues du village, avec un charreton à bras, chantant et quémandant « un paù de bos per sant Jan Baptisto ».

Tous les habitants, tous les commerçants, avaient préparé les uns, des gaveu, petits fagots, d’autres des vieilles caisses, d’autres encore deux ou trois jolies bûches qui allaient remplir le charreton. Les jeunes gens, fiers et contents, tiraient leur chargement vers le bûcher à enflammer joyeusement le 23 juin au soir.

Le feu s’est fait devant l’église jusqu’en 1880, puis devant le portail d’Amont jusqu’en 1990.

 

DES CANNETTES AUX LAMPIONS

Le 23 juin, dès 20 heures, les enfants faisaient le siège de la mairie, pendant que les musiciens de l’Union Musicale se positionnaient à l’angle du café…

Les petits tretsois attendaient patiemment que Jeannot le garde ouvre la porte et distribue ces flambeaux à l’huile qu’ils appelaient « cannettes ». La mèche était enflammée au moment du départ du défilé qui allait se diriger vers le bûcher.

Le drapeau de la confrérie de saint Eloi, puis les musiciens prenaient la tête du cortège mais, seuls, les clarinettistes, jouaient tout au long du trajet « l’Air de la Saint Jean ». Les jeunes gens menaient une farandole joyeuse et endiablée !

Si autrefois, le brasier était allumé par le curé, c’est depuis 1881, le maire qui l’enflamme ou délègue cette tâche à une personnalité qu’il souhaite honorer.

Une fois que le brasier flamboyait, et comme l’impose la tradition, les enfants effectuaient trois tours de cette fournaise - sur « l’air du feu de Saint Jean » interprété par tous les musiciens. Les jeunes s’apprêtaient à sauter par dessus le brasier sous les yeux admiratifs des jeunes filles pendant que les petits qui avaient eu la chance de « porter une cannette », revenaient à la mairie ramener cet ancêtre du lampion pour l’échanger contre une pièce de 50 francs de l’époque, remise par Jeannot le garde.

Ces piécettes jaunes n’allaient jamais bien loin : elles se transformaient illico presto là sur la place, en tours de manège ou de balançoires !

Depuis les années 80, les lampions multicolores distribués par centaines font la joie des jeunes bassaquets et vont nourrir joyeusement le brasier qui se tient maintenant sur le stade Marcel Burles.





Les herbes de la saint Jean

Autrefois, après le feu de joie, on partait cueillir les herbes guérisseuses de la saint Jean : verveine, lierre, millepertuis sauge, etc. On pensait que leurs vertus étaient à leur apogée si elles étaient cueillies lors de la nuit la plus courte de l’année.

C’est également pour la saint Jean que les vieilles familles tretsoises préparaient leur vin de noix pour l’année.

 





Les petits saint Jean
 

LES PETITS SAINT JEAN

Au matin de la nuit la plus courte de l’année, le curé Michel célébrait la grande messe en l’honneur du saint patron de la ville, dans une église bondée. Les « petits saint Jean », revêtus de peaux de mouton rehaussées de rubans rouges et leur Bon Pasteur habillé d’une tunique rouge, un agneau sur ses épaules, resplendissaient. Aujourd’hui encore, à la fin de la messe ils passent sous le buste de saint Jean avec leur croix de bois, pendant que les fidèles chantent « Sant Jean lou batejaïre ».

Ils étaient ensuite regroupés pour descendre vers la place de la mairie…

Là, depuis l’aube, le Café du Commerce connaissait une grande effervescence. On préparait les tables et on dépliait les chaises pour le concours de chants ou l’apéritif concert prévu vers midi, avec l’orchestre Eddy Tournel, Roger Gomez ou Gilbert Payan.

A 11 h 30, une longue table spéciale, était dressée, chargée de verres-momies et de bonbons. Vers 11 h 45, « ils » apparaissaient en haut de la rue du 1er mai. « Ils » c’étaient les petits saint Jean… Le gamin du Café du Commerce s’écriait « papa, ils sont là ! » et ce cri déclenchait aussitôt un service de sirops bien rouges ou bien verts que les petits venaient déguster. Ils s’approchaient timidement de la table sous l’œil attendri de Léopold Savournin, puis, plus tard, de Léon Baille.

