FAISONS JAILLIR LA MEMOIRE DE L'EAU

Causerie réalisée par GUY VAN OOST, le 15 Septembre 2012 dans le cadre des journées européennes du Patrimoine

 

 

  REPRODUCTION INTERDITE

INTRODUCTION

A Trets, comme en Basse Provence, la recherche et le stockage de l’eau ont constitué un problème crucial jusqu’au milieu du XXème siècle.   La sécheresse estivale reste la caractéristique majeure de notre climat. Les précipitations sont inégales et l’automne voit souvent se déverser des trombes d’eau.

L’effet des pluies se fait immédiatement sentir en sous-sol, où les réserves – si elles sont considérables – ne sont pas toujours facilement exploitables.

A Trets, coincé entre Sainte Victoire, Auréliens et Régagnas, les effets de la sécheresse sont sublimés par le relief, par la nature des sols et par le mistral qui assèche les surfaces. Ainsi, si l’eau reste abondante en sous-sol, elle est très rare en surface. Et pourtant, elle constitue l’élément le plus fondamental de la vie :

-       pour la soif des humains,

-       pour abreuver les animaux,

-       pour la cuisson des aliments,

-       pour le lavage du linge, etc.

L’approvisionnement en eau a donc constitué depuis l’Antiquité, le souci majeur et permanent. Et les provençaux de toutes les époques ont dû réaliser des travaux importants :

-       d’abord pour capter des eaux plus ou moins lointaines qu’il fallait canaliser,

-       ensuite, pour trouver des eaux souterraines qu’il fallait exhausser…

L’ARC

Fleuves, ruisseaux, sources, furent pendant des millénaires les seules ressources en eau accessibles pour les hommes et les animaux.

L’ Arc fut donc un moyen pratique, mais très aléatoire, de répondre aux besoins des premiers tretsois.

Le Caenus – nom qui signifie « bourbeux » - de Ptolémée, est devenu plus tard le Lari, puis le Lar et enfin l’Arc. Il naît sur le territoire de Pourcieux, au quartier des Moulières, à 480 m d’altitude. Il va serpenter 72 km avant d’aller se jeter dans l’étang de Berre, ce qui lui confère le statut de fleuve côtier.

Il entre dans la commune de Trets à la côte 245, en aval du barrage de Repentance. Il en sort 5,5 km plus loin, après le Moulin de l’Arc, à la côte 220.

Son régime est très irrégulier. Ce petit fleuve se donne le plus souvent des airs de rivière paisible, s’étirant entre Sainte Victoire et Régagnas, avant de s’assécher presque complètement, l’été venu. Et pourtant, il est capable de fréquentes colères ! Il est bien connu pour des crues mémorables.

Le document ci-dessous date de 1976, les pompiers qui étaient déjà intervenus à de multiples reprises pour assister des victimes de la crue, ont été à leur tour pris dans le courant et ont dû passer la nuit, agrippés à leur camion.

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L’eau peut monter d’un mètre cinquante en quelques heures et atteindre la vitesse de 18 km/h, soit celle d’un torrent.

Sur son territoire tretsois et limitrophe, l’Arc reçoit de nombreux ruisseaux encore plus irréguliers et taris une grande partie de l’année.

J’ajouterai que leurs noms ne sont pas très réguliers non plus…

Sur sa rive droite :

-           le grand Vallat de Puyloubier,
-
           celui de Malbaratte,
-
           « celui qui descend de Verlaque, »
-
           et le Vallat de Groule.

Sur sa rive gauche :

-       l’Aubanède,
-
       le ruisseau de Sainte Catherine,
-
       le Vallat dit de Très Cabres, déformation de Très Vabres (trois vallons). Celui-ci réunit les eaux des Vallats :
. de l’Arnavès,
. de Maou Vallon,

. de Bourdin,

. et de Saint Michel

-       le Vallat de Longarel, qui descend des Bonnets, et reçoit  ceux de la Tuilière, Graffine .

    - le fameux vallat d’Ancoli, si cher aux amoureux. Il amène les eaux de      Kirbon et il est, lui aussi, capable de grandes colères.

        -et enfin, le Vallat de Genouillet regroupant ceux  :

. de Bourrilly,

. et de Marignon.

L’Arc a joué plusieurs rôles.

Un rôle économique négligeable :

 l’Arc et tous ses ruisseaux n’ont  jamais permis d’envisager l’irrigation des cultures, étant asséchés dès le début de l’été.

A partir du XIIIème siècle, il a permis d’actionner :

-       le moulin de Gratian,

-      

-       et le Moulin de l’Arc : celui-ci a pu fonctionner jusqu’en 1914, mais après avoir été reconverti d’abord à la vapeur et ensuite à l’électricité.

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Un rôle social :

 l’Arc et certains ruisseaux ont permis le lavage du linge en certains lieux de leurs cours.

On évoquera les grandes bugades ultérieurement…

Un rôle de loisir :

si les baignades pouvaient s’y faire au début de l’été, dans des gourds, il y a encore une cinquantaine d’années, elles sont devenues impossibles…  La pêche y est très active au printemps.  Malheureusement on a trop souvent fait jouer à ce fleuve un rôle épurateur, notamment à la fin des années 1970. En 1980, l’Arc était considéré comme une rivière morte.

