«DE LA MINE DE CHARBON A LA MINE DES MOTS»

Causerie réalisée par GUY VAN OOST et les amis du village, le 7 mai 2022

 

1 INTRODUCTION
2 LES PREMIERES BIBLIOTHEQUES PUBLIQUES
3 LE CARREAU DE LA MINE
4 LA FERMETURE DE LA MINE
5 UNE RENAISSANCE
6 L’INAUGURATION
7 Les écrivains de Provence
8 DES ACTIVITES NOMBREUSES
9 VERS LA MEDIATHEQUE
10 LE PREMIER CONCOURS DE NOUVELLES
11 LA MINE DE MOTS
12 L’AGRANDISSEMENT
13 ET AUJOURD’HUI

 

  REPRODUCTION INTERDITE

 

1 INTRODUCTION

Tout d’abord je tiens à remercier pour sa confiance, Monsieur le Maire qui, depuis son élection, souhaitait cette soirée et au-delà, une renaissance des Amis du Village et le retour des « Memori E Raconte ».

Merci aux ADV rescapés, et à ceux qui ont pu se mobiliser pour cette manifestation et merci aux employés municipaux – et particulièrement à l’équipe de Nathalie et de la Médiathèque – qui ont tout mis en œuvre pour bien nous accueillir.

Je tiens à rappeler que nous ne sommes pas des professionnels du spectacle. Nous sommes là parce que nous aimons Trets, notre ville, son histoire, ceux qui l’ont faite et que nous avons toujours voulu être simplement, des « Passeurs de Mémoire ».

A cause de ce COVID 19, voici en 2022, les 30 ans plus 2 de la bibliothèque, et nous allons vous raconter son histoire :

Le 20 octobre 1990 nous inaugurions la bibliothèque et nous sommes très heureux de nous retrouver ici même, pour évoquer le passé minier de ce bâtiment. En effet, il a vu passer des gens qui travaillaient dur dans les entrailles de la terre puis bien plus tard des tretsois avides de lectures et de culture.

 

2 LES PREMIERES BIBLIOTHEQUES PUBLIQUES

Alors que le Cercle du Réveil Social possédait déjà une bibliothèque réservée à ses adhérents, il semblerait que les premières bibliothèques publiques aient été ouvertes à Trets, après la promulgation des lois sur l’Instruction Laïque.

Le 13 mai 1882, le Maire Marius REMUSAT expose : « Le Conseil donne la priorité à la question de l’instruction populaire et veut inscrire au budget une somme de 150 francs pour la création de bibliothèques. Il souhaite aussi leur donner un grand essor et pousser la population dans la voie du progrès qui ne s’acquiert que par la lecture et l’instruction ».

-      Une bibliothèque sera ouverte dans les deux écoles publiques d’alors ;

-      une autre, réservée aux adultes fonctionnera dans un local de l’Hôtel de Ville.

En 1947, le partenariat avec la bibliothèque départementale de prêt, les dons et subventions ont permis à la bibliothèque populaire de Trets de proposer à ses adhérents quelques 300 ouvrages renouvelés partiellement et régulièrement lors des passages du bibliobus.

 

 

3 LE CARREAU DE LA MINE

Depuis le 1er janvier 1809, les mines de Trets creusées sur les pentes de nos collines ont été regroupées en une concession par décret napoléonien

A partir de la fin des années 1870, le creusement de la galerie Saint Jean aboutissant à 50mètres d’ici devait conduire les mineurs dans des wagonnets tractés par des chevaux, vers les chantiers de taille situés sous le Régagnas et permettre de ramener le charbon.

Le site se développe alors et de nombreuses infrastructures sont créées entre la galerie Saint Jean et la voie ferrée en cours de construction : triage, criblage, pesage, écurie, forge, usine électrique, cheminées, bureaux…

Le nombre de mineurs va croître rapidement malgré les difficultés immenses du métier. La plupart sont des paysans qui tout en allant travailler à la mine ont conservé quelques lopins de terre qu’ils exploitent à la faveur des postes de jour ou de nuit.

Ils forment cette catégorie particulière des mineurs-paysans. Cette situation leur permettait de vivre correctement et il n’y eut guère de conflits à Trets… jusqu’en 1877.

Cette année-là, le Maréchal Mac Mahon a dissous l’Assemblée à majorité républicaine et souhaite une majorité monarchiste… Tout est mis en œuvre pour faire battre le candidat sortant, le républicain, Edouard Lockroy.

La Compagnie, elle, considère que les mineurs qu’« elle fait vivre » doivent voter docilement pour le candidat monarchiste et veut empêcher les électeurs de s’exprimer librement. Les mineurs républicains furent victimes d’un véritable coup de force…

Et on doit à cet évènement un très beau texte en Provençal ancien d’un de nos premiers poètes bassaquets connus : Aristobule Baux.

Je dois vous rappeler que jusqu’en 1913, dans les bureaux de vote, il n’y avait pas d’isoloir, pas d’enveloppes et que le « secret » se limitait à plier son bulletin…

Ecoutons Jacques qui nous présente ce poète et lit une traduction de ce texte :


TEXTE 1                ARISTOBULE BAUX

Lecteur de la présentation : JACQUES GOY

BAUX Aristobule est né en 1849 à Trets.

Il était ouvrier agricole et se louait avec son mulet pour effectuer des travaux de labourage. Trésorier du Cercle Sainte Barbe, il n’hésitait pas à écrire ses poèmes dans le livre de comptes du Cercle. Dans le Cercle étaient exposés les portraits de Santo Barbo, Sant Jan Baptisto, Sant Aloï mais aussi de personnalités républicaines, et en bonne place trônait le buste de la République ! Sa foi catholique et son attachement à la République étaient très emmêlés. Sa devise était :

« En prégant Diou Que régn nouestro Mèro ! (… Que règne la République ! »)

Ce poète tretsois apparaît dans son œuvre comme pittoresque, sincère et spirituel. Ses concitoyens l’avaient surnommé « le philosophe ». Il signait volontiers BAOU Aristobulo, paysan, poète et citoyen.

