Depuis quelques jours une très grosse polémique agite Trets et fait beaucoup parler tout en étant très médiatisée, puisque chose rare elle a fait la Une de la presse régionale : La Marseillaise mercredi 16 décembre et ce jeudi 17 décembre 2009, c'est le quotidien La Provence qui s'en ait fait écho en première page puis sur une page entière intérieure, et chose inédite mettant même l'information durant 24 heures en une de son site internet.
Le départ de tout cela : L'organisation du traditionnel repas municipal de fin d'année sur le site de la Soka Gakai ce samedi 18 décembre. Un lieu qui a très mauvaise réputation dans la commune depuis des années et dont le propriétaire est le mouvement Soka Gakkaï, où l’on pratique le culte du bouddhisme de Nichiren Daishonin, moine japonais du XIIIe, qui propage l’esprit du Sûtra du Lotus. Et si ce lieu est très décrié c'est que son organisation a été citée à plusieurs reprises dans des rapports parlementaires (1985, 1995 et 1999) comme un mouvement s’apparentant à une secte, même si cela n’a pas été totalement établi, et que les dernières publications ministérielles laissent de côté cet organisme.


C'est en 1975 que le maire de l'époque Jean Feraud délivre les permis de construire à ce centre européen "Nichiren" en bordure de la départementale, à quelques kilomètres de Trets. Un lieu qui s'étend sur 40 hectares et accueille 10 000 personnes par an venues d’Europe pour des séminaires. Le batiment accueillant prières et séminaires, est en forme de temple japonais, avec une vue imprenable sur la vallée. Depuis une vingtaine d'années, le groupe cherche à s'agrandir et fera de nombreuses sollicitations pour obtenir un permis mais lors de son arrivée au pouvoir en 1989 le maire Loic Fauchon décidera de couper tous les ponts entre la commune et ce groupe et fera pour cela voté en 1992 un nouveau plan d'occupation des sols interdisant toute construction sur le site. En 2007 le nouveau PLU confirmera la zone naturelle du quartier.

Le quotidien La Provence a interrogé Mr Pachou président du Gemppi (association de prévention contre les dérives sectaires) qui se dit offusquer par une telle décision : "Que fait-on du principe de précaution ? De la neutralité d’une municipalité face à un groupe qui suscite bien des questions ? La Soka Gakkai est un mouvement religieux dont le prosélytisme ressemble aux méthodes des témoins de Jéhovah. Est-ce que les employés municipaux, face au maire qui est leur patron, ont toute latitude pour refuser l’invitation ?" Le principe de laïcité est bafoué ", conclut il, lui qui a dores et déjà alerté la Mission interministérielle de vigilance et lutte contre les dérives sectaires.


Mme Di Lena, conseillère municipale communiste de Trets s'insurge elle aussi de cette décision dans le quotidien La Marseillaise : " J'ai été choquée en recevant cette invitation. Elu de la République et de la population, le maire n'a pas à inviter le conseil municipal et le personnel dans un organisme privé plusieurs fois dénoncé par l'assemblée nationale. Par sa fonction, il a un lien de subordination avec le personnel qui n'a pas entière liberté pour refuser l'invitation." dit elle.


De son coté, Georges Pansier, adjoint à la culture de la ville interrogé par LA PROVENCE, dit s'etre renseigné sur le sujet et a lu pour cela un rapport de près de 150 pages ces derniers jours pour se faire une idée complète tout en estimant que pour lui une "municipalité se doit de rester neutre et laïque". Il reconnaît que si l’on s’en tient à cette somme de présomptions, allant de troubles causés à l’ordre public jusqu’à l’atteinte à l’intégrité morale, physique ou financière de l’individu, la Soka ne "saurait être sujet à controverse". "Sinon, le site serait fermé, remarque-t-il. Avoir son siège à l’étranger ?" interroge-t-il avec un soupçon d’humour. "Après tout, comme pour les catholiques et le Vatican."



Voilà pourquoi ce repas organisé pour la première fois dans ce lieu fait tant parler et choque certaines personnes, élus ou habitants.