En 1982, les élus du Bassin de l’Arc, conscients du problème, fondent le S.A.B.A. (Syndicat d’Aménagement du Bassin de l’Arc). Sous la houlette de son premier Président, André SAMAT, le siège du S.A.B.A. s’installe à Trets. L’objectif du Syndicat est clair : faire renaître l’Arc.

 

L’EAU DANS LES CAMPAGNES

Sur les anciens cadastres, on voit que dans les campagnes les puits sont très nombreux. Ils sont proches des fermes ou des cabanons.

Autrefois, pour les besoins courants, on tirait l’eau simplement avec une corde, guidée par une poulie, et un seau.  Il faudra attendre le XIXème siècle pour que ces puits soient équipés de pompes à balancier. Près des fermes, pour obtenir des quantités d’eau plus importantes, on a eu recours :

 

* d’abord à la force animale, avec les norias :

celles-ci se composaient :

  -d’un puits large et profond,

  -d’une machine élévatoire à godets, installée dans le puits,

  -et d’une aire autour du puits pour le passage de l’animal qui actionnait la machine.

En 1958, Fernand CHAUVIN citait une dizaine de norias en ruines. A ma connaissance il ne reste plus que celle de la propriété CAYOL, qui est parfaitement entretenue.

* les agriculteurs ont utilisé plus tard la force du vent avec les éoliennes. Celles-ci nécessitaient de grandes quantités de fer pour leur construction. L’avant-dernière, sur notre territoire, se trouvait à la sortie de Trets, sur le CD6, là où le Conseil Général va édifier la nouvelle caserne des pompiers. La dernière, sauf erreur, se trouve sur le chemin des Colombes. Norias et éoliennes furent rapidement remplacées par les moteurs à essence, puis à l’électricité, beaucoup moins contraignants et beaucoup plus économiques…

 

DANS LE VILLAGE :

Là où se concentrait la plus grande partie de la population, le problème était naturellement plus aigu.

Les villageois ont été longtemps desservis par :

-        deux fontaines,
-
        6 puits communaux disséminés sur les places publiques,
-
        et un puits artésien.
-
        quelques maisons possédaient des puits particuliers.

Ces possibilités d’approvisionnement étaient bien entendu soumises à la sécheresse estivale. C’est pour cette raison que le problème de l’eau a été, pendant des siècles, la préoccupation essentielle des élus.

Les registres des délibérations des conseils municipaux en témoignent :

-       recherches de sources et nappes,

-       captage de sources, creusement de puits,

-       création de canalisations,

-       édification de fontaines,

-       entretien des canalisations réalisées en poterie ( jusqu’à la fin du XIXème siècle),

-       qualité et analyses de l’eau…

... remplissent les pages de nos archives !

 

SOCIOLOGIE DE LA FONTAINE

La fontaine, qu’elle soit à la périphérie de la cité ou sur la place, est perçue – jusqu’au milieu du XXème siècle – comme l’élément le plus fédérateur et le plus remarquable du paysage, et à de nombreux égards. Je l’ai déjà suggéré :

-       Elle distribue l’eau, la vie, par ses canons.
-
       Elle assure une réserve dans la conque.
-
       Elle alimente un abreuvoir par sa surverse.
-
       Elle permet le lavage du linge.

Le ravitaillement en eau obligeait à des déplacements pénibles vers la fontaine, où il  fallait attendre son tour pour remplir son « pichié » avant de remonter rue et parfois étages, en tenant précautionneusement à la main son broc ou son seau. Mais la fontaine était aussi un lieu d’échanges. Du matin au soir, la population d’un quartier se succédait devant ses canons. Les discussions s’y engageaient et c’est là qu’on apprenait les nouvelles : mariages, naissances, décès…

Remplir une cruche à la même fontaine, c’était donc avoir le sentiment d’appartenir au même quartier. D’ailleurs, tant qu’il s’agissait d’eau à usage domestique, ces lieux restaient des espaces de sociabilité féminine. En revanche, conduire les animaux à l’abreuvoir, l’irrigation, les initiatives en matière d’adduction d’eau, étaient des affaires d’hommes !

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Maintenant, offrons-nous une tournée des fontaines !

LA FONTAINE DE CLASTRE

 Au XIème siècle, lorsque les Sarrazins eurent été chassés de la région, les paysans quittèrent le mamelon de Saint Michel pour venir former un bourg important au bord de la plaine, plus propice à leurs activités.

 Afin de surveiller leurs vilains et évangéliser leurs ouailles, les seigneurs et le clergé les ont rejoints et se sont établis sur ce qui est aujourd’hui la place de la Mairie et la place Garibaldi.

Ce lieu fut choisi notamment parce que l’eau y jaillit en abondance, d’une source qui n’est pas encore une fontaine au sens des XIXème et XXème siècles.

La source resta plus de 7 siècles retenue dans un bassin inclus dans le jardin seigneurial « le René », proche du cloître. Elle était alors réputée pour donner une eau excellente et ne jamais tarir. De plus les versures étaient conduites vers les prés seigneuriaux qu’elles irriguaient en aval.

Par acte du 6 mars 1786, passé devant maître PAILHEIRET, notaire royal, en présence du « haut et puissant seigneur Jean-Luc THOMASSIN de PEYNIER, chevalier, seigneur, baron de Trets et autres lieux, conseiller du Roi »…. Le seigneur consent à céder à la communauté l’enclos du René et le bassin de Clastre.