Parmi ses œuvres qui ont franchi le temps, on trouve :

-      « Lou vallat d’Encory », chanson légère sur le thème des rencontres amoureuses dans un vallon du pays ;

-      Mais surtout « La chaïnado, doou 14 ooutobré 1877 », poème politique dénonçant les pressions effectuées sur les mineurs par les dirigeants de la mine.

Voici maintenant, ce poème traduit du vieux Provençal :

TEXTE 2       LA CHAINEE DU 14 OCTOBRE 1877 / Lecteur du poème : JACQUES GOY

Au plus on vit, plus on en voit
Mais comme le quatorze octobre… !!!
On a vécu dans notre endroit
Un bienfait des amis de l’Ordre !
Très longtemps on reparlera
De cette fameuse journée !
Et de père en fils on dira :
« A Trets, ils ont fait la chaînée ! »
Pendant huit jours, après souper,
Pour ôter une idée pareille
Nous leur disions : « Jamais vous ne trahirez ! »
Et puis eux, leur ont dit la veille :
« Vers les dix heures du matin,
Telle une famille assemblée
Nous vous donnerons un bulletin,
Et vous marcherez en chaînée ! »
Bien que n’étant que des malheureux
Certains eurent l’audace de dire :
« Nous devons nous montrer courageux ! »
Puis, en troupe serrée ils partirent,
Soixante et quinze seulement ils furent.
Dans le peuple la chamade tonnait,
Car c’était voir chose trop dure
Que ces ouvriers en chaînée !


Les larmes vraiment jaillissaient
De voir ces pères de famille,
On ne pouvait les comparer
Qu’aux martyrs de la Bastille.
Pour eux, ce fut un coup fatal
De trahir la liberté sacrée.
Certains furent frappés par le mal
Pour avoir suivi la chaînée !
Bas peuple, comment es-tu traité ?
Leur volonté est la plus forte !
Pour avoir défendu la liberté
Les trois quarts furent mis à la porte…
Mais gardons confiance en l’avenir,
Si un jour la justice renaît
Elle aura devoir de punir
Les auteurs de cette chaînée !

Aristobule BAUX

Poète, paysan et citoyen

Le 28 Octobre 1877

 

4 LA FERMETURE DE LA MINE

Le 12 novembre 1934, alors que les mineurs s’apprêtent à fêter la Sainte Barbe, l’activité de la mine est suspendue pour 20 ans et l’exploitation cessera le 31 décembre. La cheminée sera abattue,

…les infrastructures métalliques sont démontées afin d’être transportées vers d’autres sites et les bâtiments seront loués.

Le Carreau de la Mine devient un grand terrain vague entouré de murs, surnommé le « Terras ». Pendant près de 40 ans il restera à l’abandon.

 

5 UNE RENAISSANCE

Le 5 décembre 1973, la ville de Trets achète aux Houillères de Provence l’ensemble des terrains et bâtiments. Elle va aménager l’espace pour y transférer la Poste, la Gendarmerie, faire édifier des logements et vendre des lots pour y installer une dizaine d’ateliers. (Garage ICARDI-Fiat, Garage ROSSO, Meubles Massimelli, Autocars Burle, Omnium Matériaux…)

Dans un premier temps, l’ancienne forge deviendra le garage municipal.

Le 28 avril 1984, la bibliothèque centenaire va connaître un nouvel essor… La municipalité Jean Féraud décide de la transférer dans les anciens bureaux de la mine, au 1er étage. Celle-ci est placée sous la responsabilité d’Aline Lamoulie, aidée de bénévoles comme Edith BOURGEOIS et Josette MARIANI, elle s’avèrera vite trop exigüe et l’idée de reconvertir l’ancienne forge apparaît comme une évidence…

Le projet de la nouvelle bibliothèque est confié à l’architecte tretsois Dominique CERF et le maire Jean FERAUD le fait adopter par délibération du Conseil municipal, le 26 novembre 1986.

Mais il faudra attendre presque quatre ans pour qu’il soit enfin réalisé… Aux élections municipales de 1989, Loïc FAUCHON succède à Jean FERAUD et il appartiendra à son équipe de poursuivre les travaux…

Le résultat en vaut la peine car c’est un exemple parfait de réhabilitation historico-industrielle. Les espaces extérieurs ont été également traités avec goût et vont devenir « Les Jardins de la Mine ».

Dès l’ouverture du nouveau site, la ville et les bibliothécaires lancent de grandes campagnes d’information pour élargir le public des lecteurs, pour travailler avec les écoles, sensibiliser et donner le goût de la lecture. Pour ce faire, la bibliothèque est gratuite et le restera longtemps.

Parallèlement une commission se met en place pour organiser une inauguration qui devra associer la population, les écoles, d’anciens mineurs et marquer la mémoire des tretsois. De nombreux auteurs seront invités parmi lesquels Pierre MAGNAN qui explique dans « La Naine » comment il est devenu un lecteur avide et l’importance des fontaines en Provence…

Ecoutez Annie qui vous présente cet auteur et lit un court extrait de « La Naine ».

TEXTE 3              PIERRE MAGNAN

Lectrice de la présentation : Annie DURBESSON

Né à Manosque en 1922, Pierre MAGNAN sera typographe jusqu’en 1942 quand, réfractaire au STO, il rejoindra le maquis de l’Isère.

