«  TRETS : NOS PLACES, NOS FONTAINES…
NOS QUARTIERS »

Causerie réalisée par GUY VAN OOST, en Septembre 2015 dans le cadre des journées européennes du Patrimoine

 

  REPRODUCTION INTERDITE

 

INTRODUCTION

Dans le cadre des Journées du Patrimoine, nous allons évoquer aujourd’hui nos places, nos fontaines, nos quartiers.

C’est un thème sympathique témoignant de l’évolution de notre urbanisme et de celle des mentalités au fil des siècles.

Au Moyen –Age, une puissante muraille ponctuée de tours fortifiées entoure les villes. Cette enceinte est d’abord destinée à protéger les habitants, leurs églises, leurs outils de travail.

LA PLACE

A l’époque médiévale, la place provient soit d’un espace résiduel laissé entre les constructions, soit d’un élargissement devant un bâtiment civil ou religieux (parvis) ou encore du croisement de rues. En revanche, ces espaces étaient le théâtre d’une vie intense car les gens travaillaient dans les rues, les bancs des échoppes étaient souvent à l’extérieur…

Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle, que l’on commence à parler d’aménagements, de « promenades », et que des places seront programmées sur des espaces nouveaux.

Les places qui accueillent fêtes et rassemblements comportent un certain nombre d’éléments qui comptent dans la vie sociale :

- l’église

- la mairie

- des cafés ou cercles

- des commerces, un marché….

- mais surtout UNE fontaine !!!

SOCIOLOGIE DE LA FONTAINE

Celle-ci est perçue – jusqu’au milieu du XXème siècle – comme l’élément le plus fédérateur du paysage :

- Elle distribue l’eau, la vie, par ses canons.

- Elle assure une réserve dans la conque.

- Elle alimente un abreuvoir par sa surverse.

- Elle permet le lavage du linge.

Le ravitaillement en eau obligeait à des déplacements pénibles vers la fontaine, où il  fallait attendre son tour pour remplir son « pichié » avant de retourner chez soi avec son broc ou son seau.

Mais la fontaine était aussi un lieu de vie et d’échanges. Du matin au soir, la population d’un quartier se rencontrait devant ses canons. et c’est là qu’on échangeait les nouvelles : mariages, querelles de ménage, naissances, décès…

Remplir une cruche à la même fontaine, c’était donc avoir le sentiment d’appartenir au même quartier.

 

 

LA FONTAINE DE TRETS

Antoine RICHARD

A la fontaine de Trets, il ne coulait pas que de l’eau ! Bien que ses 4 canons y répandent continuellement dans le bassin une eau fraîche et limpide, symbole de pureté, autour du rebord de pierre, c’était le « péchié » enfumé qui la hantait à longueur de journée. « Péché de chair n’est pas péché capital », disait Monsieur le Curé. Mais, c’était péché quand même.

De l’aube naissante au crépuscule, Bassaquettes et Bassaquets allaient et venaient, vaquant à leurs occupations :
-le mineur, avant de s’enfoncer dans le trou noirâtre de la mine, y venait remplir sa jarre d’eau fraîche ;

-Nanon, avant de lâcher son troupeau de chevrettes dans les champs, les faisait boire à la surverse de la conque ;
-le paysan qui partait, son béchard à l’épaule, garnissait son petit flasque et se désaltérait savoureusement à la source ;

-une jolie fille attendait que son amoureux lui vint
conter fleurette… et lestement, on entendait ces propos :

« Dis, Lileto, ce soir je t’attends sur le chemin de Vauveno, et ne me fais pas trop languir. ».

ou encore :

« Tu sais Mathieu, que mon mari travaille de nuit, à la mine, viens faire la veillée puisque je suis toute seule… »
Autour de la fontaine se nouaient ainsi des intrigues et… Monsieur le Curé, quoique le Bon Dieu lui eût envoyé force patience, était repu d’entendre en son confessionnal le récit de ses pécheresses.

Pour connaître la suite savoureuse de cette histoire d’Antoine Richard, nous vous conseillons de relire « Histoires de Tretsois, Paroles de Bassaquets .

 

 

-2- LES PLACES MONSEIGNEUR CHAILLAN ET DES HEROS ET MARTYRS DE LA RESISTANCE

Il s’agit des places les plus anciennes de Trets puisqu’elles entourent l’église, signalée avant l’an 1000 dans les possessions de Saint Victor. Cet édifice, était véritablement le point de convergence de la communauté chrétienne puisque pas moins de 6 rues y conduisent. Leurs noms, sur le cadastre de 1827, témoignent de la force des croyances religieuses à cette époque :

- Rue de l’Eglise :                           

- Grande rue Saint Jean :               

- Rue Notre Dame de Nazareth         

 - Rue de la Paroisse                       

- Place de l’Eglise                             

- Traverse de l’Eglise                       

 

 

 

LES AGRANDISSEMENTS DE L’ EGLISE

En 1352, à la demande des Besaudun, la chapelle latérale Saint Jean sera édifiée au Sud-Est. Le clocher fortifié ne sera construit qu’au XVIème siècle au dessus de cette chapelle. L’église sera encore agrandie au XVIIème siècle.

La façade Nord Ouest, sur la Place des Héros et Martyrs de la Résistance, présente ici un défaut de perspective, mais il s’agit du plus ancien document connu représentant l’église.

La place de l’église est donc le lieu de rassemblement de la communauté chrétienne, qui va pénétrer dans l’édifice, que ce soit :

- pour les moments de joie : baptêmes et mariages,

- ou pour les moments de peine : obsèques.

Mais au Moyen -Age, c’est également le lieu de rassemblement politique, puisque certaines grandes décisions sont prises à l’église. Ainsi,  « La transaction passée entre les Seigneurs, Barons de Trets, et la communauté dudit lieu, le 2 février 1554 »  est signée dans l’église, en présence de près de 200 personnes.

A partir de 1337, la Communauté a pu constituer la première Maison de Ville pour les réunions de ses conseillers : la Maison du Saint-Esprit. Ce nom, outre la proximité immédiate de l’église, témoigne des liens très étroits entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique.

 

LES COMMERCES DU QUARTIER

Le four communal d’amont jouxtait la Maison de Ville. A l’époque moderne, celui-ci est devenu

-Une boulangerie dont les propriétaires ont été les Deleuil, les Vérane et enfin, les Vartanian.

- La chapellerie Baux,

- La boucherie Charles puis Alain Costanzo,

- L’épicerie Armand, où les enfants faisaient provision de bonbons avant la messe, et

- le bazar Yves Marin, devenu un temps la pizzéria Francette et Léon Amblard, puis La Boutique

- On ne peut pas manquer d’évoquer, à l’entrée de La Pujade, la boulangerie Monge qui préparait de si bonnes torques.

 

LES NOMS SUCCESSIFS DES VOIES

Sur le cadastre de 1827, les deux places se nomment respectivement :
- Traverse de l’Eglise, au Nord -Ouest,
- Place de l’Eglise, au Nord -Est.

A compter de 1893, à part la rue Borde, elles ont des noms aux accents révolutionnaires :
- Place Gasquet,
- Rue Robespierre

Le 26 Mai 1941,le maire considérant que « …des noms de rues et places ne cadrent pas avec l’esprit nouveau, il est nécessaire de les changer. » Il décide de les renommer :

-L’ancienne rue de l’ Estrachet, qui avait reçu le nom de l’Incorruptible, devient la rue Jean Baptiste Cadry, pour rendre hommage à ce prêtre tretsois, docteur en théologie, qui se montra un très grand prédicateur.
- Place de l’Eglise, au Nord Est
- Place Monseigneur Chaillan au Nord Ouest

Marius Chaillan, né à Trets le 17 janvier 1858, est décédé à Septèmes, le 5 juillet 1937. Il a publié de nombreuses études et livres dont le fameux « Recherches archéologiques et historiques sur Trets et sa vallée » en 1893. Après l’Occupation, Marius Joly, rétabli dans ses fonctions de maire, charge Antoine Richard de dresser une nouvelle nomenclature des voies.

 

Ainsi, Par délibération du 26 mars 1946,

- L’ancienne Traverse de l’Eglise devient la place des Martyrs et Héros de la Résistance.

- Monseigneur Chaillan donne son nom à la place de l’église

- La Rue Cadry demeurera, mais Robespierre retrouvera une autre rue…proche du château…

 

LES UTILISATIONS DE LA PLACE

Il n’y a plus d’animations commerciales et la place vit aujourd’hui au rythme du culte et de quelques manifestations traditionnelles :

-Monseigneur Chaillan indique qu’autrefois le feu de Saint Jean se faisait sur la place de l’église.