Mais l’acte précise : « la commune pourra établir un lavoir, à condition qu’il ne nuise d’aucune manière aux arrosages des prairies seigneuriales et il ne sera jamais permis, ni à la communauté, ni aux particuliers d’en puiser ni transporter pour quelque usage, et sous quelque prétexte que ce puisse être… ».

La Révolution prendra évidemment soin de faire évoluer cet accord…

* Le 22 août 1808, pour faciliter l’accès à l’eau, un rapport préconise de démolir le bassin et le lavoir attenant, et d’amener les eaux, dans des conduits en poterie, depuis le bassin jusqu’à une « serve » (un endroit où on peut se servir). Le montant des travaux est estimé à 459,17 francs.

* Le 24 mai 1820, le conseil municipal doit délibérer : « Afin de remédier aux difficultés qui se présentent lorsqu’on va remplir le « pichié » dans le réservoir, d’empêcher le jet d’immondices… » . Mieux, le conseil précise que : « … il ne faut pas oublier que des accidents se sont produits plusieurs fois à cette fontaine, et que ce réservoir a servi de tombeau à quatre malheureux qui, dans un moment de frénésie, s’y étaient précipités et avaient trouvé la mort… Le conseil municipal décide donc l’établissement d’une pompe à balancier pour la faire couler sur la place des marronniers » (actuelle place du 14 juillet).

Et pourtant… 40 ans plus tard, vers 1860, le poète républicain tretsois, Honoré DUBOIS, écrit un pamphlet, en provençal : « Les agréments de Trets ». Celui-ci éclaire la situation :

« Allez aux Marronniers, cette place jolie

Là vous y trouverez un bassin

Hiver comme été, il est plein…

Pour que l’eau monte sur la place

Qu’une belle fontaine embellirait

Il suffirait de couvrir le bassin !

Mais alors, vous répondra t’on

On ne pourra plus patauger !

Et comment feront les gens

Qui voudront se noyer ? »

* En 1864, un nouveau rapport de l’ingénieur des Ponts et Chaussées précède …de 38 ans, un projet établi dans le cadre d’un plan d’alimentation en eau de la ville :

* le 12 décembre 1902 ! Il est constaté que « les eaux de la fontaine de Clastre ont un débit de 91,58 m3 par jour. Elles sont recueillies dans une galerie souterraine, leur qualité est acceptable ».

 Dans la foulée, si l’on peut dire, une vraie fontaine sera édifiée cinq ans après, en 1907…

 

En 1922, suite à des problèmes sanitaires, les analyses réalisées sur ses eaux accuseront une mauvaise qualité, avec 1000 colibacilles par litre d’eau.

 

En 2007, après la réfection complète de la place, la fontaine a été démolie, puis reconstruite à l’identique, exactement cent ans après, par la municipalité Roger TASSY.

 

LA FONTAINE DU PORTAIL D’AMONT

Les tretsois avaient compris depuis bien longtemps que les collines s’étalant entre l’Olympe et le col de Ribière, sur le Régagnas, constituaient un véritable château d’eau naturel.

Ainsi sur  le plan cadastral de 1963, on constate l’existence d’un nombre impressionnant de puits particuliers. Les tretsois les plus anciens se souviennent aussi du grand bassin de COMINO, où ils allaient se baigner…C’est donc au sud-ouest de Trets que vont se concentrer les recherches d’eau.

Les évocations qui suivent nous apporteront quelques surprises toponymiques…

Le 10 août 1643, la première archive connue sur ce thème nous apprend que, déjà, « des réparations sont à faire à la canalisation venant de la Font  de « Moun »  à la place de la porte d’Amont ».

 

Le même document demande déjà, un « rhabillage de la fontaine ».

Ainsi, au XVIIème siècle, la fontaine du portail d’Amont était déjà alimentée par une source du quartier de Bramafan, éloignée d’un kilomètre et demi ! A ce sujet,  je précise que, dans la toponymie provençale, on rencontre souvent ce nom de Bramefan et qu’il n’a rien à voir avec le petit de la biche… Il signifie « brame faim » (« crie famine ») et désigne des terres pauvres !

4Le 17 juillet 1730, une délibération indique qu’  « il faut faire des réparations à la fontaine de la porte d’Amont, et à la paroisse en entrant par la petite porte » (probablement l’actuelle rue Lamenais).

4Un rapport du 22 août 1808, à propos de la fontaine dite de Nazareth (il s’agit, bien sûr, de la fontaine d’Amont), indique : « les eaux prenant leur source au quartier de Brabafan seront amenées jusqu’au ruisseau de la Liquette pour être déversées dans l’aqueduc. On établira dans une tranchée, des conduites en poterie lissée, bien cuite et sonnante, de la meilleure qualité… Le devis des travaux, s’élève à 1258 francs ».

 

4Le 25 juin 1842, un cahier des charges est établi pour la reconstruction de la fontaine de la porte d’Amont.

4Le 10 juin 1864, un nouveau rapport de l’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées porte sur l’amélioration des conduites, depuis la source de Bramefan jusqu’à la fontaine Saint Jean et la fontaine de la place du Puits (actuelle place Pailheiret).

4Le 20 février 1886, un rapport de l’architecte préconise le remplacement de 219 m de conduite en poterie, par des tuyaux en fonte, jusqu’au ruisseau de la Licorne, appelé aussi ruisseau de Bramefan.