En 1946 il publie son premier livre « L’aube insolite »

En 1977, Pierre MAGNAN s’oriente vers le roman policier « de terroir ». Humour, mystère, poésie et truculence caractériseront ses romans aux couleurs de la haute Provence.

« Le sang des Atrides » recevra le prix du Quai des Orfèvres en 1978.

 

Il écrit alors son ouvrage le plus connu : « La maison assassinée » en 1984. Ce roman sera porté à l’écran par Georges LAUTNER avec entr’autres interprètes, Patrick BRUEL.

Le personnage principal et récurent de Pierre MAGNAN, Modeste LAVIOLETTE, est commissaire de police dans les Alpes de Haute Provence.

De nombreuses aventures du commissaire ont été adaptées pour la télévision avec dans le rôle du commissaire LAVIOLETTE :

-      Julien GUIOMAR

-      puis Victor LANOUX entre 2006 et 2016

Pierre Magnan est également l’auteur de 2 textes autobiographiques :

-      L’amant du poivre d’âne et

-      La naine dont voici un extrait 

 

TEXTE 4                                  LA NAINE

Extrait

Page 148 « Nous avions chaque été… / … Page 150 « … tuer 3 ou 4 personnes par an. »

LECTRICE : ANNIE DURBESSON

 

6 L’INAUGURATION

Le 20 octobre 1990 c’est une journée riche et dense qui s’annonce. Elle sera familiale, culturelle, festive, mémorielle et oeucuménique.

Auparavant, en date du 27 janvier le Conseil Municipal avait décidé de renommer l’ancien carreau de la mine ou place Saint Jean : « Les Jardins de la Mine ». Et le « baptême » eut lieu en préambule de cette journée. Symboliquement ce sont trois élus mineurs ou anciens mineurs qui dévoilèrent la plaque :

Roger TASSY, alors Premier Adjoint / Charles MILESI Et Daniel IPERT. (Photo de gauche)

La motivation de la Municipalité était de perpétuer dans la mémoire collective, le souvenir de cette industrie minière qui a rythmé la vie et l’histoire des tretsois pendant près de deux siècles.

Au collège : à 10 h 00, Edmonde CHARLES-ROUX, Présidente de l’Académie Goncourt arrive au collège Les Hauts de l’Arc. Elle est accueillie par l’Administration et les élèves qui ont préparé une belle exposition sur « La forêt et le livre ». Celle-ci a été réalisée après l’incendie qui, en 1989, a défiguré la Sainte Victoire. Or, Mme CHARLES-ROUX, possédait une maison sur les contreforts de la montagne noircie… elle se dira impressionnée et instaurera un bel échange avec des élèves conquis.

Le rassemblement : à 11 h 00, toutes les écoles se retrouvent devant le Casino Cinéma. Chaque enfant a reçu un ballon marqué « Bibliothèque de Trets » et le cortège bigarré et joyeux se forme derrière une Pena très entraînante, pour défiler jusqu’à la bibliothèque.

Là, Edmonde CHARLES-ROUX, entourée de Loïc FAUCHON, Maire en exercice, de son prédécesseur Jean FERAUD et d’André SAMAT, Conseiller Général, coupera le ruban tricolore, à l’instant même où 1200 ballons prennent leur envol, donnant le signal aux musiciens de l’Union Musicale Tretsoise d’interpréter une vibrante Marseillaise, sous la direction de Gilbert PAYAN.

Ensuite, Officiels et Invités pénètreront dans le bâtiment où ils sont attendus par Maurice SICCARDI, ancien mineur, en habit de circonstance et la petite Marie GUIONY en habit traditionnel de Provence, pour visiter la première exposition dédiée à la mine, dans la salle du haut. Maurice est intarissable et de nombreux tretsois d’adoption découvrent le passé minier de notre ville. (Photo ci dessus à droite)

 

La matinée se poursuivra avec la visite commentée de la bibliothèque sous la conduite d’Aline LAMOULIE, enfin responsable d’une « vraie bibliothèque ».

Les discours ne seront pas très longs… l’apéritif attend…

Loïc FAUCHON montrera à son prédécesseur qu’il porte une cravate siglée « Féraud » avant de lui remettre un coffret de produits « Fauchon » et se félicitera de cette réalisation, conçue par son prédécesseur et menée à bien par la nouvelle équipe.

Mme Edmonde CHARLES-ROUX conclura et affirmera avec des mots simples et justes : « On a sauvé un bâtiment où nos Anciens ont peiné, travaillé et gagné leur vie comme on ne le fera plus jamais. C’est au nom de la langue française et du métier d’écrivain que j’exerce que je veux remercier ceux qui ont travaillé pour ça ! »

Mais, qui était Edmonde CHARLES-ROUX ?

C’est Elyane qui nous la présente et lit un extrait de : « Oublier Palerme » :

TEXTE 5           EDMONDE CHARLES-ROUX

Lectrice de la présentation : ELYANE GOY

Edmonde CHARLES-ROUX, née en 1920 et décédée en 2016 à Marseille, était une journaliste et une femme de lettres.

Une femme dans la guerre

Edmonde CHARLES-ROUX est, au cours de la seconde guerre mondiale, infirmière ambulancière volontaire. Après le débarquement de Provence d’août 1944, elle entre au Cabinet du Général de LATTRE et elle sera faite Chevalier de la Légion d’Honneur en 1945.

La journaliste

En 1946, après avoir retrouvé la vie civile, Edmonde CHARLES-ROUX participe à la création de l’hebdomadaire féminin « Elle ». En 1954 elle est promue Rédactrice en Chef du magazine Vogue.