-Vieille tradition Tretsoise,« Les petits Saint Jean » assistent toujours à la messe de la fête patronale.

-Jusque dans les années 1930, le corso de la Saint Eloi faisait le tour de l’église. Ici, le père Castéran bénit les chevaux.

-Le père Raillard pose, au milieu de jeunes tretsois en habit traditionnel, avec les symboles de la Saint Eloi :

- le drapeau,

- la bride,

- et la bannière.

 

 

-3- LA PLACE DU 14 JUILLET

LA FONTAINE DE CLASTRE

Au XIème siècle, après l’expulsion des Sarrasins de Provence, le clergé et les seigneurs ont choisi ce que nous appelons la Place de la mairie pour s’installer :

- L’espace était dégagé,

- La plaine est fertile et facile à travailler ;

- et surtout l’eau jaillit en abondance d’une source.

Toutes les conditions sont réunies pour asseoir les deux symboles du pouvoir pour plusieurs siècles :

- l’Abbaye de Saint Victor créera un prieuré bénédictin comprenant :

- Une chapelle dédiée à la Sainte Trinité, en 1056

- Un couvent

- Un cloître

- Une maison claustrale qui deviendra le château d’Augustin de Foresta, co-seigneur

-et un cimetière

Mais la période de tranquillité ne durera pas. Face aux brigandages, les gens de Trets vont être obligés de rassembler leurs forces pour édifier des remparts, à la fin du XIIIème ou au tout début du XIVème siècles. Quatre portes fortifiées donneront accès à la ville.

 

LA FONTAINE DE CLASTRE

La source était alors réputée pour ne jamais tarir. Un grand bassin fut construit dans le jardin seigneurial du « René », réservé au clergé et aux seigneurs. 700 ans après par acte du 6 mars 1786, Le seigneur consent à céder à la Communauté
-l’enclos du René qui devient la Place des Marronniers,
-et le bassin de Clastre.

Mais l’acte précise : « La commune pourra établir un lavoir mais il ne sera jamais permis, ni à la communauté, ni aux particuliers d’en puiser ni transporter pour quelque usage, et sous quelque prétexte que ce puisse être… ».

La Révolution fera évidemment supprimer cette clause…

Le 24 mai 1820, le conseil municipal doit délibérer : « … Il ne faut pas oublier que des accidents se sont produits plusieurs fois à cette fontaine, et que ce réservoir a servi de tombeau à quatre malheureux qui, dans un moment de frénésie, s’y étaient précipités et avaient trouvé la mort. » Et pourtant… 40 ans plus tard, vers 1860, le poète républicain tretsois, Honoré Dubois, écrit un pamphlet, en provençal :

« Les agréments de Trets ». Celui-ci éclaire la situation :

 

LES AGREMENTS DE TRETS

«Si vous éprouviez à un certain moment Le désir de vous ôter la vie,

Allez aux Marronniers, cette place jolie
Là vous y trouverez un bassin
Hiver comme été, il est plein…
Et tous les gens boivent son eau.

Probablement, par une division,
Le moindre collégien
Vous donnerait la solution
Pour que l’eau monte sur la place
Qu’une belle fontaine embellirait
Il suffirait de couvrir le bassin !

Mais alors, vous répondra t ’on
On ne pourra plus patauger !
Et comment feront les gens
Qui voudront se noyer ? »

Honoré DUBOIS

 

Ce ne sera finalement qu’en 1907, qu’une vraie fontaine sera édifiée… En 2007, après la réfection complète de la place, la fontaine a été démolie, puis reconstruite à l’identique, exactement cent ans après, par la municipalité Roger Tassy.

 

ETAT DES LIEUX AU DEBUT DU XXeme SIECLE

Le quartier est donc enfermé derrière des murailles et des fossés, entre deux portes d’accès :

En A à l’est, la Porte de Puyloubier, s’ouvrait sur l’actuelle Rue Crémieux. Elle donnait accès, au sud, à la cité médiévale Elle séparait alors la « Place des Marronniers », du cours.

-En B, la chapelle monacale : occupe un très grand espace avec son cimetière attenant, qui sera utilisé jusqu’en 1794.

Pendant la Révolution, c’est dans la chapelle, devenue chapelle des Pénitents Blancs, que se réunissent les membres très actifs de la Société Populaire.

La chapelle et ses attenants sont vendus comme Bien national mais, dès 1825, son propriétaire offre de les revendre à la ville, qui commence à réfléchir à la formation d’une grande place.

-En C, l’ancien couvent de la Trinité. Avec la Révolution, il est devenu Bien national et une importante partie a été acquise par la Communauté, qui y transfèrera la Maison Commune en 1792.

La ville possède la partie P, avançant sur la place actuelle. Elle touchait alors les remparts. En 1887, un certain Baille souhaite créer un grand café et propose de démolir, à ses frais, la partie nord de la maison qui s’avance sur l’espace. La place, telle que nous la connaissons, commence à prendre forme et sera dénommée un temps : la « Place Neuve ».

-La partie D enfin, est un édifice de hauteur imposante, connu pendant longtemps sous le nom de Château de Clastre puis de Château Vieux.

 

L’édifice a servi de demeure, successivement : aux co -seigneurs mais il a été surtout le siège du Studium Papal, installé le 13 avril 1363 par le pape Urbain V. Malheureusement, cet établissement, qui devait apporter une certaine prospérité à la ville, a dû être transféré à Manosque dès 1365.

-En F, la Porte de Clastre, ouvrait à l’ouest, latéralement sur le Vieux Chemin d’Aix. Elle sera démolie en 1867.

 

 

DU VIEUX CHEMIN D’ AIX A LA ROUTE ROYALE

A la demande de la Compagnie des Mines, le Vieux Chemin d’Aix dut être aménagé « pour permettre le transport de la lignite, à l’aide de charrettes » :

- Les anciens fossés furent comblés;

- Les deux portes fortifiées démolies

- Ceci permit au Vieux Chemin d’ Aix de devenir, en 1846, la route royale n°8 bis .

- Enfin, un ultime aménagement, sous la Municipalité Pailheiret, permet l’établissement d’une « promenade » sur l’ancien Clos des Minimes.

Ainsi, la place, devenue « du 14 juillet », en 1893, et ses alentours, sont le résultat d’une longue série d’améliorations, exécutées depuis 1786.

 

LA PLACE DEPUIS LE DEBUT DU XXème SIECLE

Au début du siècle, le bureau de poste, qui occupait l’aile est de l’hôtel de ville, est transféré vers l’actuelle Place de la Libération. Même destinée pour la bascule publique, qui était installée devant l’actuel Crédit Agricole.

LE MONUMENT AUX MORTS

Après la première guerre mondiale, le devoir de mémoire s’est imposé.

- Le 5 juillet 1921, le conseil municipal décide que le monument commémoratif sera édifié sur la place du 14 Juillet.

- L’inauguration était prévue le 30 juillet 1922, mais la préparation de la cérémonie vit naître de profondes discordes et il n’y eut pas d’inauguration !

Depuis, le monument a fait l’objet de nombreuses modifications et restaurations.  Sous la municipalité Roger Tassy, en 2006, à la faveur d’une restructuration totale de la Place du 14 Juillet, il a bénéficié d’une réhabilitation complète. Il en sera de même en 2018.

 

LES UTILISATIONS DE LA PLACE

Elle est non seulement le symbole de la République et de la mémoire, mais également celui des rencontres, de la convivialité et de l’unité dans les moments difficiles et de joies. Le 20 août 1944, Trets est libérée, la foule en liesse a envahi la place…Citons le registre des délibérations : « Trets vit une des plus belles journées de son histoire, libérée qu’elle est du joug de l’envahisseur. La population avide de nos chères libertés, manifeste sa joie. Des drapeaux, sortis d’on ne sait où, flottent au vent ».

Pendant une vingtaine d’années, tous les enfants des écoles, accompagnés de leurs maîtres, viendront assister aux cérémonies du souvenir dans le plus grand recueillement.