Pour connaitre les raisons qui ont poussé le maire Jean Claude Feraud à organiser cette manifestation dans ce lieu, Trets au coeur de la Provence l'a interrogé ce 18 décembre 2009, pour obtenir ses réactions face à cette polémique, lui permettre de répondre, mais surtout pour faire la lumière sur cette affaire; en obtenant sa version complète de l'histoire, de manière à ce que les tretsois puissent se faire leur propre avis de la manière la plus claire possible. Ce dernier a accepté de répondre et de s'expliquer, voici donc ses réponses :

Pourquoi avoir organisé ce repas dans cet endroit si décrié ?
"Je pense que l'on fait une polémique là où il n'y a pas lieu de faire une polémique, il s'agit de l'organisation du repas de Noël du personnel municipal, pas privé mais réservé au personnel, que l'on veut remercier de son travail dans l'année. On cherche alors pour cela à organiser une journée la plus agréable possible à ses invités, c'est la façon dont personnellement je perçois la chose.
Mais sur Trets malheureusement il n'y a pas 50 lieux pour recevoir 160 personnes environ. L'an passé nous avions organisé ce repas au domaine Grand Boise car c'était pour moi la première année, que Grand Boise est un site exceptionnellement beau et que j'avais demandé à son propriétaire si l'on pouvait organiser cela chez lui. Il m'a dit alors oui tout de suite, en nous faisant cadeau de la location de la salle, mais l'on ne peut pas aller tous les ans au même endroit et mettre à contribuer la même personne. J'ai donc cherché une autre solution, il restait l'école St Jean, le Moulin de l'Arc chez qui nous avons déjà fait 10 ou 15 soirées du personnel et je voulais donc changer.
Il y avait la salle des colombes mais l'on y passe notre vie entre conseils municipaux, réunions, spectacles, associations ...c'est pas vraiment un lieu de dépaysement. Et il n'y a malheureusement pas d'autres endroits. On s'est renseigné sur deux propriétés : Ferry Lacombe mais ils ne peuvent recevoir en intérieur ce nombre de personnes et Roquefeuil que mes adjoints ont visité, mais ils n'acceptent pas au delà de 100 personnes.

Donc je n'avais plus de solutions, m'est venu alors l'idée de la très belle salle, dans un très beau cadre, qui est détenu par la Soka Gakkaï, j'ai donc pris contact avec eux, non sans savoir que bien entendu ça créerait de l'animation au sein de ceux qui cherchent la polémique là, où il n'y a pas lieu d'y avoir. Ils m'ont dit qu'ils devaient demander l'autorisation de leur consistoire à Paris, ils m'ont répondu favorablement en me disant qu'ils mettraient la salle gratuitement à la disposition de la commune; sous reserve que l'on fasse une convention pour les assurances...

On a donc mis cela en pratique, jusqu'à ce que certaines personnes me fassent un procès d'intention que je trouve totalement déplacé, je ne cherche à convaincre personne; j'ai juste cherché à organiser cela dans le cadre le plus sympathique possible pour que la soirée soit réussie. Je n'ai cherché à faire convaincre personne par la Soga Kakai. Moi je n'ai des relations avec ce groupe que de politesses avec eux, on se dit bonjour quand on se voit et ça s'arrête là. "


Comprenez vous que faire cela dans cet endroit puisse interpeller et choquer pour des raisons morales mais aussi laïques ?
" Si certaines personnes ont des blocages psychologiques car ils assument que la Soka Gakkaï est une secte dangereuse, ils sont totalement libres de ne pas y assister; notamment les conseillers municipaux de l'opposition, plus deux ou trois autres mais il n'y en a pas plus contrairement à ce qui est dit dans la presse; pour des raisons personnelles que je respecte, mais que je sache la Soka Gakkaï installée depuis 1975, est toujours là. Ils font parti du tissus local, les rapports courtois qu'ils ont eu avec le commerce tretsois et les habitations font que l'ont a pas de procès d'intention à leur adresser et la chose la plus importante, c'est qu'à ma connaissance et j'ai fait des recherches depuis hier, il n'y a jamais eu aucune condamnation pénale à l'encontre de ce groupe. Donc à partir du moment où il n'y a pas de condamnations je ne vois pas pourquoi on me ferait un chou fleur de choisir ce lieu qui est beau."