Dès le lendemain, le conseil municipal délibère : « la conduite des eaux qui alimente la fontaine de la porte Saint Jean est dans un état de délabrement tel, que l’eau n’arrive plus à la fontaine. Cette conduite construite en tuyaux de poterie est brisée pour ainsi dire sur tout son parcours d’où il résulte que tout le quartier de la porte Saint Jean, l’un des plus populeux de la ville est complètement privé d’eau potable. Il convient d’apporter toute notre sollicitude à cette situation et pour remédier à cet état de chose, il y aurait bien lieu d’établir une nouvelle conduite en tuyaux de fonte, à l’endroit où se trouve l’ancienne. Cette conduite deviendrait impérissable, les racines des arbres qui se trouvent sur les côtés, ne pourraient plus d’aucune façon la détruire ainsi qu’il en a été pour l’ancienne. La nouvelle conduite devra être construite sur une longueur de 220 m, le long du chemin vicinal dit Chemin des Mines… »

 

Les travaux seront terminés le 22 avril 1887

4Le 7 décembre 1902, M. VASSEUR, professeur de géologie, préconise la même opération sur une autre partie de la conduite. Il précise que : « La source qui alimente le quartier est située au voisinage de la métairie de « Mouy »  et qu’elle suit la route de Bramefan à Trets ».

 

Il s’agit probablement de l’’actuel chemin de Graffine qui doit son nom à M. GRAFFIN, lequel fut Directeur Général de la Mine, à la fin du XIXème siècle.

Je vais maintenant vous donner le « bulletin de santé » des eaux de la fontaine, ce qui est important pour la suite :
-
       en 1900, les eaux sont considérées comme mauvaises ;
-
        en janvier 1922, elles sont relativement pures.

Autre type de problème :

Le 30 octobre 1925, « le conseil municipal considère que la fontaine constitue une gêne pour la circulation sur le chemin d’intérêt communal n°7, dit de Trets à Saint Zacharie et décide de la déplacer et de l’adosser au mur contigu à la maison MERENTIER (aujourd’hui SICCARDI) et de supprimer le lavoir public qui se trouve là, dans l’intérêt de l’hygiène ».

La décision sera suivie d’effet dès 1926.

Dans son voyage de quelques mètres, elle perdra :
-
       la moitié de son bassin,
-
       2 canons,
-
       et son acrotère, une pomme de pin.

 

Celle-ci sera remplacée en septembre1998 lors de la dernière restauration par la municipalité Roger TASSY. Cette fontaine a été aussi connue au début du XXème siècle, comme la « fontaine des vaches ». L’élevage des vaches n’était bien entendu pas dans la tradition tretsoise. Cette activité, dans quelques villages de Provence, a été « importée » lors des vagues d’immigration piémontaise.

Laurent REVELLI, fermier, s’était installé sur l’actuel boulevard Vauban (Le Tampan) et amenait ses vaches, le soir, se désaltérer dans la conque de la fontaine d’Amont…, de Notre Dame de Nazareth…, de la porte Saint Jean et donc… des vaches. C’était un spectacle quotidien apprécié et gratuit.

 

LA FONTAINE DE LA PLACE PAILHEIRET :

. Il faut rappeler que, dans le Trets médiéval, la place du puits », actuelle place Pailheiret, était la place du marché ou encore, platea fori.

Un puits existait là, sur l’axe médian, face à la maison n°23. Il est encore matérialisé sur le cadastre de 1827.

Ce puits étant devenu gênant pour la circulation,  un projet de fontaine murale avait été demandé à un architecte.

 

Cette fontaine n’a jamais vu le jour, mais le puits a été couvert. Suite logique, en 1893, la « place du puits » et la rue du « puits de la place » ont changé de noms et sont devenus la rue Gilles.

 

LA FONTAINE TIVOLI

Cette fontaine est édifiée sur un puits, à l’embranchement des cours Esquiros, boulevard Etienne Boyer et avenue Pasteur, en face du château. Le 6 avril 1870, Monsieur LUPPI, maçon, certifie qu’il a terminé les travaux de creusement du puits Tivoli, en haut du cours. Ce puits sera équipé ultérieurement d’une pompe à balancier.

La nappe d’eau, abondante, faisait déjà jaillir naturellement un puits artésien intermittent, situé en léger contrebas, sur le cours Esquiros, à hauteur de l’entrée de la rue Villemus. Par un aqueduc souterrain, construit en 1847, le puits artésien donnait ses eaux à la fontaine du portail de Pourrières.

 

Les analyses de ses eaux ont révélé :

-       le 12 décembre 1902 : une eau de qualité acceptable ;

-       en janvier 1922, une mauvaise qualité.

La fontaine a été restaurée, en 1997, par la municipalité Roger TASSY.

 

 

LA FONTAINE DU PORTAIL DE POURRIERES

Cette fontaine représente l’un des emblèmes de notre ville. Située devant la porte de Pourrières, à la jonction des boulevard de la République, avenue Jean Jaurès et cours Esquiros, on sait qu’elle a remplacé, en 1812, une fontaine déjà existante.

Le devis établi le 22 août 1808 prévoyait, entr’autres :

-       le nettoiement de l’aqueduc d’amenée d’eau depuis le puits artésien ;

-       et les fondations pour l’obélisque et le bassin    . Tout ceci pour un montant de 640 francs.