 

 

LA PLACE DU 14 JUILLET CENTRE COMMERCIAL

Pour s’en tenir à une époque, les années 30 à 70, sur ce plan dressé par Roland Dolla, situons les commerces et services, dans le sens des aiguilles d’une montre :

- Station service Shell de Joseph. Gianti

- Garage Paul Durbesson, agent Peugeot

- Caisse d’Epargne : caissier Victor Maurin

- Sage-femme : Josette Trinci

- Médecin : Georges Maestrati

- Electricien Quincailler: Clovis Fabre, puis Michel Nys

- Outils agricoles : Mandon puis Louis Long

- Photographe : Nonon, puis Laiterie Bruna

- Nouveautés Le Printemps : Burle

- Coiffeur : Fermanian

- Epicerie : Margot Locco et Grégoire

- Fabrique de balais de bruyère : Dolla

- Tailleuse : Gaby Puccinelli

- Boucherie : Dragon, puis Marcel Hadidgi puis Alimentation Marcel Thiolas

- Hôtel de Ville avec le siège du Juge de Paix

- Café-Hôtel du Commerce : Jules Van Oost puis Hervé Rigaud et enfin Gérard Magne et Thiéry Marquez.

L’animation commerciale de la place, c’est aussi le marché hebdomadaire, lieu de rencontres et d’échanges.

-C’est le 30 août 1910, que le maire Barthélémy Aubert a réclamé au Préfet l’autorisation d’organiser un marché aux légumes, le mercredi.

Les foires animent également la place :

- le 24 août, depuis 1519, et jusqu’ à 2014, date de sa suppression.

- le 15 mars, depuis 1940 puis le 2ème dimanche de mars depuis 1990.

 

LES ANIMATIONS CULTURELLES

- Depuis 1919 et jusqu’à sa disparition, l’Union Musicale Tretsoise  a participé à toutes les inaugurations, commémorations, et festivités.

- Le 23 juin, le feu de Saint Jean flambe depuis des temps immémoriaux. Et, depuis 1988, sur le perron de la mairie, on partage la flamme venue du Canigou.

Si aujourd’hui, pour la retraite aux flambeaux, on distribue des lampions de papier coloré, les enfants des années 50 portaient des « cannettes » dont l’embout était un petit réservoir de pétrole, enflammé juste avant le défilé. Au retour, les enfants recevaient 50 centimes de franc, lorsqu’ils rendaient la cannette à Jeannot, le garde.

Le 24 juin, la place était égayée, le midi par un apéritif-concert, et le soir par des concours de belote organisés par le Café du Commerce.

3 semaines plus tard, Trets est encore en fêtes. La Confrérie de Saint Eloi et Saint Christophe vient rendre hommage au maire.

Ce fut longtemps le rôle de Jules Besson, puis de Maurice Gautier, et aujourd’hui, c’est à Loulou Giay de s’adresser aux édiles en lengo nostro.

 

INSOLITE.

Plus insolite, c’est lorsque la mairie cache la devise de la République, sous le sigle B.A.A. : « Banque Azuréenne d’Affaires » !  C’est quand l’Hôtel de Ville jouait la vedette dans le film de Bob Swaim, « Nos amis les flics »

 

 

 

-4- LA PLACE GARIBALDI

Cette petite place triangulaire séparait autrefois l’ancien Prieuré de la Trinité et son cimetière, de la rue de l’Hôpital, actuellement rue Borde.

Elle a été rénovée en 1991 par des artisans tretsois : Oliva et Gautier, fiers de participer à la valorisation de notre patrimoine.

-Au sud-est, une boulangerie très ancienne, puisqu’elle était au Moyen Age, le four communal de Clastre . Les derniers boulangers furent les Mosca, les Lunetta puis les Bruzzone.

-Au nord-est, la mairie

 

On a connu aussi sur cette place

- Les Brodeuses : elles préparaient les trousseaux des jeunes filles à marier,

- L’Estama qui réparait les casseroles et redonnait de l’éclat aux couverts ternis,

- L’atelier du peintre Merlati

- et plus récemment le magasin de déco La Fourmi

Enfin les Tretsois anciens se souviennent des fameuses fêtes de quartiers organisées sur cette place au début des années 1950. par les riverains. Elles se déroulaient dans une formidable ambiance villageoise.

LES NOMS SUCCESSIFS DE LA PLACE

Cette place a changé plusieurs fois de nom :

- D’abord place de la Trinité, elle : devient

- Place de l’Arbre de la Liberté, sous la Révolution;

- En 1792, elle prendra, logiquement, le nom de « Place de l’Hôtel de Ville », lorsque celui-ci sera transféré dans le bâtiment actuel.

- Elle sera plus tard, la place des Trois Ormeaux,

- Le 6 janvier 1915, le maire Barthélémy Aubert…

«… voulant manifester sa reconnaissance à l’ensemble de la famille Garibaldi qui, en 1870 comme en 1914, a tiré l’épée pour venir défendre la France, contre son envahisseur, décide de donner le nom de Garibaldi à la place. »

 

MA PREMIERE DEMEURE

Derrière la Mairie, tu la distingues un peu

Et quand tu l’aperçois tu en prends plein les yeux.

La fontaine à deux pas laisse couler son eau,

D’ailleurs combien de fois y ai-je mis mon bateau !

Un certain Giuseppe, de nom Garibaldi,

Lui a offert un jour ce beau nom de « babi ».

J’y aurai vu le jour bien plus tard et j’en ris

Les révolutionnaires seront de mes amis !

Des platanes centenaires t’y apportent le frais

Que le soir tu vas prendre avant de te coucher,

Et simplement muni d’une très vieille chaise

Tu rejoins tes amis, détendu, à ton aise.

La place de la Mairie nous offrait sa beauté

Elle donnait aux passants, parisiens, étrangers,

Ce silence enivrant qui doucement nous berce

Assis sur quelques bancs du Café du Commerce.

On y buvait de tout, pastis, vin, eau à bulles.

Et derrière son comptoir se dressait le grand Jules

Je n’avais pas dix ans mais me souviens encore

De l’argent de ses dents et de son rire fort…

Il est onze heures trente, la maman va gronder !

Partout on voit postées dans ces rues et placettes

Ces pierres rangées, remplies de bois séché

Attendant la tomate, l’ail et la côtelette.

Il n’est besoin de montre, midi va donc sonner

Et l’odeur dégagée t’indique le manger :

Pommes d’amour aillées, thym et bien épicées

D’agneau la côtelette ! Dois-je le préciser ?

                                                               Jean Thiolas

 

-5- LA PLACE DENFERT-ROCHEREAU ET LE TROU DE MME LION

Au début du XIVème siècle, le long des remparts, et tout près de l’église, avait été créé un établissement hospitalier dédié à  Saint Jacques. Au Moyen -Age, on appelait hôpital, un ensemble de maisons mises à la disposition de la Communauté, pour héberger des malades et, des indigents. Un inventaire des biens de l’Hospitalis Paupérium  (Hôpital des Pauvres) daté de 1429, et retrouvé par Christophe Vaschalde en atteste :

- L’Hôpital est très peu pourvu

- Rien n’évoque des soins donnés aux malades

- La capacité d’accueil est très limitée…

- Les subsides venaient de rentes,  de legs et de dons des Nobles et Bourgeois, parmi lesquels nous citerons :

- Béatrice de La Roque (Coseigneur)

- Bertrand Hugolen De Trets

- Hugues et Sybille D’ Agoult

On y pénétrait par l’est où subsistent les vestiges, d’un départ de voûte.

 

- Sur la place, se trouvait autrefois l’indispensable puits. Il semblerait que ce grand arbre ait été planté sur son emplacement. A l’extrémité ouest, la place est fermée par un passage tortueux et couvert, en forme de chicane.

Cette androune pouvait avoir deux fonctions :

- La proximité du rempart et l’escalier conduisant au chemin de ronde évoquent un élément d’architecture défensive;

- Plus probablement, derrière l’hôpital, ce passage aurait pu constituer une frontière sanitaire pour empêcher des épidémies de se propager, en isolant les malades de la ville.

En sortant de ce lieu curieux, que les tretsois appellent « Trou de Mme Lion », on accède à l’actuelle Rue Borde, par un passage couvert.

 

-Sur le cadastre de 1827 cette artère est logiquement dénommée « Rue de l’Ancien Hôtel de Ville ». Depuis 1893, date à laquelle, le Maire a donné de nombreux noms inspirés de la République, elle honore le souvenir de Denfert-Rochereau, colonel vosgien de l’Armée Républicaine. Notons que la voie parallèle, actuellement Rue Borde était répertoriée :

- Rue de l’ Hôpital, depuis la mairie jusqu’ à l’entrée du passage,

- Puis, Rue de la Paroisse jusqu’ à l’église.