La femme de lettres

En 1966, Edmonde CHARLES-ROUX signe « Oublier Palerme » et se voit décerner le Prix Goncourt.  La même année elle rencontre le Maire de Marseille, Gaston DEFFERRE et deviendra son épouse en 1973.  Edmonde CHARLES-ROUX connaîtra par la suite une carrière littéraire marquée notamment par son roman « Elle Adrienne », paru en 1971. Membre de l’Académie Goncourt de 1983 à 2016, elle en fut la Présidente de 2002 à 2014.  C’est ce grand personnage, cette femme insoumise, libre, indocile, aux aspirations libertaires que nous avons eu l’honneur de recevoir à Trets où elle était invitée à l’inauguration de notre Bibliothèque.

 

TEXTE 6                         OUBLIER PALERME

EXTRAIT

Page 191 « Le jour de Noël...

Page192   …. Elle ne comprenait pas »

Lectrice : ELYANE GOY

 

7 Les écrivains de Provence

L’après-midi, dans la salle de réunions de la bibliothèque, le public est invité à une première rencontre avec des Ecrivains de Provence. Très nombreux seront les tretsois qui viendront faire dédicacer leurs ouvrages par les auteurs présents autour de la Présidente de l’Académie Goncourt : Fabienne BARRE, Patrick CAUVIN, Nicole CIRAVEGNA, Alexis LUCCHESI, Pierre MAGNAN et Raymond JEAN. Lors de l’apéritif de clôture, Fernand RICHARD retiendra l’attention en déclamant son dernier poème, écrit en l’honneur de l’académicienne et de la bibliothèque dont il deviendra l’un des plus fidèles lecteurs.

Ecoutons Albert qui nous présente Fernand :

 

TEXTE 7                FERNAND RICHARD

Lecteur de la présentation : ALBERT GASTAUD

Fernand Richard est né le 19 avril 1907.  Il a appris à lire, écrire et compter à Victor Hugo.

Il y obtint son certificat d’études en 1919, ce qui lui donnera l’occasion de composer son premier poème en l’honneur du Directeur de l’école.  « Mon grand-père, était déjà poète. J’ai appris le provençal avant le français. Les racines grecques et latines de ma langue maternelle m’ont bien aidé à apprendre le français ».

Pour les tretsois, Fernand Richard était une entité de trois personnalités :

Le paysan : son vrai métier était le travail ingrat de la terre.

Le citoyen : de tout temps il a été un militant de la paix, un républicain convaincu.

En 1951, il participe à la renaissance de la foire agricole de Trets, il en présidera le Comité sans interruption jusqu’en 1980. Jusqu’à la fin de ses jours il participa à la vie de plusieurs associations et fréquenta assidûment la médiathèque où il dévorait livres d’histoire ou de littérature.

Le poète : Son œuvre est rédigée indifféremment en provençal – « ma langue maternelle » - ou en français. Elle brosse des fresques historiques de la Haute Vallée de l’Arc, embrasse des thèmes agraires, aborde des sujets socio-politiques ou traite plus simplement des événements de la vie communale. Mais ce que Fernand chantait le mieux, en prose ou en vers, en français ou en provençal, ce sont les produits du terroir : l’ail et l’olive, le melon et le vin :

« Entre le vin et l’eau polluée,

Amis, buvez du vin contrôlé ! »

Voici maintenant le poème écrit à l’occasion de l’inauguration de la bibliothèque :


TEXTE 8       BIENVENUE A LA BIBLIOTHEQUE

Lectrice du poème : MARIE THE MINIOTTI
Je me fais un devoir en cette circonstance
De saluer ici tout ce monde en présence
Où en particulier s’est venue joindre à nous
Une invitée de marque : Edmonde Charles Roux
Excellent écrivain, d’un talent qui l’honore
Qu’un fidèle public apprécie plus encore ;
Ainsi sont parmi nous de très nombreux Tretsois
Trouvant dans ses écrits lectures de leur choix.
Avec ça, je me dois, au sein de notre ville
Rendre un fidèle hommage à nos nombreux édiles
Qui ont su prendre à cœur de joindre leurs efforts
Dans un même souci et d’un commun accord.
En dotant ce pays d’une bibliothèque
Loin des flonflons du jour ou autre discothèque
C’est d’heures de loisirs qui bon nombre de fois
Servent de libre échange à livres de leur choix.
L’utilité de cette œuvre n’est plus à faire.
Tant pour son objet même qu’en son but littéraire,
Souvent sont des moments où l’on se trouve enclin,
A fouiller les secrets de nos vieux parchemins.
Cette fureur de lire, ce goût de la lecture :
C’est tout cela le fort de la littérature.
Et c’est dans ce milieu que germe le levain
Qui doit former plus tard l’élite de demain !

Trets, ce 20 octobre 1990

FERNAND RICHARD

 

8 DES ACTIVITES NOMBREUSES

Dès son ouverture la bibliothèque multiplie ses lecteurs et ses activités avec

-      « L’Ecole à la Bibliothèque » : qui fait bénéficier toutes les écoles d’heures hebdomadaires d’accueil particulières

-      « L’Heure du Conte » : c’est le mercredi avec des jeunes enfants attentifs, autour d’un conteur ou d’une conteuse ;

-      Les manifestations nationales seront suivies avec des évènements comme :

. Le temps des livres, ou encore

. La fureur de lire…

-      Des concours de jeux de lettres et scrabble duplicate seront organisés avec l’expertise de Roselyne et Robert MARGUET.

-      Des auteurs de BD seront invités à animer des ateliers, par exemple BEHEM avec ses héros MEKALY ou Gaspard DE BESSE

-      Des auteurs tout public seront accueillis pour présenter leurs ouvrages comme par exemple Nicole CIRAVEGNA, bien connue de tous les jeunes écoliers.

Mais qui était Nicole CIRAVEGNA ?