Depuis 2005, c’est dans la salle d’honneur du château que les petits saint Jean sont reçus … et le coca a remplacé les sirops rouge et vert !


Juillet-Juliet

 

 



LA SAINT ELOI

Saint Eloi, patron des paysans, fermiers, charretiers, est fêté à Trets depuis des temps immémoriaux. Toutefois, la pièce d’archives la plus ancienne, connue à ce jour, remonte au 19 juin 1856 : le Préfet autorise « la bénédiction des chevaux, mulets, ânes, qui a lieu le jour de la saint Eloi ».

Depuis 1929, on célèbre conjointement Saint Christophe, protecteur des automobilistes.




-Les aubades

Autrefois les musiciens passaient dans les quartiers du village et dans toutes les fermes. Ils y jouaient l’envoûtant « Air des aubades ». et collectaient des dons pour assurer les animations de la fête profane. En échange, ils offraient un bouquet de fleurs en papier crépon aux couleurs de la Provence.



-La fête protocolaire

Le grand jour est arrivé, les tableaux vont se succéder dans un ordre qui n’a que peu changé au fil des ans.

Dès 9 h 30, les membres de la Confrérie, drapeau, bannière de Saint Christophe (chierpo), gaïardet de Saint Eloi en tête, musique à la suite, défileront jusqu’au monument aux morts, où une gerbe sera déposée. Ils seront ensuite accueillis par Monsieur le Maire, devant l’Hôtel de Ville, où un échange de discours aimables aura lieu.


Nous entendrons encore longtemps résonner dans nos souvenirs ces mots du Capoulié, Maurice Gautier, clamant : « Un païs senso tradicioun es oun païs en perdicioun ! » (Un pays sans traditions est un pays en perdition ! ).



-La fête religieuse

Ensuite, le cortège se reforme et se dirige vers l’église. La messe sera dite en provençal, dans un décor champêtre. La bannière et le gaïardet seront bénis, ainsi que les torques, petits pains en forme de couronnes non fermées, traditionnellement offerts à la sortie de l’office. Bien entendu, les cantiques à Saint Eloi et Saint Christophe sont repris en chœur par l’assemblée, avec grande conviction.

 

LA CAVALCADE DE SAINT ELOI



Jusqu’au début des années 1930, ce sont essentiellement les chevaux qui défilaient pour la cavalcade. Les paysans se faisaient un honneur de mettre sous la selle de leurs montures de belles couvertures piquées, d’une blancheur immaculée. Les jeunes filles montaient joyeusement derrière leur cavalier, ou prenaient place dans des charrettes fleuries.

A partir de 1929, les tretsois qui avaient acheté une voiture neuve dans l’année, la décoraient de guirlandes de fleurs et faisaient bénir leurs « chevaux-vapeur ». Ils plaçaient ainsi leur 202 Peugeot, leur Traction Avant Citroën ou leur Simca Arronde sous la protection de Saint Christophe.

Jusque dans les années 1950, une voiture découverte emmenait les toreros debout, dans leurs habits de lumière. Ils avaient fière allure, et les picadors chevauchant autour de l’auto, leur donnaient un air de noblesse. Acclamés par la foule, bénis par le prêtre, signés, ils allaient, après le corso, affronter les taureaux dans les arènes de la ferme des Minimes.

Une autorisation préfectorale en date du 25 août 1952 « confirme bien Trets comme commune organisant des courses de taureaux avec ou sans mise à mort ».

Aujourd’hui, le corso est plus fourni, plus fleuri d’année en année. Les associations locales tiennent à avoir leur char, rivalisant de beauté et d’ingéniosité.

- Les scènes villageoises et de vieux métiers sont toujours très applaudies ;

- Les représentations des monuments du village (la porte de Pourrières, la fontaine du cours ou l’oratoire de Sant Aloï), viennent toujours s’offrir deux tours de ville ;

- Le cabanoun, le lavadou (lavoir), le marché, s’accompagnent toujours de chants et donnent l’occasion d’envoyer aux spectateurs de petits bouquets de lavande ou d’épis de blé enrubannés de rouge et de jaune.