Mais comprenez vous que des habitants ou employés puissent être choqués ?
"Je pars du principe qu'il faut avoir l'esprit un peu plus large et s'élever au dessus de la petite polémique systématique de la querelle de clocher, qui n'aboutit à rien ! On a juste cherché à faire une belle soirée, les seuls qui ont torts sont les absents car ils perdront une belle soirée, s'ils ne veulent pas venir ils sont totalement libres, je n'ai influé sur personnes pour qu'ils viennent, ils ne privent qu'eux mêmes, personnellement pour moi la soirée sera réussie."


Ne pensez vous pas que cela a été une erreur au final, vu la très mauvaise publicité que cela a fait à la ville ?
"Je pense que la mauvaise publicité qui est faites à la ville engage la responsabilité de la journaliste qui a fait l'article de la Provence, si ce n'est qu'elle a fait des allusions perfides en revenant sur mon père, et en revenant sur le choix du terrain des gens du voyage, en sous entendant en faisant des allusions personnelles, qui ne me concernent pas, que j'aurais fait des gentillesses à la Soka Gakkaï pour leur enlever le terrain. C'est le journal que ça concerne et je me réserve le droit de faire ce que j'ai le droit moi aussi , pour m'élever contre ces affirmations qui sont totalement gratuites !
Je suis très clair sur ce sujet il n'y a pas eu de condamnations pénales contre cet organisme et s'ils avaient commis des actes graves, il est évident que je n'aurais pas fait cela chez eux. Je ne cherche à convaincre personne, personnellement je ne suis pas bouddhiste, mais je respecte tout le monde et toutes les religions, du moment qu'il n'y a pas de condamnations pénales il n'y a pas à rougir d'aller chez ces gens là. Et je rajouterais même que parmi ceux qui ne voudraient pas venir, je tiens à dire que leur curiosité a été largement exacerbée il y a quelques années, quand ils ont été invités en tant que nouveaux élus à visiter le centre, ils sont alors tous venus, boire du champagne et manger, opposition et majorité comprise, il y avait tout le monde, ça ne les a pas gêné ce jour là. Donc le procès d'intention d'aujourd'hui sur ce sujet, est juste une polémique contre moi pour me salir et me nuire" conclura t'il ainsi.


Vous avez ainsi toutes les réactions, donc Trets au cœur de la Provence vous demande maintenant votre avis. Etes vous choqués par l'organisation de ce diner à la Soka Gakkaï ?

Vous pouvez aussi donner librement votre avis dans le forum du site, sur ce sujet et les autres

Au final 120 personnes environ étaient présentes, selon le site de la mairie, sur les 160 attendues.

Suite à cette interview, le conseiller général Roger Tassy a voulu démentir certains des propos du maire Mr Feraud, voici sa réponse :

J’ai pris connaissance de l’interview de JC Féraud mise en ligne sur le site, concernant ses motivations à choisir la salle de la Soka Gakai pour y inviter les employés municipaux au traditionnel le repas de fin d’année.
A défaut d’argument convainquant, JC Féraud déclare « Et je rajouterais même que parmi ceux qui ne voudraient pas venir, je tiens à dire que leur curiosité a été largement exacerbée il y a quelques années, quand ils ont été invités en tant que nouveaux élus à visiter le centre, ils sont alors tous venus, boire du champagne et manger, opposition et majorité comprise, il y avait tout le monde, ça ne les a pas gêné ce jour là ».
Je tiens à m’inscrire en faux : jamais sous ma mandature, pas plus que sous celle de Loïc Fauchon nous n’avons accepté quelconque invitation de la part de la Soka Gakai. Les seules visites faites sur le site l’ont été dans le cadre des visites obligatoires de la commission de sécurité, sous l’autorité du Sous Préfet et en présence des gendarmes et pompiers.

Il n’était pas question ces jours là de champagne et autre légèreté mais uniquement de contrôler la sécurité des lieux qui accueillent des centaines d’adeptes en séminaires. Je suppose que JC Féraud a du confondre avec la visite officielle de sa propre équipe en août 2008, quelques mois seulement après son élection.

JC Féraud serait bien inspiré de prendre modèle sur la réserve totale des majorités de gauche qui l’ont précédé vis-à-vis de ce mouvement religieux pour le moins controversé.
Je trouve regrettable que le Maire de Trets fasse usage d’arguments mensongers, pour se justifier d’avoir de manière aussi inconséquente nuit à l’image de la commune de Trets.
Que le Maire de Trets assume ses choix sans nous compromettre dans ses errements !

Roger TASSY
Conseiller Général


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