Ecoutons Yvette qui nous la présente et nous lit un extrait des « Enfants du Globe ».

TEXTE 9              NICOLE CIRAVEGNA

Lectrice de la présentation : YVETTE BALLATORE

Nicole Ciravegna, originaire du Piémont aimait se présenter ainsi : « Je suis née à Nice en 1925 d’une jolie maman et d’un papa très rigolo » Plus tard, la famille s’installe à Aubagne. En 1945, elle est reçue au concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure, d’où elle sortira agrégée de Lettres Modernes.

Elle enseignera jusqu’à la fin de sa carrière au Lycée Michelet à Marseille. Elle aimait se définir aussi comme « un pur produit de la République ».

Publications

En 1962, Nicole Ciravegna publie son premier roman pour la jeunesse : Le sentier sous les herbes.

De 1962 à 2006, elle publie 35 ouvrages, écrits en grande partie pour la jeunesse. Ses romans décrivent surtout l’histoire de sa ville et de cette Provence qui est pour elle une source d’inspiration intarissable. Ses personnages sont chaleureux, authentiques et incarnent les valeurs d’amitié et de tolérance. Sa série des « Chichois » est très prisée des enfants et est exploitée dans de nombreuses classes. Ce qui vaut à Nicole d’être souvent invitée dans des collèges, comme ce fut le cas au Collège de Trets.

Par ailleurs, Nicole Ciravegna est venue deux fois honorer notre « Journée des Ecrivains de Provence » et écrire de sympathiques dédicaces. Elle aussi était présente lors de l’inauguration de la bibliothèque.

 

TEXTE 10   « CHICHOIS ET LES COPAINS DU GLOBE»

EXTRAIT

De la page 56 : « il a raison Varoujane, l’accent c’est comme… » jusqu’au bas de la page 58 : « …et, entre nous, c’est bien joli ! ».

Lectrice : YVETTE BALLATORE

C’est également dans la salle de réunions que se tiennent désormais les séances du Conseil Municipal, que sera signée la première charte d’un jumelage bien éphémère, avec la ville italienne de Colonnella… Après un mariage très brillant, ce jumelage n’est pas allé plus loin…

Et là également que seront organisés :

-      Des spectacles pour enfants

-      Des soirées cabaret pour les adultes,

-      Des conférences…

C’est encore dans cette salle que se fera la gestation de « Regards sur Trets » avec la participation d’une trentaine de personnes ayant « fait » l’histoire du village, en perpétuant les traditions et la vie associative.

Cette lente gestation sera heureusement entrecoupée de moments de convivialité et d’échanges toujours plus élargis autour de nos « Sages » :

-      Fernand RICHARD, déjà évoqué et toujours présent,

-      Maurice GAUTIER, Président historique de la Confrérie de Saint Eloi,

-      Léon BAILLE, Président des Amis de Saint Jean du Puy,

-      Charles AGNEL, Président de l’Union Musicale Tretsoise.

-      … et bien d’autres.

Ce sont les premières soirées « Palabres de Bassaquets » qui deviendront rapidement « Memori e Raconte » pour presque trente années !

Ainsi l’ouvrage deviendra bien le livre des Tretsois. Il paraîtra à l’automne 1991, plus précisément le 23 Novembre. Le jour du lancement ce sont près de1000 livres dont 300 numérotés qui sont remis aux souscripteurs.

C’est l’opportunité pour ceux qui viennent chercher leurs ouvrages d’admirer une très belle exposition sur « Les Fontaines et Lavoirs de Trets »…

L’occasion d’évoquer un autre Sage disparu : Antoine RICHARD et ses « Bassaquejado ».

C’est Denise qui présente Antoni Richard, grand érudit bassaquet :

 

TEXTE 11                    ANTONI RICHARD

Lectrice de la présentation : DENISE GUIONY

Antoine RICHARD est né paysan et a toujours revendiqué ses origines. Il aimait se présenter ainsi :

« Je suis, et j’en suis fier, de la race de ces agriculteurs de montagne : bûcheron autant que paysan, défricheur et bâtisseur de restanques ».

Par sa tolérance, sa distinction naturelle, il forçait l’admiration et son rayonnement intellectuel dépassait largement l’horizon de la Haute Vallée de l’Arc.

Antoine RICHARD employa sa force de caractère à parfaire sans cesse son érudition et sa connaissance de l’histoire de la Provence et de notre village. Connaissances qu’il aimait partager avec toutes sortes de publics.

Avec un noyau de fervents amateurs d’archéologie, il a fondé en 1971, la S.E.R.H.V.A, avec cœur, conviction et joie d’avoir pu regrouper des habitants de la dizaine de villages de la Haute Vallée de l’Arc.

Il se qualifiera alors « de chercheur vaguement archéologue »

Il était naturellement un provençaliste au meilleur sens du terme et avait une profonde connaissance de la langue de son terroir.

Il s’amusait aussi à écrire des contes mêlant histoire et humour, pleins de drôleries et de malice, qu’il avait regroupés sous le titre de « Bassaquejado ».

Et ce sont Messieurs Jacques BLANC et Alain GUIONY qui nous donnent lecture, en provençal, d’un texte savoureux d’Antoine RICHARD…traduit en simultané.

 

TEXTE 12            A LA FONT DE TRES

2 Lecteurs en alternance : en Français et Provençal   :

JACQUES BLANC – ALAIN GUIONY

A la font de Tres, raiavo pas que d’aigo !