 


Le banquet et les enchères

Il n’y a pas de fête sans agapes. Après le corso, les membres des Confréries, les charretiers et leurs amis, se retrouvent pour le banquet espectaclous (spectacle) au cours duquel seront vendus à l’encan la bannière, la bride, le fouet… dans un joyeux estrambord, chaque enchère étant ponctuée de danses sur la scène.

Et comme de bien entendu, la fête se terminera par un grand aïoli espectaclous !


Notons que, en Novembre 2005, lors d’une cérémonie officielle organisée au château, des emblêmes de la Saint Eloi ont été offerts au musée arlaten par Roger Emiliani Capoulié de la Confrérie, par leurs propriétaires, André Alla, Gilles Boyer, et Gilbert Gautier. Ainsi, depuis cette date, nos traditions sont bien représentées au Muséé de la Provence.

Notons également que la Confrérie consigne précieusement son Histoire et ses Traditions dans son fameux « Cartabéù »

 

 

LES SOIREES A LA FRAÎCHE


Les flons flons du bal éteints, le calme revenu et entre deux fêtes, le soir, les Bassaquets se retrouvaient à la fraîche, par petits groupes.

PRENDRE LE FRAIS

Après des journées harassantes de travail, un peu partout à Trets les gens sortaient devant leur porte, pour prendre le frais. En fait, ils ne prenaient rien à personne, mais ils faisaient la causette, notament, rue Victor Hugo.

Sur la place de la Mairie, plusieurs groupes se formaient. Sur le banc près de la fontaine de Clastre, prenaient position Marie Feuillet, Mme Garnier, les Reboul. Bientôt les Reynaud, les Moutte, les Colli, arrivaient, chacun portant sa chaise. De l’autre côté, juste devant la Mairie, se rassemblaient les Magne, les Puccinelli..

Les enfants se regroupaient là : c’était bien éclairé par les lampadaires et ils jouaient « aux quatre coins », ou au jeu « des métiers » Pendant ce temps, les plus grands s’esquivaient avec les plus grandes pour jouer à cache-cache dans des coins où l’éclairage public était plus déficient... Certains d’entre eux, qui après avoir compté jusqu’à 10, s’étaient retrouvés dans un coin encore plus sombre, ne se sont plus jamais quittés…

La télévision a mis fin à cette convivialité, mais, des lieux de résistance ont subsisté longtemps, notamment au quartier des Moulins et dans la rue Victor Hugo où quelques bassaquettes aimaient encore se rassembler pour papoter avant d’aller se coucher...



LES FETES DE QUARTIERS

Dans de nombreux quartiers du village, des jeunes préparaient ce qu’ils appelaient pompeusement des fêtes, histoire de passer du bon temps après le travail, pour resserer les liens. Celles-ci n’étaient organisées qu’avec les moyens et les talents du quartier.

Parmi ces manifestations qu’on pourrait qualifier de « Fête des voisins » avant l’heure, celle de la place Garibaldi prit une certaine ampleur et se renouvela plusieurs années.

Témoignage de Loulou Giay :

Ce sera pour nous, une autre façon de rendre hommage à ce cher ami, qui fut membre des ADV, du 1er au dernier jour de l’Association !

LA FETE PLACE GARIBALDI VUE PAR LOULOU
En 1948, j’avais douze ans et avec quelques amis de la place nous avons voulu organiser une fête. Il y avait Jean-Claude Fournier, Pagnau, Georges Fermanian, les Rampin, les filles Merlatti et Willig.

On a monté une petite estrade sur deux « carriouns » (petits charretons), l’un de la mère de Jean-Claude et l’autre de Marthe Parpaï (Moutte). Pour décorer la remise on avait mis un peu de lierre et Jacqueline Maunier nous avait prêté des brides de la saint Eloi.

On était après la guerre et toutes les manifestations de joie étaient bonnes à prendre ! Et, ma foi, notre fête a plu aux voisins !

