Retour sur le mois d'Aout 1989
et ses terribles incendies de Trets et Sainte Victoire

1989, une année noire dans l'histoire de la commune et plus précisément son mois d'aout tout entier. Quel tretsois, même parmi les jeunes ne se souvient pas aujourd'hui de ces journées d'enfer, de ciel noir, de la fumée, des pluies de cendres qui tombaient sur les jardins, de ses visions terribles en voyant tous les massifs forestiers partir en cendres au fil des jours, tout autour de la ville. Des forêts du Mont Olympe et Aurélien, les alentours de St Jean du Puy, en passant par la route de St Zacharie avec l'incendie de la décharge et sans oublier au loin les paysages de Cézanne avec la Sainte Victoire en feu, aucun massifs n'aura été épargné durant cet été de 89, où c'est même tout le Sud de la France qui brulait .

Des incendies qui feront non seulement beaucoup de dégâts avec des milliers d'hectares détruits, mais aussi hélas deux morts, deux sapeurs pompiers tretsois qui étaient très appréciés sur la commune. De très importants moyens humains et matériels venus de tout le pays, avaient pour l'occasion étaient déployés dans la commune, où un élan de solidarité et d'entraide s'était alors déployé pour lutter contre ces incendies, sans compter sur les élus de l'époque, qui venaient d'arriver au pouvoir et qui avaient du gérer ces situations de crise dans l'urgence des jours durant et tout organisé; rapporte ainsi la presse de l'époque. Une lutte difficile pour les pompiers, surtout que les moyens techniques étaient bien moins importants à l'époque puisque les soldats du feu, étaient équipés de lourdes vestes en cuir, de casques en acier ou parfois même en plastique, de combinaisons en coton. Les camions n'étaient pas pressurisés ni sécurisés comme aujourd'hui. La caserne de Trets elle comptait à l'époque quasiment le même effectif en hommes que maintenant mais avec cependant moins de professionnels mais plus de volontaires. Aout 1989 fut vraiment un été à feu se souvient ainsi dans un entretien pour ce site internet, Mr Franceschi, sapeur pompier de la caserne de Trets, devenu ensuite l'adjoint du Chef de centre de la commune : le Lieutenant Esteve; puisqu'en plus de ces trois gros incendies il y avait également beaucoup de départs de feu en bordure de la Nationale 7 entre Trets et Puyloubier qui ont brulé entre 2 et 3 hectares. 20ans après, ces moments sont toujours dans les mémoires.

Incendie des Monts Olympe et Aurélien / Incendie décharge Kirbon / Incendie Montagne Sainte Victoire

Retour en détails sur ces journées d'enfer, avec des témoignages de tretsois recueillis spécialement par le site Trets au cœur de la Provence en 2009, des photos, des vidéos mais aussi des articles de presse de l'époque.

   

II L'Incendie meurtrier de la décharge de Kirbon du 18 Août 1989

C'est sans doute l'un des feux qui est le plus resté dans les mémoires à Trets, pourtant ce dernier n'a que peu brulé les massifs de la commune, puisque seulement deux hectares de broussailles ont été ravagés; mais il a surtout couté la vie à deux sapeurs pompiers de Trets dans un dramatique accident le Vendredi 18 Aout 1989.

Mr Franceschi sapeur pompier de Trets, que le site a interrogé pour ce dossier, n'était pas sur les lieux ce jour là "J'étais au standard cet après midi là, je ne peux en dire plus donc, si ce n'est que le feu a démarré suite à des brulages sur le site de la décharge, pour récupérer du cuivre, le feu a alors sauté la clôture et s'est propagé". Une autre version circulait cependant elle aussi à l'époque : l'allumage de cartons sur la décharge, par un jeune "pour passer le temps" avait il expliqué !