 

Elle a été, jusqu’en 1883, doublée d’un lavoir établi contre le rempart, à la hauteur de l’actuel hôpital de jour. Cette fontaine, qui était la plus fréquentée du village, avait un débit très insuffisant pour faire face à la demande et dès 1846, la municipalité est contrainte de trouver une autre source pour l’alimenter. Ce sera l’eau de la source du château, qui coule avec un débit de 32,83 m3 par jour.

Une conduite de 51,50 m sera exécutée en tuyaux de poterie, posés avec du ciment, entre le château et la canalisation déjà existante.

Les travaux sont terminés le 14 novembre 1847.

En 1900, son eau est l’une des moins mauvaises de la ville.

Le 13 mai 1921, le conseil municipal décide de faire reconstruire la conque dégradée et de remplacer la conduite d’amenée en poterie, en mauvais état,  par une canalisation en fonte. En janvier 1922, l’analyse de ses eaux les déclare « relativement pures »

 

En 1928, suite à d’importants dégâts dûs au gel, le conseil municipal décidera d’une nouvelle restauration. Dans l’affaire, elle perdra son acrotère (boule sphérique sommitale). En 1976, la municipalité Jean FERAUD décide de la déplacer de quelques mètres, de l’ éloigner de quelques mètres vers le Nord de la porte de Pourrières, afin d’établir deux voies de circulation autour.

Au cours de la reconstruction, son obélisque perd encore presque un mètre…« l’échaffaudage de l’entrepreneur ne permettait pas » – paraît-il – « d’aller assez haut pour poser les 4 dernières pierres de taille »

Quoiqu’il en soit, à compter de 1976, s’en sera terminé des jeux hivernaux des écoliers. En effet, le soir venu, les gamins éprouvaient un malin plaisir à inonder le pourtour de la fontaine, afin que le lendemain matin, les températures négatives aient transformé la placette en patinoire quasi olympique … pour leurs jeux matinaux.

 

LA FONTAINE DU PUITS HUGUES

En 1883, alors que l’intérieur de la ville manque cruellement d’eau potable, une opportunité exceptionnelle se présente à la municipalité de Marius REMUSAT.

Le 17 juin 1883, le conseil municipal délibère :

« Le sieur Hugues possède dans la rue de l’hôpital (aujourd’hui rue Borde) une vieille maison dans laquelle est creusé un puits qui n’a jamais manqué d’eau…

…Le sieur Hugues consent à céder son immeuble à la commune pour la somme de 2000 francs, si celle-ci accepte de démolir le lavoir existant près de la fontaine du portail de Pourrières (évoqué précédemment). Or, ce dernier, à sec, inutilisé depuis 1882, est devenu un véritable cloaque et il en monte des émanations compromettant la santé publique ».

Suite à cette délibération, l’achat sera conclu le 19 août 1883. La maison sera rapidement démolie et une pompe installée sur le puits, donnant naissance à cette fontaine située en bas de l’actuelle rue Fleurus.

Je voudrais signaler que nos anciens appelaient aussi cette fontaine la « fontaine du coupement Vauban » ou encore la fontaine Bontemps.

En 1922, lors des analyses générales réalisées sur l’ensemble des fontaines, les eaux de celle du coupement Vauban sont déclarées « relativement pures ». Observez bien, sur la photo, l’habillage en métal qui avait été réalisé pour cette pompe sur le modèle du clocher tout proche. Imaginez maintenant la perspective qu’on pouvait avoir de la rue Borde. On peut se féliciter d’une restauration totale de la fontaine en 1991, mais, on peut regretter pour les habitants de la place, que, quelques jours seulement après l’inauguration, le magnifique canon de cuivre rutilant ait été scié…

 

LA FONTAINE DE LA PLACE GARIBALDI

C’était autrefois le puits qui alimentait les habitants du quartier de la mairie, lorsque celle-ci donnait sur cette placette, laquelle a changé plusieurs fois de nom pour devenir place Garibaldi, en 1915.

Le puits, équipé d’une pompe, est devenu cette fontaine discrète.

En janvier 1922, l’analyse de ses eaux trahissait 250 colibacilles par litre. Elles étaient qualifiées de « médiocres ».

Elle a été complètement reconstruite en 1991 à l’initiative de la municipalité Loïc FAUCHON  par des artisans tretsois, heureux de participer à la sauvegarde de notre petit patrimoine.

 

LA FONTAINE DU PUITS DE MELLET

Elle était située rue Victor Hugo, contre le mur de l’école du même nom, il s’agit là encore d’un puits, avec une pompe adaptée. La fontaine a probablement été édifiée en même temps que l’école, en 1880. En 1900, ses eaux sont parmi les moins mauvaises… ce qui constitue une bonne nouvelle pour les enfants qui fréquentaient les écoles… Par contre, les prélèvements effectués en janvier 1922 par le docteur PRINGAULT, classent ses eaux dans les mauvaises !

 

Elle a été restaurée en 1988, par la municipalité Jean FERAUD, lorsque l’école, un temps désaffectée, a été réhabilitée pour être remise en service. A noter que la fontaine a disparu lors de l’aménagement de la place en 2005.