 

 

-6- LA PLACE PAILHEIRET ET LA RUE DU 1er MAI

La Place Pailheiret est représentative de la place médiévale.

- Elle était habitée par des nobles, tels que :

- Rostan de Rousset, Chevalier

- Isnard Burgondion

- Raymond de Saint Marcel

- et c’était là que se trouvait le fortalicium des Artaud de la Roque Montauban.

Cette place était aussi la Platea Fori, c’est-à-dire la place du marché. La maison, à encorbellement, est typique de l’époque médiévale :

- L’avancée du 1er étage repose sur des boiseries en saillie nommées « corbeaux »

 - 2 portes et 1 fenêtre sont sous des arcs en plein cintre.

Cette maison aurait pu être une échoppe. Imaginez des marchandises accrochées aux corbeaux, hors de portée des animaux errants : quartiers de viande, ou peut-être aulx ou oignons exposés aux 4 vents et entourés d’une nuée de mouches !

Quasiment en face, nous remarquons l’entrée de deux passages successifs, séparés par un puits de lumière. Après l’édification des remparts, au XIIIème siècle, il fallut bien construire des ponts sur les rues pour loger quelques familles de plus…

 

LES NOMS SUCCESSIFS DE LA PLACE

-Sur le cadastre napoléonien, elle est dénommée : « Place du Puits ». Il y avait effectivement un puits, en face la maison n° 23.  Supprimé, pour permettre le passage, une fontaine murale devait être édifiée, mais le projet n’a jamais abouti.

-Le puits disparu, la place est devenue la prolongation de la Rue Gilles, avant de prendre le nom de Rue du 1er Mai.

-Par délibération du 20 mai 1941, elle prend le nom de Pailheiret : Adolphe Paiheiret est issu d’une très ancienne famille tretsoise. D’abord géomètre à la mine, il devient ingénieur puis un directeur humain et apprécié. Il fut ensuite maire de 1900 à 1904. A ce poste, il se montra un urbaniste courageux, intelligent, et avisé.

 

DES COMMERCES

Dans les temps modernes, on a le souvenir d’un seul commerce  sur cette place : la boucherie Gervasone puis Maunier  fermée dans les années 1940. Cependant, les habitants trouvaient un éventail complet de commerces dans la rue du 1er Mai :

-Le matelassier Ariasi….

-La boucherie Léauthaud, puis Villecroze, et enfin François Coquillat.

-Le magasin de Radio-Electricité Gallian

-La pharmacie Poitrasson

-La marchande de chaussures Suzanne

-La boulangerie Tuaire, puis Jean Iscariot

-Le cordonnier Kaptanian dit « Capitaine » puis, plus tard Sarkissian

-L’ épicerie Aicardy, puis Di Colandréa

Avant de quitter ce quartier typique, nous ne résistons pas à l’envie de vous parler de l’ appaillage :

L’ APPAILLAGE

A Trets, comme dans tous les villages provençaux, on pratiquait l’appaillage. Les habitants allaient récolter dans les campagnes et les bois, la « bauco », cette graminée qui pousse abondamment sur nos terrains incultes, et la répandaient à foison dans les rues pour en faire un épais tapis. Au début, ce tapis avait assez fière allure, parsemé de brins de thym et de romarin qui le parfumaient, et les enfants avaient plaisir à s’y ébattre.

Mais rapidement, l’odeur changeait de nature, car par la fenêtre, les habitants déversaient dans la rue, les eaux grasses de vaisselle, et pire encore, le contenu du seau hygiénique. C’était, en fait, le but de l’appaillage : créer une réserve permanente de fumier que chacun pouvait récupérer précieusement le jour du nettoyage, pour fertiliser le lopin de terre cultivé par chaque famille.

Et c’est dans ce cloaque infect, alimenté par les eaux pluviales, que chiens errants et pourceaux se disputaient les reliefs de nourriture tout en enrichissant la litière de leurs déjections. Un acte de police, en date du 2 février 1554, tente de réglementer cette situation, mais ne peut pas l’interdire :

« Il sera prohibé, à tout habitant, sous peine de 5 sols d’amende, de déverser quoi que ce soit dans la rue, sans avoir au préalable, crié d’une voix forte, et par 3 fois : gare ! gare ! gare ! ». Il importait donc au passant, lors de l’injonction, de se mettre à l’abri, s’il ne voulait pas recevoir sur la tête, cette manne qui n’avait rien de céleste ! Si l’on en croit Honoré Dubois et son poème « Les agréments de Trets », l’appaillage était encore pratiqué en 1863 !

 

-7- LA FONTAINE DU PORTAIL D’AMONT

Nos Anciens avaient compris depuis bien longtemps que les collines entre l’Olympe et le col de Ribière, sur le Régagnas, constituaient un véritable château d’eau naturel.

Ainsi sur cet extrait du plan cadastral de 1963, on constate l’existence d’un nombre impressionnant de puits particuliers

Bien entendu, tous ces puits qui n’étaient pas sécurisés inquiétaient les parents : Les eaux étaient perçues comme menaçantes, et de nombreuses légendes provençales associaient les marais et les eaux profondes aux refuges des démons : les « Tiro Négo » C’est à dire : qui attiraient et engloutissaient.

Pour mettre les enfants en garde on leur racontait des histoires effrayantes

 

LA GALAMAUDO OU GARAMAUDO

« Mes enfants, avant d’aller courir la campagne pensez à la galamaudo, ce monstre effrayant, ce Léviathan qui fait pâlir l’histoire du monstre du Gévaudan.
-Dis maman décris-nous cette bête, cette
galamaudo, qui nous fait horreur. Vois sur notre tête, nos crins se dressent de terreur.
-La
galamaudo mesure vingt pas. Cette bête horrible a de grosses écailles bien noires. Elle vit blottie au fond des puits. Et elle attend, pour surgir en se déroulant et attraper les enfants imprudents.
-Dis, papa, l’ as
-tu vu  La Galamaudo ?
Fais-nous bien peur, fais-nous horreur. Vois sur nos bras : la chair de poule que l’on a…
-Des flammes s’échappent de ses naseaux, elle a de l’écume aux flancs, des yeux ardents, de la bave aux dents. Sa fringale féroce réclame des mets sanglants et aime les enfants désobéissants.

-Dis, grand-mère, te souviens-tu de la bête ? de la Galamaudo . Rassure-nous, câline-nous  pour nous endormir tranquillement.
Mes enfants, cette bête n’est qu’un rêve ! La
Galamaudo ? Un cauchemar, surtout un repoussoir. Et quand la bulle crève, place aux doux songes d’enfants !

Suzanne Négrel raconte : L’histoire de la Galamaudo, était le seul moyen d’éloigner du puits, mon cousin Jeannot Iscariot, en vacances, l’été chez tante Amalbert. C’était un « Jean sans peur » et le puits aux portes béantes chatouillait sa jeune curiosité. Mais là, il baissait les bras et fuyait à toutes jambes quand il entendait crier la tante : « Attention, la Galamaudo va remonter et t’agripper ! » La Galamaudo menaçante, aussitôt, chassait notre petit imprudent, et nous étions sauvés…

LA QUETE DE L’ EAU

C’est donc au sud-ouest de Trets que vont se concentrer les recherches pour capter et amener l’eau au pied des remparts. Le 10 août 1643, la première archive connue sur le thème des fontaines nous apprend que, celle du portail d’Amont était alimentée par une source du quartier de Bramafan, éloignée d’un kilomètre et demi. 

Le 25 juin 1842, un cahier des charges est établi pour la fontaine qui doit être reconstruite.

Mais le 21 février 1886 le conseil municipal doit encore délibérer : « La conduite des eaux qui alimente la fontaine de la porte Saint Jean est dans un état de délabrement tel, que l’eau n’arrive plus à la fontaine. Cette conduite construite en tuyaux de poterie est brisée pour ainsi dire sur tout son parcours d’où il résulte que tout le quartier de la porte Saint Jean, l’un des plus populeux de la ville est complètement privé d’eau potable, il y aurait lieu d’établir une nouvelle conduite en tuyaux de fonte, à l’endroit où se trouve l’ancienne. le long du chemin vicinal dit Chemin des Mines… »

(Il s’agit du Chemin de Graffine qui doit son nom à Mr Graffin, directeur général de la mine.)

Les travaux seront terminés le 22 avril 1887 Et pourtant en 1900, les eaux qui coulent de cette fontaine sont considérées comme mauvaises.

