Le 25 aout 2015 le quotidien
LA PROVENCE était revenu dans sa page estivale sur un très vieux fait divers qui s'était déroulé sur notre commune, il y a près d'un siècle en 1934 grâce au concours des archives départementales... Un article d'une page entière, passionnant, bien écrit qui relatait l'histoire de l'ancien notaire de Trets Jean Lachaud qui de 1927 à 1932, avait réussi à détourner, quasiment en toute impunité, quelque 673 000 francs à ses clients.
1934 L'éminent notaire de Trets à la centaine de victimes
Jean Lachaud, 34 ans, est condamné à 10 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises, à Aix. En six ans, il avait détourné plus de 670 000 francs en dupant la plupart de ses clients
Un sycosis staphylococcique rebelle, logé dans sa barbe, lui avait redonné le sourire. Grâce à cette inélégante et irritante inflammation de la base de ses poils, Jean Lachaud gagnait du temps sur son transfert en maison centrale malgré sa condamnation à 10 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises d'Aix-en-Provence.
Une provocation de trop pour la centaine de victimes, ruinée, spoliée, abusée. "Nous venons faire appel à votre haute personnalité et à votre profond esprit de justice pour faire cesser un état de chose qui, de l'avis de la plupart des honnêtes gens, est un véritable scandale, dénonce, dans une lettre adressée au procureur général, un groupe de créanciers. Notre ex-notaire, le dénommé Lachaud, non content de nous avoir volés et escroqués, condamné depuis un an et demi à une peine de réclusion, continue de jouir de faveurs grâce, sans doute, à des protections dues à sa famille et aussi à une certaine complaisance de ses chefs. Il profite d'un régime particulièrement adouci. Aussi, nous comptons sur votre autorité pour que cesse pareil scandale". Hélas, on ne bouscule pas comme un vulgaire journalier Jean Lachaud, jeune notaire installé à Trets, chevalier de la Légion d'honneur, ami des puissants qu'il a su amadouer lors de ses somptueuses réceptions. Même s'il a réussi à détourner, quasiment en toute impunité, quelque 673 000 francs de 1927 à 1932 ...
"Pas de conseil de discipline pour arrêter ses faux exploits ! Or, dans les petites localités tout se sait vite et il était probable que les faits n'étaient pas ignorés de la corporation. Cette mansuétude vis-à -vis de ce jeune confrère est étonnante, relève dans son compte rendu d'audience de la cour d'assises, le 1er mai 1934, un journaliste de L'Eclair. Tout dans cette affaire a été singulièrement drôle. Aussi, ce jeune prodigue, qui a vécu tant d'années en dilapidant les économies péniblement amassées de ces braves gens de la région, avait, pendant l'audience, pris une attitude des plus arrogantes... "
"Mes collègues étaient jaloux de moi", se bornait à répéter l'accusé, tantôt hautain, tantôt charmeur. Mais derrière ce séducteur menant grand train se cachait un redoutable stakhanoviste de l'escroquerie, un bandit sans foi ni loi, malgré sa profession strictement réglementée.
Chaque client était une proie potentielle, endormie avec une facilité déconcertante. Tout le Pays d'Aix, voire au-delà , y est passé. Du cantonnier de Trets au liquoriste de Saint-Zacharie, en passant par la ménagère de Fuveau, le marchand de vin de Pourrières... Que le client soit un riche négociant, une veuve désorientée ou un pauvre analphabète. Jean Lachaud n'avait pas d'état d'âme. Juste une insatiable cupidité. Et une imagination sans borne pour tromper, dans un large sourire, ses victimes, amadouées par ses bonnes manières. Et son bon vin, si besoin. Même le directeur du syndicat d'approvisionnement des associations agricoles s'était fait avoir comme un bleu. Mathurin Raspus fait partie des premières victimes du notaire ripou.