Parti en effet à 17h30 de la décharge municipale située route de Kirbon (ouverte au début des années 80), l'incendie poussé par le vent de secteur Ouest à 15km/h, a très vite sauté le grillage pour se propager aux broussailles alentours, les dégâts étaient minimes donc puisqu'il ne restait plus grand chose sur le site, un grand incendie 5ans plus tôt, en 1984 parti lui aussi de cette décharge ouverte en 1980, avait déjà brulé toute la pinède de pins. L'alerte donnée, le centre de secours déployait alors 2 véhicules puis une cinquantaine de véhicules venus de toute la région et plus de 150 hommes, dans le même temps d'importants moyens aériens étaient demandés "pour étouffer dans l'œuf cet incendie". A leur arrivée le dépotoir était totalement en feu et la menace de propagation à la forêt était fort, ce qui arriva quelques minutes après. Le feu était en passe d'être maitrisé quand à 19h13 le drame survient, deux hommes Gérard Di Martino et Majid Chabbi sont fauchés par des tonnes d'eau largués par un Fokker 27. Roger Nègre, ancien pompier, s'est souvenu de ce jour tragique en 2014, dans les colonnes du quotidien LA PROVENCE : "On était à la caserne lorsqu'on a été informé de pompiers blessés. Nous sommes aussitôt partis à trois en ambulance, René Ondini, chef de centre à Pourrières, Patrick Riou pompier professionnel à Aix et moi. On a pris la piste du "Parc à chiens" qui était défoncée, on a mis un temps interminable. À la fin comme on n'avançait pas on a pris le matériel à la main, on est parti en courant... On est arrivé ici, ils étaient déjà sous massages cardiaques, mais il n'y avait plus rien à faire..." Sa voix s'éteint : "C'est un souvenir atroce. C'étaient des amis, des frères. Magid je l'ai vu naître. Pour moi c'est ancré à vie..."

Gérard Di Martino, Première classe, 40ans père de trois enfants, était bien connu sur la commune, il était receveur des PTT à Rousset. Il avait fait son premier engagement auprès des sapeurs pompiers en 1981 et était formé pour combattre les feux urbains, feu de forêt et enfin le secourisme à personnes qui était son domaine de prédilection. Le secourisme était son domaine de prédilection. Son combat dans le domaine associatif le conduit à s'investir dans l'amical des sapeurs pompiers de la commune.

Majid Chabbi caporal chef, qui était en attente d'un poste de SP professionnel, agé de 24ans il était tourneur dans une entreprise du coin. Il était engagé depuis 1982 avec une formation de base identique à son camarade. Il était très impliqué lui aussi dans la vie opérationnelle du centre de secours et a donné beaucoup de son temps aux missions de secours. Tous les deux étaient pompiers volontaires depuis 7 ou 8 ans et passaient tout leur temps de loisirs à la caserne pour sauver les gens et les biens. Tous les deux étaient ce jour là au centre de secours, sans être payés quand ils ont été appelés sur ce sinistre, ils étaient accompagnés par deux autres pompiers à ce moment là lorsque la masse d'eau est tombée, ces deux derniers ont eux pu y échapper.

Comment ce drame a t'il pu se dérouler, personne n'arrivait à l'expliquer à l'époque, aujourd'hui encore le mystère demeure; un hélicoptère d'appui était pourtant présent comme chaque fois donnant la consigne de repli des troupes par haut parleur, avant le largage. Le pilote du bombardier d'eau qui avait pourtant effectué un tour de reconnaissance auparavant, et qui avait eu le feu vert pour larguer, a lui aperçu au travers du nuage de fumée, le camion des victimes qu'une fois avoir vidé 2 de ses 4 soutes, il a alors suspendu sa manœuvre. Leur véhicule de la caserne de Trets avait été engagé quelques instants auparavant sur une piste forestière parallèle à la départementale. "Les conditions de sécurité avaient été respectées" assuraient aux médias les responsables de la sécurité du département ce soir là.