 

Autre type de problème :

Le 30 octobre 1925,  « Le conseil municipal considère que la fontaine constitue une gêne pour la circulation et décide de la déplacer et de l’adosser au mur contigu à la maison Merentier (aujourd’hui Siccardi) et de supprimer le lavoir public qui se trouve là, dans l’intérêt de l’hygiène »

La décision sera suivie d’effet dès 1926. Dans son périple de quelques mètres, elle perdra : la moitié de son bassin, 2 canons, et son acrotère, décoration somitale : une pomme de pin. Celle-ci sera remplacée en septembre1998 lors de la dernière restauration par la municipalité Roger Tassy. Cette fontaine a été connue au début du XXème siècle, comme la « Fontaine des vaches ».

L’élevage des bovins n’était bien sûr pas dans la tradition tretsoise. Cette activité, a été « importée » lors des vagues d’immigration piémontaise. Laurent Revelli, fermier, s’était installé au quartier du Tampan et amenait ses vaches, le soir, se désaltérer dans la conque de la fontaine d’Amont…, de Notre Dame de Nazareth…, de la porte Saint Jean et donc… des vaches. C’était un spectacle quotidien apprécié et gratuit.

 

LES NOMS DES RUES VOISINES

La fontaine est donc située  en haut du Boulevard Etienne Boyer, anciennement Boulevard Saint Jean :

 Etienne Boyer, juge de Paix, maire de Trets de 1871 à 1874.avait légué tous ses biens au Bureau de Bienfaisance. A partir de 1925 sa maison sera un temps l’école maternelle. Le Boulevard porte son nom depuis le 4 mars1902.

- Si le Boulevard Vauban construit au quartier du Tampan n’a pas changé de nom…

- …l’ Avenue Aristide Briand succéda le 12 mars 1937, au Chemin des Mines. En 1941 ; elle devint Rue Kirbon, pour 5 ans…

 Elle retrouva le nom de l’ardent pacifiste en 1946.

 

QUARTIER PEU COMMERCANT

- Hormis la première pharmacie de Trets créée par Chanteduc implantée sur le boulevard, on ne se souvient que

- De la marbrerie Gautier 1er magasin de Maty-Fleurs,

-et de l’atelier de menuiserie Bondonno.

 

-8- LA PLACE AUDRIC

Dans la mémoire collective, il s’agit de la Place du Château. Celui-ci a été édifié aux XIIème ou XIIIème siècles.

Jean-Luc Thomassin de Peynier, dernier seigneur de Trets, l’a vendu :

- En 1803, à la famille Rouquier, qui l’a légué à

- La famille Faguet.

- Antoine Léandre, Charles Audric l’a acheté pour y installer une fabrique de céramiques.

- Paul Audric, y installe la gendarmerie en 1893. Les militaires occuperont le château jusque vers 1960.

- Le lieutenant colonel Georges Audric, qui en a hérité en 1953, le vendra à Mme et M. Escaffre. Ces derniers l’ont cédé à la ville, la municipalité Loïc Fauchon, l’ayant acquis en 1992.

 

Sur ce dessin, réalisé vers 1825, on voit que le devant du château était clos de murailles déjà plus ou moins ruinées. A la fin de la 2ème guerre le parvis et l’accès au centre ancien sont privés. Ce n’est qu’en 1960, à la demande de la Municipalité Marius Michel, que la place et le passage sont cédés à la ville. Pour rendre hommage à son ex-propriétaire et par délibération du 2 avril 1960, la nouvelle place publique, aménagée, est dénommée  « Place Audric »

 

RENOVATION DU CHATEAU

La municipalité Roger Tassy, après avoir fait rénover la toiture, refaire les façades, a procédé à l’aménagement du rez-de-chaussée et du 1er étage. L’inauguration, pour les Journées du Patrimoine 2001, fut l’occasion de faire revivre une fête médiévale sur le parvis. Notre château, nos remparts, sont les témoins de 1000 ans de notre histoire, le fruit du travail des serfs et des paysans. Leur construction, leurs réparations successives, exigèrent des sacrifices humains et financiers de la part de la Communauté. Mais quel  beau Patrimoine !

LA FONTAINE « TIVOLI ! »

Le puits du château plonge dans une nappe d’eau très abondante qui d’ailleurs donnait naissance naturellement à un puits artésien situé en léger contrebas sur le cours Esquiros.

Le 6 Avril 1870 Mr Luppi, maçon, certifie qu’il a terminé le creusement du puits Tivoli sur le Cours Esquiros. Il sera équipé ultérieurement d’un habillage et d’une pompe à balancier.

Par un aqueduc souterrain, le puits artésien donnait ses eaux à la fontaine du Portail de Pourrières.

La fontaine Tivoli a été restaurée en 1997 par la municipalité Roger Tassy.

 

 

9- LA FONTAINE DU PORTAIL DE POURRIERES

Cette fontaine est emblématique de notre ville. Située à l’ origine extra muros, devant la Porte de Pourrières, elle est aujourd’hui, à la jonction des artères principales : le Boulevard de la République, l’Avenue Jean Jaurès et le Cours Esquiros,

Elle a été, jusqu’en 1883, doublée d’un lavoir établi contre le rempart, à la hauteur de l’actuel hôpital de jour.

Cette fontaine, qui était la plus fréquentée du village, avait un débit très insuffisant pour faire face aux besoins et dès 1846, la municipalité est contrainte de trouver une autre source pour l’alimenter. Ce sera l’eau de la source du château, qui coule avec un débit de 32,83 m3 par jour. Une conduite de 51,50 m sera exécutée entre le château et la canalisation déjà existante.

Les travaux sont terminés le 14 novembre 1847. En 1928, suite à d’importants dégâts dûs au gel, le conseil municipal décidera d’une nouvelle restauration. Dans l’affaire, elle perdra son acrotère (boule sphérique sommitale).

En 1976, la municipalité Jean Féraud décide de la déplacer légèrement, afin d’établir deux voies de circulation autour.

Au cours de la reconstruction, son obélisque perd encore un mètre…

Le conseil municipal du mois de juin 2012, présidé par Jean Claude Féraud, avait décidé de rendre à la fontaine ses étages disparus… Ce qui est fait depuis le mois d’avril 2015 à la grande satisfaction des amoureux du Patrimoine…

 

CHANGEMENTS DES NOMS DE VOIES

Lors du grand chambardement des noms de rues de 1941

- Le Boulevard de la République est devenu l’Avenue du Maréchal Pétain

- L’Avenue Jean Jaurès, le Boulevard de la République

- Et le Cours Esquiros, le Cours Frédéric Mistral

En 1946 au retour de Marius Joly, seul le Félibre de Maillane ne retrouvera pas de voie…Il faudra attendre 2004, pour qu’il soit dignement honoré.

 

LES COMMERCES AUTOUR DE LA FONTAINE :

- Le café du Cours est sans doute, le plus ancien

- La confiserie Blanc est devenue la confiserie Armand ensuite la pâtisserie Claude Alberto dit Albert, puis Arnac…

- De l’autre côté de la Porte de Pourrières, le café du Siècle a appartenu à Madame Monge puis à Jeannot Spéziani, et ensuite à Elisabeth Damel.

- Le Cercle du Réveil Social est devenu en 1923 le Cercle Jean Jaurès qui a fonctionné jusqu’ en 1984 sous la houlette de son dernier Président : François Coquillat.

- Le salon de coiffure masculin Imbert puis Rolland

- La boucherie Icard puis Moulinas devenue pharmacie Poitrasson puis Gervasonne.

- Le magasin de vêtements Bonnetto devenu Agence de voyages

- La Coop alimentaire gérée par Rosia Montanard puis sa fille Marinette Manzanarès.

- Le salon de coiffure féminin Louisette puis Véronique….

 

Traversons la route pour redescendre, on recensait :

-L’Hôtel du Cheval de Bronze

-Le Bazar Bleu de Marie dite « de la broque » puis d’Esmenjaud

- La quincaillerie Jules Tardivet

- Le Casino, puis, à l’angle de la rue Victor Hugo :

- Le marchand de cycles Négrel  devenu

- le salon de coiffure Gaby Favoritti puis plus tard Agence Immobilière

- Le salon de coiffure Eugène Fagni

- La Droguerie Armand Jules puis Georges

- A la suite, sur l’Avenue Jean Jaurès :

  -La mercerie Myléna de Mmes Amblard, puis Bouton

  - et la boucherie Armand.