 

 

LA FONTAINE DE LA PLACE DE LA LIBERATION

Elle aussi a été édifiée sur un puits creusé en 1904 pour embellir la place nouvelle, aménagée sur les anciens prés seigneuriaux. La première appellation de cette place fut d’ailleurs « place d’Oppède », du nom des anciens propriétaires nobles…

Dès 1922, le Laboratoire Départemental de Bactériologie indique une profusion de 500 colibacilles par litre et classe les eaux parmi les mauvaises. Est-ce étonnant lorsqu’on sait que les prairies seigneuriales étaient arrosées par les versures de la fontaine du portail de Pourrières ? Versures qui ont continué à appartenir au Marquis de CHENERILLE, jusqu’en 1903

La fontaine a été complètement restaurée en 1990 par la municipalité Loïc FAUCHON.

LA FONTAINE DU COLLEGE

A la fin du XXème siècle ; les fontaines n’ont plus de rôle vital, mais les provençaux y tiennent énormément !

Elles sont devenues des éléments de décoration, posés sur les réseaux d’eau et apportent un peu de fraîcheur.

Lors de l’édification du collège « Les Hauts de l’Arc », en 1981, les élus du SIVOM avaient voulu construire une fontaine monumentale pour égayer, animer l’esplanade de cet établissement tant attendu… C’était un beau monument moderne dans son architecture et ses coloris… Branchée sur le réseau urbain, elle n’a en fait coulé gaiement que le 8 mars 1982, jour de l’inauguration du collège par M. Alain SAVARY, alors ministre de l’Education Nationale. Elle fut très vite couverte de tags… Puis, devenue gênante en terme de parking, elle a été démolie à moins de 10 ans d’âge.

Si vous voulez bien, on l’appellera :        éphémère

                                    F.M.R. …

Fontaine Morte Rapidement !

 

LA BUGADO

Jusqu’à la fin du XIXème siècle, le lavage du gros linge ne se faisait en profondeur que deux fois par an. D’abord parce que c’était une corvée pénible, qu’il fallait de l’eau… et que celle-ci était loin… quand elle était…

Les bassaquettes qui n’avaient pas la chance d’avoir un puits, se retrouvaient alors le long des ruisseaux, autour de gourds – trous d’eau – passages à gué sommairement aménagés avec des pierres plates.

Citons quelques lieux que fréquentaient nos grand-mères :

-       le long de l’Arc, au Seuil de Repentance, ou en aval du moulin de l’Arc ;

-       le long de la Gardi, au pont de Grisole ;

-       sur le Longarel au chemin de Graffine, ou encore à la sortie de la galerie Desfarges

C’est ainsi que, le 4 août 1900, année de sécheresse exceptionnelle, le maire Adolphe PAILHEIRET demande à la Direction des Mines de la Grand’Combe «de déverser dans le vallat de Longarel, l’eau pompée du Puits Sainte Marie, 2 jours par semaine pour que les femmes puissent aller y laver leur linge »

Il existait bien à Trets deux lavoirs publics attenants aux deux fontaines d’Amont et du Cours. Mais ceux-ci n’étaient alimentés que par les surverses des deux fontaines, et étaient à sec dès les premiers jours de l’été.

4 Celui de la fontaine du Cours qui était devenu « un véritable cloaque » et n’était plus utilisé, a été démoli en 1893. Si un projet d’édification de lavoir couvert avait été établi en 1871, « à la limite des habitations sur la route nationale 8bis », celui-ci n’a jamais vu le jour …

4Celui de la fontaine d’Amont sera, quant à lui, supprimé en 1926 « dans l’intérêt de l’hygiène ».

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LES LAVOIRS PUBLICS

Le 7 août 1880, alors que plus une goutte d’eau ne coule dans les ruisseaux, le maire Xavier AMALBERT expose : «  Trets est peut-être le seul chef-lieu de canton ne possédant pas de lavoir public. Nos femmes sont obligées d’aller à l’Arc, où une grande partie de l’année, l’eau manque… La commune doit tout sacrifier pour établir la construction de lavoirs que réclame vainement la population depuis de si longues années ».

En 1882, deux lavoirs sont construits :

4 Le premier, situé le long du chemin vicinal n°2, dit de Puyloubier. Il est affirmé que « ce lavoir sera alimenté par le Puits Neuf situé sur le cours, par une source devant la mairie, ainsi que par les versures de plusieurs puits ».

4 Le second, au quartier Baudun, dont le nom est une déformation de Besaudun : eau …

Mais, dans un premier temps, par mesure d’économie, le lavoir ne sera doté ni de murs, ni de toiture !

Il faudra attendre une nouvelle délibération, en 1893, pour que les messieurs du conseil prennent conscience des conditions de travail des femmes : « Le maire dénonce l’état de délabrement du lavoir, sans toiture et en contrebas du chemin, et les conditions de travail des femmes qui lavent leur linge, à toutes les intempéries… ».

Le 12 avril 1893 la ferme décision est prise de reconstruire le lavoir ;

En 1894, le programme « lavoir » n’a toujours pas été exécuté et le 9 mars le maire constate : « Les lavoirs publics construits en 1882 ne peuvent être utilisés, vu l’état défectueux dans lequel ils se trouvent et le manque d’eau pour les alimenter. En effet, ces lavoirs reçoivent l’eau de la ville qui est tout à fait insalubre et très pernicieuse pour la santé publique ».

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Le 12 mars 1926, le maire Louis ARMAND constate que « l’alimentation en eau du lavoir de la route de Puyloubier ne donne pas satisfaction, et propose de poser une canalisation en fonte depuis la station hydraulique située à 125 m », station que je vais évoquer plus loin.

Les lavoirs publics seront remaniés en 1936, 1950, et encore en 1956.