Un jour d'hiver 1924, il lui confie en dépôt sa petite fortune : 4 bons du Trésor et 28 000 francs de bons de la Défense nationale. Quelques années plus tard, lorsqu'il réclame son dû, il manque 18 000 francs. "J'étais en compte-courant avec M.Raspus, s'était défendu Jean Lachaud. Son désir était d'avoir de l'argent disponible et il m'en confiait la garde". "Mais pas du tout, s'était étranglé Mathurin Raspus. J'habite une maison isolée, donc j'ai confié mes titres au notaire sans jamais lui laisser l'initiative de les convertir et de disposer des fonds". Pour toute réponse au magistrat instructeur, Jean Lachaud s'était contenté d'un haussement d'épaules. Parfois, il feindra même l'amnésie, comme lorsque le juge lui met sous le nez les 3 842 francs de Clément André, dilapidés sans vergogne. Hautain, l'ancien notaire élude : "Ah, j'avais complètement perdu cette affaire de vue. Mais, j'aurais fini par rembourser... " En attendant, Clément André avait dû s'endetter pour payer les droits de succession après la mort de sa mère...
Prenant confiance, Jean Lachaud va élaborer ses stratagèmes allant jusqu'à délivrer de faux actes authentiques afin de vendre deux fois le même immeuble. Une prouesse. Henri Chaspoul, notamment, n'y a vu que du feu. En mars 1929, il avait consenti un prêt hypothécaire de 25 000 francs. 24 000 francs étaient versés et l'acte était dressé devant Jean Lachaud qui recevait les fonds. Mais malgré l'argent à sa disposition pour effectuer l'inscription hypothécaire, le notaire n'accomplissait pas les formalités. Pour dissiper les doutes de son client, il lui délivre toutefois un document, entièrement faux ! Se servant des garanties hypothécaires qu'il avait utilisées pour endormir Henri Chaspoul, le notaire véreux récidivait auprès d'un certain M.Michel... Il se faisait ainsi remettre pas moins de 36 000 francs sans établir d'acte hypothécaire. Non content d'avoir grugé deux créanciers, il allait lui-même anéantir la valeur du gage qu'il leur avait proposé en proposant à la vente le même immeuble à une tierce personne...
"Il se borne à reconnaître des fautes professionnelles, écrit, effaré le juge d'instruction dans son compte rendu. Il n'éprouve aucune gêne à affirmer que ces remboursements auraient été effectués s'il avait été laissé en liberté !" Le culot et la cupidité de Lachaud n'ont pas de limite. Malgré les premières plaintes qui ont poussé ses pairs à le radier, il continue à exercer. Et à abuser les naïfs. Comme cette malheureuse Joséphine Ouvière, veuve depuis peu. Souhaitant un peu d'argent, elle avait déposé 112 obligations à son étude. Mais Lachaud lui avait déconseillé de les convertir au prétexte, qu'en cas de décès, leur mutation exigerait le paiement d'un droit très élevé. La veuve avait accepté... et le notaire s'était empressé de les vendre dans son dos et d'encaisser leur valeur. Malin, il avait pris soin de verser à Joséphine Ouvière les intérêts jusqu'à la dernière échéance. Du coup, elle avait découvert l'arnaque le jour de l'arrestation de son notaire !
"Sur l'ensemble des actes que j'ai réalisés, les affaires dont vous vous occupez ne représentent qu'une portion infinitésimale de mon activité, assure-t-il au juge. Quant aux fonds que vous me reprochez d'avoir détournés, je déclare que le jour où j'ai été arrêté, j'avais en mains la somme suffisante pour régulariser tous les actes". "Alors, qu'est devenu l'argent ?", s'enquiert le magistrat. "Je n'en sais rien", rétorque méprisant le notaire.
Jusqu'au bout, Jean Lachaud tentera de soutirer de l'argent. Même depuis la maison centrale de Nîmes où il était finalement transféré en 1938. Ignorant superbement sa condamnation à 10 ans de prison pour "escroquerie", il n'hésitait pas à écrire au directeur de la Banque de France afin qu'il lui fasse parvenir "son petit solde créditeur"...
Paru dans LA PROVENCE / Laetitia Sariroglou Mardi 25/08/2015
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