 

Et de l’autre côté de l’Avenue :

-Le premier bâtiment édifié extra muros après la Révolution, le relais de diligences : le Grand Logis. Celui-ci devint l’Hôtel de France propriété de la famille Dubois. C’est ici même que le célèbre Honoré fit son apprentissage de cuisinier.

Plus tard, le café de France fut la propriété de Pally puis de Paul Duri avant de devenir le restaurant l’Oustaou.

Et enfin pour terminer le tour immédiat de la fontaine :

-Le bar tabacs de Lucien puis André Monges et ensuite Jo Vague.

 

A LA FONTAINE COULENT MES SOUVENIRS

Dans les années 40 et 50, tous les enfants de Trets convergeaient vers la fontaine avant d’emprunter la rue Victor Hugo pour aller vers leurs écoles maternelles, de filles, ou de garçons. Dès les premiers beaux jours, ils assaillaient la fontaine pour s’agglutiner autour du bassin, ou même grimper sur les grilles des « pichiés ».

-Ils se disputaient gaiement à qui boirait le premier, faisant fi de l’avertissement peint en énormes lettres sur le fût :

Oh ! Impuissance muette de l’inscription !

-Ils s’aspergeaient en riant aux éclats, ou tentaient d’atteindre les filles qui s’obligeaient à raser les murs…

L’été, dans les moments de grande sécheresse, les enfants dubitatifs collaient une oreille contre l’orifice des canons, écoutant cette musique déconcertante faite de souffle essoufflé et de rares glouglous lointains. Nous étions remplis de crainte à l’idée que cette eau pourrait s’être évanouie à jamais…

Et pourtant c’était bien l’été, alors qu’elle se mourait, que la fontaine revêtait ses plus beaux atours pour présider aux bals de Saint Jean, de Saint Eloi, lieux de rencontres, de joie et de renouveau…

Mais de mémoire d’écolier, ce qui était le plus marrant, c’était l’hiver… Alors que l’eau coulait à gros jet, sans discontinuer, le soir, les enfants détournaient l’eau des canons pour la diriger sur la placette, le long des platanes effeuillés. Une grande flaque se formait, s’étendait en prenant de l’épaisseur…Celle-ci préparait les extraordinaires glissades du lendemain matin sur l’eau gelée par les températures négatives de la nuit. Nul besoin de patins, les gros souliers étaient parfaits pour s’élancer, glisser, parfois tomber, avant de rejoindre, rouges de froid et de plaisir, les classes chauffées de Messieurs Odon, Bourlier ou Chauvin.

-10- DE LA PLACE SAINT JEAN

AUX JARDINS DE LA MINE

Nous n’oublierons pas d’évoquer la Place Saint Jean ou « Carreau de la Mine »

Il n’y avait pas à Trets de puits vertical, mais une galerie qui, à partir de 1879, s’est enfonçée par une faible pente, sous les collines du Régagnas. Au fur et à mesure des nécessités et des progrès techniques, des infrastructures ont été ajoutées autour de l’entrée de la galerie.

Cette photo de 1935, illustre bien la place :

- Les berlines ont été sorties des galeries et rassemblées pour être emmenées vers la Grand Combe :

- A droite, l’entrée de la galerie ;

- Sur son côté gauche, l’écurie : pendant longtemps les berlines ont été tirées par des chevaux ;

- Au fond, au centre, les bureaux ;

- Au fond, à gauche, la forge.

 

Après la fermeture de la mine, le « Terras », comme on disait alors, sera abandonné.

Cette photo nous montre, en bas à gauche, l’espèce de zone interdite qui a longtemps subsisté à l’entrée ouest du village, derrière un grand mur.

Le 5 décembre 1973, la municipalité Jean Féraud achète les terrains aux houillères.

Des aménagements sont créés pour une quinzaine de lots dont la Poste, la Gendarmerie, les Services Techniques de la ville, le Garage Icardi, les Meubles Massimelli, OMCR, les Autocars Burle…  Après l’avoir utilisée un temps comme garage-atelier de la ville, la municipalité décide de transférer la bibliothèque dans l’ancienne forge. L’aspect historico-industriel de l’édifice a été heureusement conservé. L’inauguration de la bibliothèque municipale eut lieu le 20 octobre 1990.

Le même jour, la place arborée a été dénommée : « Les Jardins de la Mine ».

Ce furent trois élus, mineurs, actifs ou retraités : Roger Tassy, Charles Milési et Daniel Ippert - qui eurent le privilège de dévoiler la plaque.

Le 16 septembre 2006, pour parachever cette volonté de mémoire, la médiathèque fut joliment baptisée « La Mine de Mots »  Un agrandissement de la Médiathèque a été inauguré par la municipalité Jean Claude Féraud le 17 septembre 2011.

 

-11- LA FONTAINE DU PUITS DE MELLET

Elle était située dans l’ancien quartier de la Bourgade, rue Victor Hugo, contre le mur de l’école. En 1881, parallèlement à l’édification de la première Ecole publique, le maire Xavier Amalbert explique :  « Jusqu’ à ce jour la Rue des Observantins était d’utilité secondaire mais elle devient avec la construction des Maisons d’Ecole, notre rue principale. Il faut donc procéder à des réparations urgentes »
C’est à cette occasion que le puits de Mellet
  a été aménagé en fontaine avec une pompe adaptée.

-En 1923 la chapelle du Mont Carmel à l’extrémité de la rue Victor Hugo fut démolie pour donner plus d’espace aux enfants de l’école.

Voici un quatrain de Fernand Richard qui a fréquenté cette école avant la guerre de 14/18 :
« Une autre était tout près l’école communale
Où, jeunes écoliers, nous lavions nos mains sales
S’y attardant souvent à siphonner le jet
Nous valant à l’entrée, notre mise au piquet »

La fontaine a été restaurée en 1988, par la municipalité Jean Féraud, lorsque l’école a été réhabilitée, mais elle a disparu lors de l’aménagement de la place et de sa végétalisation en 2005. La Rue Victor Hugo n’a jamais été très commerçante, mais on se souvient :

- De l’atelier de menuiserie de Claude et Yvette Ballatore et

- Du magasin d’électro -ménager de Clément et Josette Luquet, devenu plus tard un opportun magasin de bonbons : « La Fête au village », sur le chemin des écoles.

 

 

-12- LA FONTAINE DU PUITS HUGUES ET LA RUE FLEURUS

 En 1883, alors que l’intérieur de la ville manque cruellement d’eau potable, une opportunité exceptionnelle se présente à la municipalité de Marius Remusat.

Le 17 juin 1883, le conseil municipal délibère :

« Le sieur Hugues possède dans la Rue de l’Hôpital (aujourd’hui Rue Borde) une vieille maison dans laquelle est creusé un puits qui n’a jamais manqué d’eau. Il consent à céder son immeuble à la commune pour la somme de 2000 francs, si celle-ci accepte de démolir le lavoir existant près de la fontaine du portail de Pourrières Ce dernier, à sec, inutilisé depuis 1882, est devenu un véritable cloaque et il en monte des émanations compromettant la santé publique ».

Suite à cette délibération, l’achat sera conclu le 19 août 1883. La maison sera rapidement démolie et une pompe installée sur le puits, donnant naissance à cette fontaine appelée aussi Bontemps... Par d’autres démolitions de maisons, une voie nouvelle est créée mettant en correspondance la Rue Borde et le Boulevard Vauban.

-Il faudra attendre le 16 Avril 1920 pour que cette voie devienne la Rue Fleurus, sur proposition du maire Barthélemy Aubert.

-Toutefois, en 1941 et pour 5 ans, elle sera rebaptisée Rue Toussaint Baux.

Observez, sur la photo, l’habillage en métal qui avait été réalisé pour cette fontaine. Imaginez maintenant la perspective qu’on pouvait avoir de la Rue Borde.

On peut regretter que, lors de la restauration de la fontaine, par la municipalité Loïc Fauchon en 1991, ce joli clin d’œil n’ait pas été reproduit…

« DANS LA RUE FLEURUS, LA FONTAINE BONTEMPS »

Fin dix-neuvième siècle, en dernière décade,
On tomba les remparts pour faire une rocade.
Sur les fossés comblés fut construite une rue
Au nom vibrant de la victoire de Fleurus.
Nos édiles d’alors firent cette œuvre utile,
D’élargir les contours dessinant notre ville.
La maison Hugues acquise, sur le puits existant
On y édifia la fontaine Bontemps.
Des plus appréciée en période sèche
On l’avait surnommée la fontaine à l’eau fraîche,
Y venant de partout d’à travers le pays
Surtout quand c’était l’heure de boire le pastis.

