Samedi dernier 25 avril 2015, le Népal a été frappé par un gigantesque séisme qui pourrait avoir provoqué la mort de plus de 10.000 personnes.

Les jours passent et Valentin Curmi habitant Trets, n'a toujours pas de nouvelles de son petit frère disparu au Népal. Lorsque le terrible séisme frappe le pays, Dorian Curmi, sa compagne Julia ainsi que quatre autres personnes se trouvent à Ghora Tabela, un petit village dans la région du Langtang près de la frontière chinoise où le groupe fait du trekking. Depuis, ce Tretsois (13) a perdu tout contact avec son frère. "C'était une première pour lui ce trekking au Népal mais il était accompagné de gens expérimentés", explique-t-il.

Comme Dorian et Julia, plus de 670 autres Français sont aujourd'hui portés disparus. Débordé, le Quai d'Orsay révèle avoir reçu et traité près de 10000 appels provenant des familles. Mais pour Valentin, les nouvelles sont bien trop rares et contradictoires. Il cite en exemple cet incroyable quiproquo : "Lundi à 13h le quai d'Orsay me dit que le groupe a été localisé et que tout le monde est sain et sauf. Quelques heures plus tard, alors que toute ma famille appelle pour avoir des nouvelles, on leur répond qu'ils n'ont pas été retrouvés. Finalement je reçois un coup de fil dans la soirée pour me dire qu'il y a eu confusion dans la communication et qu'ils sont toujours portés disparus !".

"C'est plus leur boulot que le nôtre ça"

Une mésaventure qui pousse Valentin à accélérer les recherches qu'il mène en parallèle. L'agence de voyage empruntée par son frère ainsi que les ONG présentes sur place lui fournissent de précieuses informations sur le trajet des trekkers et sur la situation sur place. A tel point que le quai d'Orsay semble compter sur lui pour obtenir des nouvelles. "A chaque fois que je les avais au téléphone, ils me demandaient s'il n'y avait pas du nouveau de mon côté. Pourtant c'est plus leur boulot que le nôtre, ça", soupire-t-il.

Et ce n'est pas tout. Ce mardi matin, Valentin apprenait que les équipes de recherche françaises étaient toutes déployées à Katmandou et aucune au Langtang où son frère à disparu. L'ambassade de France au Népal lui aurait même conseillé d'engager des compagnies privées d'hélicopter sur ses propres fonds pour continuer les recherches de son côté.

Malgré tout, il ne baisse pas les bras, convaincu que son frère est toujours quelque part là-bas, au Népal. "On sera abattus après. Pour l'instant on se bat". Aujourd'hui, il espère pouvoir alerter un maximum de gens pour contraindre les pouvoirs publics à réagir.

Franck-Olivier Noah-Jong LA PROVENCE 29 AVRIL 2015

Son témoignage sur LCI, le 28 avril 2015

Séisme au Népal : le frère d'un Français disparu témoigne sur LCI

Ce Mercredi 29 avril il était invité de C A VOUS sur France5 pour témoigner

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Le combat d'un Tretsois pour son frère disparu au Népal


Valentin Curmi dénonce l'inaction du Quai d'Orsay à la suite du séisme
Voilà deux semaines qu'il remue terre et ciel. En vain. Seul ou presque, lâché, abandonné par les autorités françaises. Quinze jours après le terrible séisme qui a ravagé le Népal, Valentin Curmi a finalement dû entamer son deuil. Il en est désormais certain : il ne reverra plus son petit frère Dorian, âgé de 24 ans.

Ce dernier était parti le mois dernier pour un trek sur les pentes de l'Everest, en compagnie de sa petite amie Julia, ainsi que quatre autres membres de la famille de la jeune femme.
À la tristesse et au désarroi de ce Tretsois qui vient de perdre un être cher, s'ajoute désormais la "colère". Celle qu'il éprouve vis-à-vis du gouvernement français, "incapable" selon lui de lancer des recherches dignes de ce nom.
Pour retrouver les traces de son frère, Valentin s'est donc démené comme il pouvait. En commençant par reconstituer l'itinéraire du groupe des six Français disparus. "En deux semaines, raconte-t-il, je me suis constitué un petit réseau par téléphone, en recueillant des témoignages, en m'entretenant avec des guides, des agences de voyages, des directeurs d'hôtels, mais aussi des trekkeurs qui ont survécu."

"Faire un vrai deuil"

Entre-temps, le Quai d'Orsay lui annonce que le groupe a été localisé et que tout le monde est sain et sauf... avant de démentir quelques heures plus tard ! "On leur en veut terriblement pour leurs fautes, dit-il. Mais le plus navrant, c'est qu'à aucun moment, ils n'ont lancé de vraies recherches."
Depuis Trets, Valentin réussit finalement à avoir la confirmation que son frère venait d'arriver dans un hôtel de Langtang, à 11 h le jour du séisme.

La Terre s'est mise à trembler à 11 h 53. Aujourd'hui, il ne reste plus rien de ce petit village situé à 3 500 m d'altitude. Les quelque 200 à 300 maisons qui composaient ce bourg de trekkeurs gisent, dit-on, sous une cinquantaine de mètres de pierres et de gravats.
Seulement voilà. La France refuse toujours d'envoyer des secours. "Le Quai d'Orsay m'a indiqué que les recherches étaient officiellement finies, alors qu'elles n'ont jamais commencé, dénonce Valentin. On s'est rendu compte qu'ils avaient dépêché uniquement un guide et deux médecins légistes à Katmandou. Les Espagnols, eux, ont déployé beaucoup plus de moyens. Tout comme les Israéliens qui ont réquisitionné quatre hélicoptères pour retrouver un corps."


Comme Valentin, les familles des victimes souhaitent aujourd'hui "faire un vrai deuil, avec un enterrement". Or, à l'heure qu'il est, rien n'est prévu côté français pour retrouver les corps. "En fait, résume Valentin, tout le monde s'en fout. On n'a pas d'Airbus à vendre au Népal, et ils n'ont pas de pétrole. Ça n'intéresse pas la France !"

La famille de Dorian Curmi a lancé une pétition pour demander "un peu d'aide" au gouvernement. Quelque 3 000 signataires y ont déjà répondu. Valentin aimerait évidemment se rendre sur place "au moins pour se recueillir".
"On va donc devoir créer une association pour essayer de récolter des fonds et monter une équipe de recherche avec des guides népalais qui connaissent le terrain, explique-t-il. Mais ce n'est pas à nous de faire ça."
Après leur trekking sur les pentes de l'Everest, Dorian, 24 ans, et Julia, 23 ans, avaient l'intention de partir en Nouvelle-Calédonie pour s'y installer un moment et travailler dans la restauration.
Guillaume Aubertin, LA PROVENCE , LUNDI 11 MAI 2015

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