L’année d’après, Jeanne Locco et Mme Reynier, nous ont demandé : « Vous ne faites pas votre fête, comme l’an dernier ? ». Alors, on a recommencé ! Les voisins nous ont donné du sirop et plein de choses pour faire la buvette. On a mis quatre agglos et avec quelques planches on a monté une petite estrade. Cette fois, on occupait la moitié de la place. Gilbert Payan est venu donner quelques coups d’accordéon. Ca a attiré des gens des rues voisines et ça a bien marché !

Alors, en 1950, on a voulu faire encore plus grand. Tous les voisins s’y sont mis. Margot Locco et Grégoire, qui tenaient l’alimentation nous ont donné plein de choses, le père Jules du café du Commerce, a mis à notre disposition des tables et des chaises pliantes, et on s’est fait prêter une sono. On a organisé un bal, et après on a mangé l’aïoli !

Le clou, ce fut en 1952. On avait demandé l’autorisation au maire et la fête s’est étalée sur trois jours ! Le 1er jour, on a fait un grand concours de danses : valse, tango et polka ! Le lendemain, il y avait le bal avec Gilbert Payan, René Pratesi, Anado… et le 3ème jour, on a mangé l’aïoli !

Partie d’un jeu d’enfants, ce fut vraiment une fête sensationnelle ! Malheureusement, ce fut la dernière fois…


Août-Avoust


LA SAINT BARTHELEMY


La foire du 24 Août a été autorisée par un édit de François 1er, daté du 3 mars 1529. Elle était dédiée à saint Barthélémy, apôtre très vénéré à Trets.

Pendant de nombreuses années la foire s’est accompagnée d’importantes festivités, Grand Prix de Trets à vélos et bals animés par des orchestres réputés comme Georges Jouvin ou Jacques Hélian qui attiraient de très nombreux danseurs.

Il faut noter cette mention qui apparaissait sur les affiches de ces manifestations : « Bienvenue aux étrangers ». On entendait par « Etrangers », les jeunes gens de Peynier, Rousset, voire de Pourrières…

Malgré un changement de date en 1990 et quelques tentatives de relances et de diversifications, la foire et la fête ont aussi disparu du calendrier en 2014, à l’âge de presque 500 ans.



LE DELICE DE L’ETE : LA SOUPE AU PISTOU

En été, lorsque les légumes des jardins sont gorgés de soleil et que le basilic embaume les fenêtres, les provençaux dégustent la soupe au pistou.

Chaque famille a sa recette, mais un débat demeure : faut-il mettre dans ce plat savoureux, de la viande : petit salé ? jarret de porc … ? ou non ? Pour certains c’est une hérésie, pour d’autres, le moyen d’avoir un plat complet.

A vous de choisir !


Septembre-Setèmbre

LES VENDANGES


Les vendanges, étaient le couronnement d’un an de travaux : taille, ramassage des sarments, chaussages, déchaussages, binages… Jusque dans les années 1980, les récoltes ne se faisaient qu’à la main et ne commençaient jamais avant le 15 septembre.

C’était un travail difficile, mais qui se pratiquait toujours dans une ambiance chaleureuse et festive.

 


Novembre-Nouvèmbre


LA TOUSSAINT

La fête Toussaint fut instituée en 835 pour célébrer la fête de tous les saints. Depuis 1915, on ne peut parler d’elle sans évoquer la fête des morts qui ne se célèbre que le lendemain.

Toutes les familles se font un devoir de « faire la toilette des Morts » :nettoyer et fleurir les sépultures.



Croyances et superstitions :

Autrefois, les blanchisseuses tretsoises se gardaient bien de laver leur linge le jour de la Toussaint. On croyait que faire la bugado le 1er ou le 2 novembre portait malheur. Cela rappelait trop la lessive que l’on devait effectuer lorsqu’un malade mourait à la maison, comme c’était alors le cas le plus fréquent. La blanchisseuse qui travaillait exposait ses proches ou le propriétaire du linge à mourir dans l’année !