Fernand RICHARD

 

 

 

-13- 1900… SITUATION D’URGENCE

A la fin du XIXème siècle des fontaines ont été effectivement édifiées, mais1900 sera une « année horrible. » Une sécheresse exceptionnelle a régné dans la région : Une fois de plus, l’Arc, les puits, les fontaines, sont à sec.

Fin septembre, un orage d’une violence inouïe provoque des infiltrations dans la nappe phréatique. Toutes les fontaines qui ont recommencé à couler distribuent généreusement germes, fièvres typhoïdes et colibacilles… Déjà, 4 décès ont été enregistrés !

Les autorités doivent agir vite…

 

RAPPORTS SUR LA SITUATION

A.RAPPORT DU MEDECIN DES EPIDEMIES

« -La population boit surtout les eaux de huit à neuf puits. L épidémie a débuté très peu de jours après une pluie torrentielle qui a donné 84 millimètres d’eau. Il s’est produit à ce moment une contamination de la nappe d’eau qui alimente les puits .

-Le jet de matières dans la rue se fait encore fréquemment, ce qui explique, l’existence à l’état endémique de la fièvre typhoïde. Il serait vivement à désirer que des travaux d’amenées d’eaux potables fussent faits le plus tôt possible. »

 

B.INSTRUCTIONS DE MONSIEUR LE PREFET

« 1) Ne se servir pour l’alimentation, que de l’eau provenant des fontaines canalisées par des tuyaux. Quant aux eaux des puits publics ou privés, il est recommandé de les faire bouillir avant de les consommer.

2) Dans les familles où se trouvent des malades atteints des fièvres, il est ordonné :
-de désinfecter les matières fécales avec une solution de sulfate de cuivre.
-de désinfecter le linge en le faisant bouillir pendant une demi-heure environ.

3) Il est expressément défendu aux personnes ayant des malades d’aller laver leurs linges aux lavoirs publics sans, au préalable, les avoir désinfectés.

4) Prendre des mesures pour que les déjections des malades ne soient pas déversées sur la voie publique. »

C. SEPTICISME DU MAIRE

« Messieurs les Conseillers Municipaux, il est de notre devoir de tenir compte des indications de Monsieur le Sous -Préfet. »

Mais je ne crains pas de le dire, il est presque impossible de les mettre en pratique : Peut-on, en effet, exiger que l’on fasse bouillir l’eau pour l’alimentation, quand, pendant six mois de l’année, il n’y a qu’une seule fontaine dans le pays qui débite un faible canon d’eau ? Quant à la désinfection ordonnée pour le linge des malades, la population est encore réfractaire à ce genre d’opérations. Cependant, tout sera mis en œuvre pour préserver la population… »

 

-14- PLACE BARTHELEMY

LES RUES BLANQUI ET FELIX PYAT

D’après le cadastre de 1827, Entre la Rue du Troquet, au nord, et la Grand’ Rue, au sud, il n’existe alors qu’un passage et un pâté de maisons vétustes. Ces habitations délabrées appartenaient à Barthélemy Constant qui les a léguées à la ville.

A son décès, en 1903, et sur la proposition du maire Adolphe Pailheiret, ces maisons seront abattues, par mesure d’hygiène et pour libérer un espace qui sera aménagé en placette. Le puits de l’habitation du légataire, deviendra public.

 

A PROPOS DES NOMS DE RUES

-Le 2 janvier 1904, le conseil municipal délibère :  Il est décidé que l’ancienne rue Bonne Grâce, convertie aujourd’hui en place publique, sera désignée sous le nom de Barthélemy Constant ».

-La Rue du Troquet deviendra la Rue du Docteur Pourcin.  Ce médecin, décédé le 18 mai 1872, avait fait un don de 1500 F au bureau de bienfaisance.

 

-La Grand’ Rue sera rebaptisée du nom d’un ardent révolutionnaire :

Auguste Blanqui (1805-1881) est classé comme un des fondateurs de l’ultra gauche. Adversaire déterminé des rois Charles X et Louis Philippe, il sera un des initiateurs de la seconde République.

-Bien sûr, en 1941, la municipalité nommée par Vichy, destituera le révolutionnaire pour redonner à la voie son nom de Grand’ Rue… et, bien entendu, en 1946, après la Libération, la rue reprendra le nom de Blanqui.

LES COMMERCES DU QUARTIER

Ce quartier a été très animé, jusque dans les années 1960, par un panel de commerces. On y trouvait :

- Une marchande de volailles, de lait, d’œufs : Barthélemy Rose (dite du lait), puis Moutte Désirée et Girard Paulette.

- Une antenne des Nouvelles Galeries et atelier de cordonnerie créé par-Jules Besson dit « Le cigalon de l’Olympe ». Après lui, il y eut l’épicerie Mistre, puis le magasin de radio -électricité de René Baille.

- Une boulangerie tenue par  un certain Martin, ensuite par Semeria puis par Gautier Jeannot  et Fernande ;

- Le magasin de café O’ Moka,

- Le marchand de vaisselles, Rigaud  dit « Tarraïettes » ; puis La Boutique de Jeanne Rolland,

- L’épicerie Buscaldi ;

- L’épicerie centrale de Gautier; puis Raymonde Auric.

- Les merceries Renée Garcia et Picano.

- Et sur la place même, la poissonnerie, tenue successivement par Signoret, Marcel et Rosette Iscariot, François Marradi Marc Reboul  et enfin, Serge Brun.

Au-delà, la Rue Blanqui débouche sur la rue portant le nom d’un autre progressiste : Félix Pyat (1810-1889), fondateur du Parti de la Commune et député de Marseille en 1888.

-En mai 1941, sa rue, redevint jusqu’en 1946 : « Rue Portail de Pourrières. »

Cette rue fut au XXème siècle un véritable centre commercial avec :

- L’épicerie Reynaud, puis Gontier, et enfin, Pascaline,

- La boucherie Jourdan, puis Perrette

- La boulangerie Pellegrin puis Fabry

- Le magasin de chaussures-mercerie Chaillan, puis Marie Reynaud, Bellieu puis Leroy et enfin Monique.

 

 

 -15- LA PLACE DE LA LIBERATION

Jusqu’à la fin du XIXème siècle, la ville est encerclée par des  prés, appartenant à Mlle de Forbin d’Oppède. C’est sur ces terrains que la première place tretsoise des temps modernes, va être créée à l’aube du XXème siècle.

Sa forme géométrique sera dictée par la pré-existence :
- A l’est : de la route nationale 8 bis aujourd’hui déclassée,
- Au nord : de la voie ferrée Gardanne-Carnoules.

La gare, édifiée à en 1877 sous la pression des mines de la Grand’ Combe arrêtera totalement son activité « voyageurs » en 1944. Dès son élection, Adolphe Pailheiret se rapproche de Mlle de Forbin d’Oppède et lui demande de concéder ses terrains à la commune.  La propriétaire a de telles exigences que la ville décide de maintenir le statu quo. Le Marquis de Chénerille en devient acquéreur…et reprend à son compte les propositions de la ville… Dès le 31 mai 1902, la transaction sera faite, et l’espace va pouvoir s’équiper et s’urbaniser très rapidement.

 

Dès 1903 :

- Les platanes sont plantés en février.
-
La maison Baptistin Gautier est édifiée.
-La bascule publique, antérieurement sur l’actuelle Avenue Mirabeau, y est transférée.
Elle est devenue dans les années 90 un éphémère Office du Tourisme.

En 1904 

-Le 2 janvier, le maire propose au conseil municipal : « que les citoyens qui ont laissé un souvenir impérissable dans le pays soient honorés et que le boulevard allant à la gare s’appelle d’Oppède ».

- La fontaine à balancier va être édifiée pour embellir la place, mais surtout pour permettre aux habitants du nouveau quartier, de se ravitailler en eau. Le devis d’un montant de1700 Francs est accepté le 17 Août 1904… Malheureusement ses eaux ne seront jamais potables…

- Ce même 17 août le nouveau maire Célestin Michel fait délibérer :

« Le nom d’Oppède. donné à la place ne répond pas aux aspirations démocratiques du pays. Considérant que cette place se trouve dans le voisinage des écoles, décide de substituer au nom d’Oppède, le nom de Paul Bert, un des créateurs de l’enseignement laïque. »

 

LA POSTE

Une délibération du conseil municipal du 8 octobre 1905 nous apprend que : «Le local qui était affecté au Service des Postes et Télégraphes (dans l’hôtel de ville) est libre par suite du transfert des postes au quartier de la gare ». La Poste ne restera pas longtemps dans ce bâtiment. Elle sera remplacée par l’Hôtel Boyer.