De l’aubeto au calabrun, bassaquet e bassaqueto anavon e vènien, trafegan à seis affaire ; lou carbounié, avans de s’encafourna dins lou trau negras de la mino, venié empli sa gerlo d’aigo fresco ; la meinagiero venié torse e bacela leis estrasso de l’oustaou ; Nanoun, avans de bandi soun troupelas de cabreto dins lou campèstre lei fasié abéura à la survesso de la conco, lou pico-mouto que partié, soun bichard sus l’espalo, garnissié soun flasquet  e s’amouravo au sourgènt, uno filho poulido s’amusavo à gafouia sei maneto sousto lou rajau linde en esperant que lou calignaire vènguesse counta floureto. E, à la lesto, s’entendié de resoun : « Digo, Leleto, estou sero, l’espéri sus lou camin de Vauveno, e me fagues pas trop langui ! ».

A la fontaine de Trets il n’y coulait pas que de l’eau !

De l’aube naissante au crépuscule, Bassaquets et Bassaquettes allaient et venaient, vaquant à leurs occupations : le mineur, avant de s’enfoncer dans le trou noirâtre de la mine, y venait remplir sa jarre d’eau fraîche ; la ménagère y venait tordre et battre les chiffons de la maison ; Nanon, avant de lâcher son gros troupeau de chevrettes dans les champs, les faisait boire à la surverse de la conque ; le paysan qui partait, son béchard à l’épaule, garnissait sa petite flasque et se désaltérait amoureusement à la source ; une jolie fille s’amusait à agiter ses petites mains sous le jet limpide en attendant que l’amoureux lui vint conter fleurette. Et, lestement, on entendait des propos : « Dis, Leleto, ce soir je t’attends sur le chemin du Vau-veno, et ne me fais pas trop languir ! ».

Moussu lou curat, emai que lou bon Diéu i’aguesse manda proun de paciènci pèr pastreja un troupèu tant fouligaudejant, n’en èro piéi sadou d’ausi à soun counfessiounau lou recite proun aboundous de sei pecadouiro pèr coupa court, avié liçouna toutei lei parouquiano tresenco « Vé, avès pas de besoun de me counta dou fieu à l’aguio coumo aco s’es debana ; sabe proun toutei lei camin que lou Cifer trèvo pèr vous faire cabusa dins lou pecat e ai gaire de lesi pèr escouta vostei couiounarié ; avès que dire à counfesso : sièu anado à la font e ai resquiha ! sauprai proun de que viro e vous mandara à penitènci ! ».

Monsieur le Curé, quoique le bon Dieu lui eût envoyé force patience pour mener comme un berger un troupeau aussi folâtre, était suffisamment repu d’entendre à son confessionnal le récit fort copieux de ses pécheresses. Pour abréger, il avait fait la leçon à toutes les paroissiennes tretsoises : « Voyez, vous n’avez pas besoin de me raconter de fil en aiguille comme cela s’est déroulé, je connais assez tous les chemins que le Diable fréquente pour vous faire chuter dans le péché et je n’ai guère le temps d’écouter vos sornettes : vous n’avez qu’à dire à la confession : je suis allée à la fontaine et j’ai glissé ! je saurai suffisamment de quoi il retourne et je vous enverrai faire pénitence ! ».

 

Un jour, galejaire, aquestou vengué coum’aco : « Digas, moussu lou curat, me parèis que vostei parouquiano an bèn souvent la vertu en desrouto, e n’en devès àusi de bello dins voueste counfessiounau. Ah ! me faguès rèn dire, moussu lou conse, n’en ai pèr dessus leis espalo e me fan pièi rebouï lei vermichelli. Sabe qu’es moun devé de eleis ajuda à se derraba dei grifo dou pecat, mai tambèn la sauço èro trop aboundouso e ai coupa de court ! » E counté l’istori de la font ounte se resquihavo. Lou maire s’estrassavo dou rire.

Un jour, en plaisantant, le Maire lui dit ainsi : « Dites, Monsieur le Curé, il me semble que vos paroissiennes ont bien souvent la vertu en déroute, et vous devez en entendre de belles dans votre confessionnal ! – Ah ! ne me faites rien dire, Monsieur le Maire, j’en ai par-dessus la tête, et puis elles me font bouillir les tripes. Je reconnais qu’il est de mon devoir de les aider à s’arracher des griffes du péché, mais cependant la sauce était trop copieuse et j’ai coupé court ». Et il lui raconta l’histoire de la fontaine où l’on glissait. Le Maire se tenait les côtes de rire.

Gaire de tèms après, noueste capelan sieguè cambia de parroqui e vengué en remplaçamen lou curat de Pue-Loubié, un jouine capelanet qu’agradé forço ei devoto ; la premiero qu’abourdè lou counfessiounau e que vengué coum’aco : « moussu lou curat, siéu anado à la font e ai resquiha ! » prouvouqué l’estounamen dou novici : « Oh ! pecaire ! e vous sias pas facho mau, au mèns ? – Nàni, moussu lou curat, au countràri ! – E  ! anas à l’oustau, e un autre cop, mesfisas-vous ! E de que me dounas coumo penitènci ? – Oh ! pèr uno causo ansin, es meme pas un pecat, à tout lou mai uno imprudènci ! ».

Peu de temps après, notre Curé fut changé de paroisse et vint le remplacer le Curé de Puyloubier, un jeune petit prêtre qui plut énormément aux dévotes. La première qui aborda le confessionnal et qui dit ainsi « Monsieur le Curé, je suis allée à la fontaine et j’ai glissé ! » provoqua l’étonnement du novice : « Oh ! ma pauvre ! Et vous ne vous êtes pas fait mal au moins ? – Nullement, Monsieur le Curé, au contraire ! – Et bien, rentrez chez vous et une autre fois méfiez-vous ! – Et que me donnez-vous comme pénitence ? – Oh ! pour une telle chose ce n’est  même pas un péché, tout au plus une imprudence ! ».