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Après cette date, leur utilité va presque complètement disparaître.  Mais ces lieux de mémoire seront conservés au titre du patrimoine.

En 2010, le lavoir de la route de Puyloubier a fait l’objet d’une restauration par la municipalité Jean-Claude FERAUD.

 

SITUATION D’URGENCE

1900 sera une « annus horibilis » : Les bulletins d’analyses que je vous ai distillés, vous le laissaient présager… Une sécheresse exceptionnelle a régné dans la région : l’Arc, les puits, les fontaines, sont à sec. Fin septembre, un orage d’une violence inouïe provoque des infiltrations dans la nappe phréatique, semant dans le pays le germe de la fièvre typhoïde. Début octobre, on a recensé plus de 50 cas à forme muqueuse et dynamique, et enregistré 4 décès. Toutes les fontaines qui ont recommencé à couler distribuent généreusement germes et colibacilles.

Des consignes d’hygiène sont données, mais très difficiles à faire accepter et à mettre en oeuvre en ce début de XXème siècle :

-       les eaux des puits publics devront être bouillies avant d’être consommées ;

-       dans les familles où se trouvent des malades, il est ordonné de désinfecter les matières avec du sulfate de cuivre ;

-       les déjections des malades ne devront pas être déversées sur la voie publique… (comme cela se fait encore à cette époque…)

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Pendant ce temps, la recherche de sources n’a toujours rien donné… mais la municipalité se montre très déterminée à étudier toutes les possibilités…

 

VERS UNE SOLUTION ? 

Le 21 septembre 1904, le maire Adolphe PAILHEIRET soumet à l’examen du conseil municipal deux projets dressés par M. LAFOND, architecte. Le plus sûr utiliserait les eaux de la plaine. Une partie serait captée aux abords de la ville, au quartier Bresson. Elles devraient être montées vers un bassin réservoir à l’aide de deux pompes. Le projet est repris et modifié en 1905 par la municipalité Célestin MICHEL. Celle-ci souhaite forer un puits communal au nord du village, à quelques mètres au-delà de la voie ferrée (côté est de la cave coopérative, qui n’existe pas encore…).

Les « pistes sud » sont donc abandonnées !

« Les travaux réalisés en 1907 et 1908 consistent en un puits vertical profond de 16,33 m. Au fond 3 galeries horizontales partent vers l’est, le nord et le sud, pour drainer les eaux rencontrées.

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Une zone de protection de 7000 m2 est établie autour du point de pompage.

Un bâtiment est édifié au-dessus de ce puits pour abriter les machines élévatoires. Celles-ci doivent envoyer l’eau au sud, dans un réservoir de 1050 m3 construit à 1039 m de là, et une trentaine de mètres plus haut, en altitude, au Petit Saint Jean. Cette eau peut ensuite alimenter par gravité une quarantaine de bornes fontaines, disséminées dans le village…

L’ensemble est mis en service en 1908 ».

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Malheureusement :

-       des malfaçons vont très vite apparaître sur les travaux ;
-
       dès 1911, l’eau est déclarée non potable ;
-
       en 1916, la station de pompage tombe en panne et ne sera plus utilisée à plein… Il reste un grand puits et des réservoirs souvent vides ;
-
       en 1922, les analyses générales, réalisées par l’Institut Départemental de Bactériologie, indiquent que l’eau du puits communal est la plus contaminée, avec :
. ses 4000 colibacilles par litre,
. ses matières organiques,
. et ses nitrates et nitrites…

elle est déclarée dangereuse.

Une fois de plus, la municipalité se déclare « fermement décidée à consentir les sacrifices nécessaires pour rechercher de l’eau potable ». Pourtant, douze ans après, en 1934, le puits communal est à sec et 19 bornes fontaines seront supprimées le 19 juillet.

La solution n’était pas encore la bonne !

 

LE GRAND PROJET DE L’EAU

Alors qu’au milieu du XXème siècle, les tretsois n’ont toujours pas l’eau domestique et sont encore astreints aux corvées des « pichiés », des tinettes et du linge, l’histoire de l’eau va se confondre avec l’histoire politique locale. 

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L’idée d’amener les eaux du Verdon grâce au projet « RIGAUD» a certes séduit. Mais la réalisation n’est pas vraiment envisagée à court terme.

Lors de l’élection municipale de 1953, la liste conduite par Marius MICHEL se présente avec un slogan ambitieux : « l’eau à la pile et le tout-à-l’égout », c’est-à-dire l’engagement de doter toutes les habitations en eau courante…

Le fond de ce projet était de revenir aux « pistes sud » et d’utiliser les eaux d’infiltration du « château d’eau naturel » déjà évoqué, et qui avaient noyé le puits de la mine Sainte Marie. Les mines de la Grand Combe avaient dû fermer ce chantier en 1880, abandonnant d’immenses réserves de lignite. Et ceci, malgré le creusement d’une galerie d’évacuation, allant déverser des m3 du précieux liquide dans l’Arc, au quartier Desfarges.

 

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Je vais me faire le plaisir de vous lire un court extrait d’un plaidoyer écrit en 1885 par Adolphe PAILHEIRET, ingénieur des mines, puis maire de Trets :

« Depuis longtemps déjà, par leur grande abondance,

Les eaux que nous avons et leur persévérance

A rester dans la mine et dans tous nos travaux

Peuvent un jour de Trets entraîner tous les maux.