Par la suite, le docteur Aboucaya y créera une clinique.  En 1964, la Municipalité Marius Michel rachètera l’édifice pour le mettre à la disposition du Service des Impôts.

Mais revenons en arrière...

LE KIOSQUE A MUSIQUE

En 1932, la municipalité, dirigée par Marius Joly fait édifier le kiosque à musique sur la Place Paul Bert. Son inauguration sera l’occasion d’une fête grandiose le 25 septembre. Le kiosque sera pendant une dizaine d’années, le théâtre de nombreux concerts, mais le 17 juin 1944, c’est une tragédie qui aurait pu s’y dérouler…

 

 

LES EVENEMENTS DU 17 JUIN 1944

LE CONTEXTE:

- La ville est administrée depuis janvier 1941 par un premier magistrat nommé par Vichy, le Docteur Giudicelli, responsable de la section locale de la Légion Française des Combattants ;
- Un certain nombre de Tretsois se sont engagés dans deux maquis : celui de Saint Jean et celui du Puits d’Auzon.

- Le 6 juin 1944, les Alliés ont débarqué en Normandie.

- Alertés par les messages :

     -« Le beau trèfle à 4 feuilles sera bientôt pris »
     -ou « Les poches se remplissent »

…les Patriotes ont reçu plusieurs parachutages d’armes qui vont entraîner une intervention allemande :

LES FAITS :

-Au matin du 17 juin, les Allemands, conduits par un collaborateur, exigent que la population se rassemble sur la place de la gare pendant que des soldats vont fouiller chaque maison ;  Juché sur le kiosque, et après quelques coups de feu, un officier allemand prononce des paroles menaçantes pour le cas où des armes seraient trouvées dans les maisons. Le maire, ancien médecin-colonel de la guerre de 14-18, arborant ses décorations, se porte alors garant de la loyauté de ses administrés envers les occupants, allant jusqu’à donner sa parole d’officier.

- En fin d’après-midi les Allemands n’ayant pas découvert les caches d’armes, les Tretsois peuvent regagner leurs maisons, conscients du danger qu’ils avaient couru.71 ans après, les Anciens gardent en eux ces souvenirs et des opinions diverses sur les dénouements possibles de cette angoissante journée.

 

CHANGEMENTS DE NOMS

D’autres changements de noms auront affecté la place pendant la période de guerre. Paul Bert en fera bien entendu les frais et à compter du 20 Mai 1941 la place sera simplement dénommée « Place de la gare ».

Après la guerre, elle devient la « Place de la Libération ».

 

LES UTILISATIONS DE LA PLACE DEPUIS LA 2eme GUERRE

En 1945, les activités quotidiennes reprennent et vont peu à peu se diversifier.

-La bascule publique reprend du service, pour le marché aux melons qui est rétabli.
- La foire du mois d’août, autorisée depuis 1519, est relancée en 1953. Sur cette photo, on reconnaît Désiré Henry, Conseiller Général, Marius Michel, maire et Fernand Richard, lequel deviendra 50 ans plus tard Président d’Honneur des Amis du Village !!!
- La place de la Libération a surtout été pendant de nombreuses années, le royaume des boulistes, les Modestes.

-C’est là aussi que, depuis 1989, se tiennent la Journée des Associations, et, des concerts dans le cadre des Fêtes de la Musique. De façon plus épisodique, la place devient plateau de cinéma. Ce fut le cas au moins à trois reprises :

- En 1963, Henri Verneuil, Fernandel, Rellys et Arletty tournent le « Voyage à Biarritz ».
- Dans les années 1990, on tourne une pub pour des cigarettes japonaises
 - Et plus récemment, c’est Bob Swaim qui y a filmé une poursuite et une explosion pour les besoins du film « Nos amis les flics » en aout 2003.

 

ANIMATIONS COMMERCIALES

Si on excepte les remises des producteurs de melons qui ouvraient l’été pour la vente directe, la place a été longue à voir des commerces s’y installer.

- Le Café de la gare a été le domaine des Audric : Léon, Dédé puis Valérie épouse Monti

- Le Café Moderne positionné dans l’ancienne gendarmerie a été longtemps tenu par Mrs Gardanne, puis Redon.

- Le marchand de Cycles Jean Doidy

- Le garage Albert Arnaud,

- L’atelier de menuiserie de Julien Pally qui deviendra la boulangerie Le Husky puis de La Gare,

-et le garage Baudino puis Gianolla.

Ce n’est véritablement qu’à partir des années 1980 que vont s’y installer

- Le magasin de journaux Le Sagittaire,

- Maty-Fleurs,

- La Boucherie Christophe Armand,

- Le marchand de fruits et légumes,

- La pharmacie,

puis les autres…

 

-16- LA PLACE NELSON MANDELA

A l’origine, c’était le jardin du couvent puis de la ferme des Minimes. Dans les années 60, Albert Arnaud a acheté le terrain pour y transférer son garage Citroën et les pompes à essence Elf. Lorsque la municipalité Fauchon a programmé le grand projet des Jardins des Remparts, il fut prévu de racheter aussi le garage pour créer un espace public. La municipalité Jean-Claude Féraud  y a implanté l’Office du Tourisme et le Centre Médical, équipements inaugurés le 13 décembre 2013.

QUELLE ADRESSE POUR CET EQUIPEMENT ?

- Jusqu’ à la fin du XIXème siècle, le jardin marquait l’entrée du village sur Le Chemin d’ Aix.
- Ce dernier deviendra en 1893 l’Avenue Mirabeau.

- le 12 mars 1937, la municipalité Marius Joly décide que cette longue Avenue sera scindée en 2 parties, renommées :
- Roger Salengro, de la Route de Puyloubier au Jardin des Minimes, puis Mirabeau, à partir de ce lieu.

Mais le 16 décembre 1940, le sous Préfet exige de revenir à la situation antérieure…
-En 1946, en réaction, la municipalité délibère et renomme le tronçon Roger Salengro… Curieusement cette décision ne sera pas mise en application…sauf par les services du cadastre et de l’EDF…

-Le 13 décembre 2013 le parvis devant la Maison du tourisme reçut le nom de Nelson Mandela, militant sud africain des Droits de l’Homme, qui comme Auguste BIanqui, passa de longues années en prison.

 

-17- LE SQUARE THERESE BAUX DITE MOISEL

Ce n’est pas réellement une place, mais c’est avec plaisir que nous allons l’évoquer ici.

Lorsque les propriétés seigneuriales ont été vendues, un certain Guichard a acheté une partie de l’ancien « grand jardin » pour y faire édifier le casino, en 1909. Celui-ci deviendra rapidement la salle de cinéma. Celle ci sera entièrement rénovée à l'été 2018. Marius Bastard l’a acquis en 1932 et a développé les activités cinéma en proposant des séances en plein air, l’été, et en organisant une fête annuelle du casino, avec des projections gratuites et des concours de boules.

Sous sa responsabilité, le casino deviendra en 1944 une des caches d’armes du maquis de Saint Jean. Il l’exploitera jusqu’en 1952. Paul Michel le rachète en 1956, et le gardera jusqu’en 1971.

La municipalité propose alors d’acquérir pour la somme de 342500 francs, la propriété qui est devenue un passage stratégique entre le centre ville et le collège créé à côté du stade. La municipalité Jean Féraud finalisera la transaction en 1972.  Dès lors, la salle l’Olympe deviendra le domaine des Anciens et le casino, la salle des associations.

En 1995, la municipalité Loïc Fauchon implantera, dans la cour une aire de jeux d’enfants, idéalement située au carrefour des écoles Edmond Brun, Victor Hugo et Jean Moulin.

 

Le 5 septembre 2015, c’est à la municipalité Jean-Claude FERAUD que revient l’honneur de dénommer cet espace de jeux le « Square Thérèse Baux, dite Moisel » : hommage à une femme de cœur et de paix qui a voué sa vie aux enfants, aux anciens, aux malades…  Dans les locaux du presbytère voisin, elle assurait la garderie pour les petits, la catéchèse et le patronage le jeudi et le dimanche, et dans ce même cadre les séances du « petit cinéma ».

GUY VAN OOST PRESIDENT  DES AMIS DU VILLAGE


FIN