 

Si vous voulez connaître la fin savoureuse de cette « bassaquejado » relisez la nouvelle entière dans le livre « HISTOIRES DE TRETSOIS, PAROLES DE BASSAQUETS » publié par Les Amis du Village en 2010.

Après la parution de « leur livre » tous les protagonistes souhaitent continuer à œuvrer pour la connaissance et la conservation de la mémoire du village.

L’association des Amis du Village est créée avec la bénédiction de la municipalité qui lui confèrera le statut provisoire d’association para-municipale. Elle le restera jusqu’à la création d’un véritable service officiel de la Culture.

Les expositions et les veillées de témoignages se multiplient.

Ainsi, en 1994, une série d’évènements est organisée sur le thème de la Résistance de la déportation et de la Libération.

La fin du XXème siècle approche et l’envie d’effectuer des bilans et faire entrer les coutumes et traditions dans l’histoire n’exonère pas de la nécessité de préparer l’Avenir !

Les yeux se tournent résolument vers le XXIème siècle, de nombreuses manifestations se profilent dans tous les secteurs culturels et sportifs pour passer une fabuleuse année 2000.

Trets sera la seule ville des Bouches-du-Rhône à obtenir le label « Les Portes du Temps » délivré par le Ministère de la Culture.

9 VERS LA MEDIATHEQUE

La bibliothèque va se moderniser, se métamorphoser… Si les livres qui contiennent le Monde Entier, les livres qu’on touche, qu’on feuillette, qu’on lit et relit, que l’on classe précieusement sur des étagères, doivent rester la valeur historique, inaliénable, il devient nécessaire de s’ouvrir aux supports modernes digitaux.

Un rayon CD et un rayon DVD s’ouvrent dans la salle du haut. Ils vont connaître un développement exponentiel. Un premier poste informatique est proposé aux abonnés.

Officiellement la bibliothèque recevra le statut de médiathèque le 20 septembre 2000. Et, envers et contre tout – y compris une directive européenne – l’emprunt de tous les supports restera gratuit !

 

10 LE PREMIER CONCOURS DE NOUVELLES

Parallèlement, et pour entrer résolument dans le siècle nouveau, la ville organise un premier concours de nouvelles, et se montre très progressiste jusque dans le thème proposé : les auteurs devront imaginer « La haute vallée de l’Arc en … 2100 » !!

Plus d’une centaine de concurrents de tous âges vont y participer, se creuser les méninges et déposer un tapuscrit. Les nouvelles primées feront l’objet d’un recueil qui sera remis par un jury de haut vol composé de :

-      Jeanne ALLAMIGEON, Inspectrice Générale de Lettres

-      Liliane DUTRAIT, co-traductrice en français du dernier Prix Nobel de Littérature décerné à l’écrivain chinois Gao XING JIAN…

-      Alain FOURNIER, conteur et écrivain qui signait GRINDA car – plaisantait-il – « Alain FOURNIER, c’était déjà pris ! ... »

-      Jean-Claude REY, Le conteur du Luberon, écrivain et chroniqueur à Radio Bleu-Provence

-      André SAMAT, Conseiller Général

Et ce Jury était placé sous la présidence effective de

-       Raymond JEAN, prix Goncourt de la Nouvelle, déjà présent lors de l’inauguration de la bibliothèque.

 Rosye a eu l’honneur de collaborer avec cet auteur pendant de nombreuses années elle vous le présente et lit un extrait de « La Lectrice » :

 

TEXTE 14                      RAYMOND JEAN

Lectrice de la présentation : ROSYE VAN OOST

Raymond Jean est né en 1925 à Marseille. Très jeune, il entrera dans La Résistance, tout en poursuivant ses études de lettres. Etudes qui le conduiront à l’enseignement. Professeur de Lettres Modernes à la Faculté des Lettres d’Aix il deviendra le spécialiste du Nouveau Roman.

Son enseignement généreux était réputé auprès des étudiants qui suivaient assidûment ses cours. Mais c’est en qualité d’écrivain et en tant qu’auteur fécond qu’il se forgera une belle notoriété. On lui doit une bibliographie prolifique d’Essais et de romans parmi lesquels :

-      La fontaine obscure (1976)

-      Un fantasme de Bella B. pour lequel il recevra en 1983 le Prix Goncourt de la Nouvelle.

L’une de ses luttes particulièrement médiatiques fut le soutien sans faille apporté à l’une de ses anciennes étudiantes, Gabrielle Russier, enseignante en Lycée. Celle-ci subit des poursuites judiciaires pour avoir vécu une histoire d’amour avec l’un de ses élèves mineurs et mit fin à ses jours en 1969. La correspondance de Raymond Jean avec la jeune femme emprisonnée donna lieu à un recueil « Lettres à Gabrielle ». L’histoire de Gabrielle Russier sera portée à l’écran en 1971 par André Cayatte avec le film « Mourir d’aimer » avec Annie Girardot.

Raymond Jean fut un homme d’une grande humanité, un homme de savoir, d’art et d’action. Certains l’ont découvert après avoir vu Miou-Miou dans le rôle-titre du film « La lectrice » adapté de son roman éponyme écrit en 1985. Rappelons que Raymond Jean, présent à l’inauguration de la bibliothèque, fut aussi le Président du jury du 1er concours de nouvelles organisé par la ville, en l’An 2000…

Voici un extrait de « La Lectrice »:

TEXTE 15                              LA LECTRICE

EXTRAIT

Page 49 « Nouvelle séance de lecture chez Eric à 51 : …il est très déçu. »

+

3 lignes de la page 51 : « il me semble... tissu toilé. »

Lectrice : ROSYE VAN OOST

11 LA MINE DE MOTS

En 2006, la Médiathèque compte 32 092 références, 5040 abonnés dont 2890 très actifs, sans compter les classes, la résidence Saint Jean du Puy, les groupes d’alphabétisation et de « Paroles de femmes ». L’espace multimédia dispose désormais de 5 postes connectés. Les responsables, veillent au bon déroulement des prêts, au renouvellement des collections selon les vœux des publics, et assurent de nombreuses animations variées et appréciées.