LA VEILLEE
A partir du mois de novembre, et jusqu’en février, les jours sont bien courts.
Autrefois, dès la tombée de la nuit, les paysans rejoignaient leurs bastides et on soupait tôt.
Et, après,en attendant l’invention de la télé, on s’occupait de façon conviviale…

LA VEILLEE

Peu après le souper, les voisins, les amis, arrivaient pour partager la soirée et faire la veillée devant le feu qui crépitait.
Les veillées s’improvisaient chaque soir, selon l’humeur, la disponibilité de chacun, les événements, le temps…
Elles débutaient dans la sérénité : les enfants jouaient sagement au coin de l’âtre pendant que la maîtresse de maison et ses filles prenaient leur ouvrage : tricot, couture, triage de légumes secs.

Les hommes brisaient le silence en racontant leur journée, puis, peu à peu, le ton changeait. Un participant se mettait à raconter une histoire mystérieuse appartenant au légendaire provençal, transmise de génération en génération. Le conteur ne ménageait pas ses effets pour faire frémir ou émerveiller la petite assemblée, pour la faire rire ou la tenir en haleine.

Parfois les esprits s’échauffaient et les histoires devenaient un peu coquines. Les gaudrioles faisaient rougir les dames qui se poussaient un peu plus dans la pénombre. Alors, le plus Ancien, calmait les « barjacaïres » : « Attention, il y a du linge blanc » ; cette expression désignait les enfants qui tendaient l’oreille…

Tout en écoutant, on pouvait déguster quelques biscuits-maison, ou grignoter des châtaignes grillées dans la sartan castagnero (poêle en fer trouée) qui était posée dans la cheminée, au-dessus d’un feu de sarments. On accompagnait ces plaisirs simples de vin de noix ou encore de vin chaud…

C’était avant la télévision…



LES BANQUETS ASSOCIATIFS


Novembre était aussi la meilleure période pour se retrouver entre bassaquets ayant les mêmes goûts et occupations.

La plupart des associations organisaient un banquet pour se retrouver, bien manger, boire, rire et chanter. Ainsi, les pompiers, la Confrérie de Saint Eloi, les chasseurs, le Cercle Jean Jaurès, les musiciens et les autres…

 



LA SAINTE CECILE

La musique faisait partie intégrante de la vie tretsoise, accompagnant parfois, les mauvais moments, comme les obsèques, toujours, les commémorations officielles et souvent, les moments festifs…
Cécile est la patronne des musiciens. Elle se fête le 22 Novembre. Du XIXème siècle au XXème siècle, les sociétés musicales l’honorèrent très régulièrement. L’occasion de donner un beau concert à la population, mais aussi de participer à quelques bonnes agapes.

Voici un texte de Charles Agnel qui fut musicien, Président de l’UMT et membre des ADV.

LA SAINTE CECILE VUE PAR CHARLES AGNEL

« Les musiciens avaient la réputation de fort bien fêter leur sainte patronne, une manière de resserrer les liens.

La fête commençait la veille, histoire de ne pas perdre de temps…

A 9 heures du soir, on faisait une retraite musicale à travers la ville, puis on mangeait la collation, c’est-à-dire des choux à la crème. Ensuite, on restait plusieurs heures à boire, rire et chanter.

Le dimanche, vers 10 heures, depuis le Café des Sports, siège de l’association, on défilait jusqu’au kiosque à musique où on donnait un concert.

En cette saison, nous avions vite les pieds glacés, mais l’enthousiasme de la population stimulait le zèle des musiciens.

L’apéritif qui suivait achevait de nous réchauffer avant de commencer le banquet dont les langoustes à l’armoricaine étaient les invitées favorites. Le moment du dessert venu, chacun chantait la sienne… et on finissait la journée par un baletti.

Le lendemain : aïoli ! A partir de 11 heures, on faisait le tour des autorités, le maire, le conseiller général, … et chaque fois on était obligé de boire un coup… sinon, ils se seraient vexés ! Ensuite donc, on revenait au siège pour manger l’aïet qu’on arrosait bien, jusqu’au soir.

A la fin, certains rentraient chez eux à pied, d’autres partaient tard… car ils ne pouvaient pas partir plus tôt… »…


GUY VAN OOST
AU CHATEAU DES REMPARTS
LE 25 MARS 2023