A 19h30 le feu était éteint. Les premiers gestes de secours ont aussitôt été donnés aux deux victimes par les services médicaux puis ont été immédiatement transportées de toute urgence à l'hôpital mais décédèrent une heure plus tard vers 20h30. La tristesse s'empara de tous les soldats du feu du département et évidemment surtout ceux du centre tretsois, tout le village était lui en état de choc d'autant plus que la nouvelle s'était très vite répandue dans les rues ce soir là; tout le monde ne parlait que de ça et venait aux nouvelles rapporte la presse du 19 Aout. Le maire de l'époque Loïc Fauchon en fonction depuis cinq mois, se trouvait également ce jour là sur le terrain, mais personne à la mairie ce week end là, ne voulait s'expliquer face à la presse (très nombreuse à couvrir cette tragédie), qui mettait en évidence le non débroussaillage du site depuis l'incendie de 1984... rapportait ainsi Antenne 2 le lendemain soir. 10 jours plus tard Loïc Fauchon s'expliquait finalement au 20h de la 2 (voir reportage ci dessous), "la mairie plaidant non coupable pour éviter la polémique", expliquant alors que "les décharges doivent aller en plaine et non en forêt", ce qu'il avait par ailleurs fait en fermant celle ci au printemps 1989, quelques mois avant le feu.

Une chapelle ardente était dressée le dimanche 20 aout, au sein même de la caserne, avant qu'un grand hommage national ne fut rendu sur le stade Burles le lundi matin à 10h en présence d'une foule très importante, composée du Ministre de l'intérieur sous le gouvernement de Michel Rocard : Pierre Joxe , mais aussi de la famille des deux soldats, d'amis, de nombreux tretsois, d'élus de la commune, du sénateur du département, des sapeurs pompiers des Bouches du Rhône et de nombreux autres départements, des représentants de la sécurité civile de Marignane, des marins pompiers de Marseille, de nombreux journalistes etc...

Les deux pompiers dont les dépouilles recouvertes du drapeau tricolore, avaient été transportées sur le stade, reçurent alors à titre posthume la Médaille d'or des actes de courage et de dévouement, le ministre rendant hommage à ces deux héros qui ont sacrifiés leur vie pour leur mission, saluant leur courage, leur fidélité au métier et les citant également à l'ordre de la Nation.

 

Depuis ce drame, chaque 18 aout vers 19h, les sapeurs pompiers de la commune et du département, les élus mais aussi la population leur rend hommage sur les lieux du drame, où une stèle a été érigée, en plein cœur de la forêt qui a repoussé depuis.

 

 

 

Lundi 21 Aout 1989, l'hommage national, stade Burles

 

20ans plus tard, le site de la décharge était réhabilité en 2009

 

La Revue de Presse de l'époque à lire


Le Provençal 20 Aout 1989

Le Provençal
19 Aout 1989

Marseillaise
22/8/1989

La Marseillaise de l'Hérault 22 Aout 1989

Le Provençal
20 Aout 1989

Le Provençal
22 Aout 1989

 

 

LA VIDEOTHEQUE SUR L'INCENDIE

Reportage ANTENNE 2, 19 Aout 1989

Reportage sur l'incendie de la décharge (Avancer la vidéo à 19min)
Reportage ANTENNE 2, 21 Aout 1989

Les images de la cérémonie d'hommage (Avancer la vidéo à 12min)

Reportage ANTENNE 2, 28 Aout 1989

Interview du maire Loic Fauchon le 28 Aout (Avancer la vidéo à 3.20min)

 

La Revue de Presse

Incendies du Mont Olympe Aurélien
1er Aout
Incendie de la décharge de Kirbon
18 Aout
Incendie de la Ste Victoire
28 Aout

Photos : ND, La Marseillaise de l'Hérault, Le Provençal, Antenne2 et d'autres passées par des tretsois
Un grand remerciement à Mr
Franceschi & Mr Van Oost, pour leurs collaborations

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Incendie de Kirbon du 6 Septembre 2004


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