 

La Municipalité souhaite que ce bâtiment – témoin du passé industriel de la ville – s’inscrive encore plus explicitement dans la mémoire. Elle lance un concours auprès des abonnés pour dénommer la Médiathèque. Parmi quelques dizaines de propositions, le nom « La Mine de Mots » sera plébiscité. Le baptême aura lieu dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine de septembre 2006.

En 2007, parmi les écrivains invités à présenter leurs ouvrages, figure un tretsois de pure souche. Il doit dédicacer son premier livre le samedi 3 novembre. Malheureusement il sera victime d’un accident mortel de la route le 31 octobre.

François vous présente Thierry PAYAN :

 

TEXTE 16                        THIERRY PAYAN

Lecteur de la présentation : FRANCOIS COQUILLAT

Thierry PAYAN est décédé le 31 octobre 2007 dans un accident de moto. Il avait 51 ans. Thierry était instituteur à l’école Victor Hugo. Membre de nombreuses organisations, il avait créé en 1998 l’association « Un train entre Gardanne et le Var ».  Elu depuis 1989, Adjoint au Maire dans les municipalités Fauchon puis Tassy, il avait choisi de mettre fin à sa vie politique en 2002.

Thierry possédait de nombreux talents, notamment celui de dessinateur, mais c’est à l’écriture qu’il s’était attelé… il devait tenir une séance de dédicaces à la médiathèque le samedi 3 novembre 2007 pour son premier ouvrage « Mortels poireaux ». Déjà, il venait de terminer l’écriture de son deuxième roman « Cacarinettes tueuses ». Ce roman aura pu être édité grâce à la volonté de ses deux enfants Nicolas et Elodie.

Avec ses deux romans, Thierry nous a offert deux polars mettant en scène de nombreux personnages truculents. Ouvrages pleins de suspense, de rebondissements et d’humour avec en prime les paysages et l’accent de chez nous. Mais il n’avait pas oublié ses combats et pensait à évoquer dans ses romans, de ci de là, des problèmes de notre commune tel le train, ou la circulation des poids lourds traversant des villages avant l’époque des déviations…

 

En voici un exemple savoureux :

« Puis est venu le moment fatidique où des spécialistes aux neurones décadents ont décrété qu’il valait mieux transporter la bauxite par camions. En conséquence, durant des années, un flot continu de poids lourds a emboucané la circulation… Et ce n’était pas fini, car les neurones ont poursuivi leur dégradation pour arriver à la suprême décision qu’il était plus juteux de faire venir la bauxite d’Afrique ».

 

C’est maintenant Christiane qui nous lit un extrait de « Cacarinettes tueuses »

TEXTE 17                « CACARINETTES TUEUSES »

EXTRAIT

Bas de la page 287 : « C’est en même temps… … milieu de la page 289 : …. Il aurait tout bouffé ! »

+ Finir par cet ajout :   parisemple ! »

Lectrice : CHRISTIANE WILLIG


 

12 L’AGRANDISSEMENT

A peine baptisée, à la médiathèque, on constate que la fréquentation du public ne cesse de croître… Les horaires d’ouverture ont été élargis, les ratios des lecteurs et des supports empruntés, par rapport à la population sont largement au-dessus de la moyenne nationale. Tout ceci fait que « La Mine de Mots », victime de son succès, commence à se sentir à l’étroit et bientôt ne correspondra plus aux normes…

La municipalité est consciente de ce problème et réfléchit pour trouver une bonne solution :

-La délocalisation vers le château est vite éliminée.

-L’agrandissement au sud, au détriment des jardins, est rejeté.

-La construction d’un nouveau bâtiment excentré rassemble peu de suffrages…

-L’idée qui séduit le plus émane du maire Roger TASSY lui-même…Il s’agirait d’un transfert vers un bâtiment très voisin, ayant la même histoire, la même architecture et entouré d’un grand terrain : les anciennes écuries de la mine ! Des contacts sont pris avec le propriétaire…

Les élections municipales de 2008 ont vu un changement de majorité, les cartes sont rebattues, et c’est l’extension qui prévaudra.

Après trois ans d’études et de travaux, ce sera chose faite en 2011.

Suivant le projet de l’architecte Martine HENRIOT, la médiathèque sera agrandie de 297 m2, elle conservera le même aspect (à l’exception du toit vert, maintenant couvert de tuiles). L’inauguration aura lieu le 17 septembre. Jean-Claude FERAUD coupera le ruban tricolore accompagné d’Aline (redevenue) PONS la Directrice historique. Elle était entourée de son équipe, fidèle : Nathalie CHATRIAN - qui va lui succéder -, Nathalie LATY, Nadine GEOFFROY, Fatima BEN ARFA et Caroline ROBIGLIO…

A noter que dès lors, « La mine DE mots » est devenue « La mine DES mots ».

 

13 ET AUJOURD’HUI

Notre Maire, Pascal CHAUVIN avec son équipe issue des élections municipales de 2020, a bien l’intention de continuer l’œuvre de ses prédécesseurs, d’apporter sa pierre à la modernisation, et de faire entrer cette institution dans l’ère virtuelle.

Nous leur souhaitons bonne chance et bon vent au service des lecteurs et des internautes tretsois !

LA MEDIATHEQUE « LA MINE DES MOTS » DANS SON ENVIRONNEMENT, AU 7 MAI 2022

 

GUY VAN OOST

Le 07/05/2022

FIN