Vous le savez, la mine est la seule ressource

Des gens dont le raisin ne remplit plus la bourse ».

Allusion, bien sûr, aux mineurs-paysans et à la crise du philoxéra qui décimait les vignes… Donc, quelque part, utiliser ces eaux c’était aussi pour le maire-mineur avisé, le moyen de prendre une certaine revanche sur cet élément qui avait contribué au chômage des mineurs…

 

Les études préalables sont effectuées fin décembre 1953. Le rapport de M. TIVOLI est très favorable :

-       le débit de 10 litres par seconde exigé afin de répondre aux besoins de 5000 habitants alors que Trets en compte moins de 3000, sera atteint facilement ;
-
       d’après les analyses du laboratoire officiel de Santé Publique, l’eau est chimiquement et bactériologiquement potable et de bonne qualité.
Après deux années de négociations avec les Houillères de Provence, propriétaires de la mine, la municipalité obtient une concession de 30 ans.

Les travaux commencent : l’adduction d’eau et la mise en place des canalisations du tout-à-l’égout seront réalisées conjointement. Une station de pompage est installée. L’eau aspirée à 130 m de profondeur est refoulée dans un bassin existant de 1250 m3 restauré et couvert.

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Le bassin étant situé à environ 45 m au-dessus de l’altitude moyenne du village, l’eau sera acheminée d’abord par simple gravité vers le réservoir du petit Saint Jean, avant d’être distribuée chez tous les habitants…

Une station d’épuration est édifiée près de l’ancien abattoir, sur la route de Puyloubier.

En 1958, enfin, les tretsois peuvent ouvrir leurs robinets et leur vie connaît de grands bouleversements difficiles à imaginer aujourd’hui !

Finis les papotages à la fontaine Finie la promenade des tinettes au petit matin, Finis les problèmes du lavage du linge et les coups de battoir à « l’hôtel de la médisance »…  Une page était tournée, un style de vie disparaissait…

 

FAISONS JAILLIR  LA MEMOIRE DE L' EAU-084.jpgLE CANAL DE PROVENCE

Depuis 1854, la Durance alimente le canal de Marseille. Dès 1868, le Verdon est utilisé pour approvisionner la plaine d’Aix.

Pourtant il faudra attendre 1957 pour voir la création de la Société du Canal de Provence. Sa mission sera de contribuer au développement des territoires desservis en garantissant la sécurité d’alimentation en eau, pour tous, et tous les usages.

En 1957, la Préfecture des Bouches-du-Rhône demande à Fernand RICHARD, Président du Syndicat de l’Agriculture de Trets depuis 1946, de former une Association, en vue du branchement du territoire de Trets sur le réseau des futures extensions du canal du Verdon.

A cette époque, l’objectif principal de la S.C.P était essentiellement agricole. Et la première campagne d’arrosage pourra commencer le 15 juin 1961, sur une petite partie de notre terroir. Avec le maillage des réseaux une grande partie du territoire de Trets pourra enfin être irriguée au milieu des années 1970.

Peu à peu le canal abolit la sécheresse et favorise une diversification des cultures. Pendant ce temps, l’ouvrage a progressé et le canal-maître 2ème section, long de 18,8 km est passé sous la Sainte Victoire et va se diviser en deux branches, au partiteur de Pourcieux. Celle de Marseille-est, qui part desservir le vallon Dol, va passer tranquillement à mi-flanc de l’Olympe…

Le canal pourra bientôt desservir Trets en eaux à usage domestique.  D’autant plus que, depuis le milieu des années 1970, une forte urbanisation s’est produite : le nombre d’habitants va doubler en quelques années, et l’eau fournie gratuitement par le puits Sainte Marie deviendra insuffisante…

En mai 1972, la municipalité Jean FERAUD confie la gestion de l’eau et de l’assainissement (1500 abonnés) à la S.E.E.R.C. (Société d’Equipement et d’Entretien des Réseaux Communaux). A partir de la même année, une partie du réseau communal sera alimentée par le canal de Provence, grâce à une concession de fourniture d’eau de 15 l/seconde.

En 1978, la ressource de l’eau du puits Sainte Marie sera totalement abandonnée !

Une nouvelle page de l’histoire de Trets était tournée. Définitivement… ou pas ?


FAISONS JAILLIR  LA MEMOIRE DE L' EAU-086.jpgCONCLUSION

 L’adduction d’eau est devenue, après toutes ces histoires, totalement pérenne. Le canal de Provence déroule son or blanc comme s’il l’avait toujours fait. L’eau du puits Sainte Marie est toujours là, prête à rejaillir.  L’histoire de l’eau prend désormais une toute autre direction. Continuera-t-elle à être un produit marchand géré par des multinationales ? Il s’agit d’un tout autre débat sur lequel notre Association ne se prononcera pas !

Les Amis du Village vous remercient pour votre attention et :

-       si, après cette modeste causerie, vous regardez couler l’eau de votre robinet non dans l’indifférence mais avec affection… ;

-       si, en sortant d’ici, vous posez un regard attendri sur nos fontaines et lavoirs ;

-       si nous avons éveillé votre curiosité… ;

notre but sera atteint, et nous aurons, une fois encore, accompli notre mission de « passeurs de mémoire ».

Guy Van Oost

Président des

AMIS DU VILLAGE

Le 15 Septembre 2012

 

 

 

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Trets au coeur de la Provence

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