PAS DE FEUILLETON de l'été qui tienne la route sans un scénario en béton. « Le Miroir de l'Eau » (ce soir à 20 h 55 sur France 2) n'échappe pas à la règle. Sauf que, cette fois, l'accent n'a pas été mis sur l'intrigue, mais sur l'ambiance (fantomatique) et sur les personnages, particulièrement fouillés.

Un parti pris que l'on doit aux scénaristes Véronique Lecharpy et Olga Vincent. Près de huit millions de téléspectateurs les ont approuvées lors des deux premiers épisodes. « On osait à peine l'espérer, c'est très encourageant de voir que le public a pris autant de plaisir que nous ! » se réjouit Véronique, l'une des deux têtes pensantes de ce tandem inséparable. Un duo bien rodé qui travaille depuis longtemps ensemble, et à qui la Deux doit déjà cette année un autre gros succès : « Ambre a disparu », avec Miou-Miou, salué par sept millions de personnes en février, un polar subtil qu'elles ont écrit et coproduit, et dont elles préparent la suite.
La dernière touche a été apportée par les comédiens Pour le « Miroir », Véronique et Olga n'ont eu que quelques semaines pour reprendre une ébauche de scénario imaginée par la productrice Sophie Révil. « On avait l'essentiel de l'histoire, y compris la présence du fantôme. Mais il a fallu tout retravailler. » Les deux auteurs ont eu carte blanche pour allier saga romanesque et frissons fantastiques. « Le fantôme d'Isaure revient pour faire savoir aux vivants ce qui s'est passé, rappelle Véronique Lecharpy. On aimait bien cette idée que les esprits ne partent que lorsqu'ils sont en paix, comme dans les films Sixième Sens ou Always , qui nous ont inspirées. » Plutôt que de miser sur les effets spéciaux, elles ont préféré créer le mystère comme au bon vieux temps, avec portes qui claquent et empreintes sur le sol. « Plus on suggère, moins on montre, et plus on a peur. » Mais pas de saga sans secret de famille ni histoire d'amour. « Ce sont les passages obligés du genre, mais on ne s'est pas du tout forcées ! poursuit la scénariste. Le public a envie de voir de l'amour, des sentiments, des conflits familiaux, et nous aussi on en avait envie. On a évité de revoir les feuilletons précédents pour ne pas se laisser brider. » La dernière touche a été apportée par les comédiens qui, une fois n'est pas coutume, ont discuté avec les scénaristes de leurs personnages. « C'est très rare de pouvoir le faire. Line Renaud, notamment, nous a permis d'améliorer le rôle de Suzanne. C'est un vrai plaisir pour nous. » Même si les deux femmes gardent une tendresse particulière pour la jeune Anna (Gaella Le Dévéhat), dont la vie est bouleversée par la nouvelle de son adoption. Un des mystères de l'intrigue qui seront dénoués à la fin, mais que certains téléspectateurs ont percés à jour dès le deuxième épisode... « Oui, des amis ont même tout deviné dès le premier volet, admet Véronique. Mais ce n'est pas gênant. Même si on a compris certaines choses à l'avance, on peut prendre plaisir à voir évoluer les différentes personnes et surtout savoir pourquoi elles agissent comme ça. A nos yeux, creuser la psychologie des personnages était plus intéressant. On n'est pas dans la même démarche que Zodiaque (NDLR : le feuilleton de TF 1), où le secret était tenu jusqu'à la dernière minute. » Ce soir, le troisième épisode du « Miroir de l'eau » préservera toutefois une partie du suspense jusqu'au dénouement ultime, la semaine prochaine.

LE SUCCÈS DE LA SAGA de l'été de France 2, illuminée par la présence de Cristiana Reali et à peine troublée par la présence de fantômes, ne se dément pas. Lundi soir, le troisième et avant-dernier épisode du « Miroir de l'eau » a réuni autant de téléspectateurs que le premier, et trois cent mille de plus que la semaine dernière, ce qui témoigne de la belle assiduité du public. Certes, la part d'audience (35,6 %) est en léger recul (39,9 % pour le premier volet, 37,1 % pour le deuxième), mais on reste tout de même à un niveau d'audience élevé.

Suffisamment, en tout cas, pour donner un gros coup sur la tête à l'infatigable commissaire Navarro de TF 1 (21,7 % de PDA), pourtant indéboulonnable d'ordinaire. Roger Hanin saura prendre sa revanche.