Article paru dans la presse ce mardi 30 juin 2015 :

Trois jeunes gens étaient jugés devant le tribunal correctionnel d'Aix pour emploi et détention de stupéfiants. Ils produisaient leur consommation. Comme c'était "trop cher" d'aller acheter le cannabis à Marseille, les trois jeunes avaient opté pour une production locale, dans la forêt à Trets.

Fumer des joints tous les jours, ça revient cher... Alors certains se mettent à produire eux-mêmes du cannabis. C'est le cas de Michael , Jean-Baptiste et Virginie, prévenus devant le tribunal correctionnel d'Aix pour emploi, usage, détention et transport de stupéfiants.

La jeune fille a également refusé de se soumettre aux tests de dépistage de stupéfiants alors qu'elle conduisait. Infraction de plus pour elle, qui est punie de la même façon que si les tests s'étaient avérés positifs...

C'était à Trets en 2014. Les trois jeunes, dont deux sont en couple (Michael et Virginie), vivaient alors ensemble, chez Jean-Baptiste, cousin de Michael. Consommateurs de cannabis réguliers, ils disent aux enquêteurs fumer "quatre à sept joints par jour". Ce sont des voisins qui ont alerté les gendarmes sur un trafic de drogue supposé chez les trois jeunes.

"Pas de drogue douce"

Les enquêteurs perquisitionnent et ils retrouvent un sac de 2,3 kilos avec des feuilles et des branches de cannabis, 170 € en liquide et des sachets de conditionnement. Hésitants au départ, ils avoueront ensuite cultiver eux-mêmes la plante, qu'ils montreront aux enquêteurs, dans la forêt. En revanche, ils nient tout trafic et déclarent cultiver uniquement pour leur consommation personnelle. Finalement, le parquet ne retiendra pas la production, ni l'offre ou cession de stups (trafic).

Après un rappel des faits, la présidente, Stellina Boresi, interroge les prévenus. "Vous êtes accros, toxicomanes : cinq à sept joints par jour, c'est beaucoup !" Elle souligne les effets du cannabis : "Et qu'on ne vienne pas me dire que c'est une drogue douce, il n'y en a pas ! À cette dose, on a des effets dévastateurs sur le cerveau." Michael a déjà un casier judiciaire : il a été condamné en 2012 pour usage de stups.

Les deux autres, en revanche, ont un casier vierge. La jeune fille, qui avait refusé de se soumettre aux tests de dépistage en décembre, avait vu son permis suspendu immédiatement pour six mois.

Aller à Marseille, "ça coûtait cher"

Interrogé, Michael explique : "C'est la première année qu'on faisait cela, ça commençait à nous coûter cher d'aller acheter à Marseille."
Depuis les faits, Virginie et lui sont partis vivre dans le Doubs, où ils travaillent. Lui est ouvrier chez Peugeot, elle commerciale en Suisse. Quant à Jean-Baptiste, resté à Trets, il travaille comme cariste.

"La production de cannabis, c'est la dernière mode, aidée par le commerce sur internet. On se dit que cela coûte moins cher, mais pénalement, c'est plus cher !", rappelle le procureur Emmanuel Merlin. Il souligne que, normalement, la production de drogue relève des assises et la peine encourue est de vingt ans. Selon lui, "l'offre et la cession étaient réelles, on prend le tribunal pour des imbéciles".

Il ajoute que c'est un "phénomène insupportable", que le cannabis, "très dangereux", crée de "potentiels meurtriers au volant". Il requiert neuf mois de prison avec sursis, 1 000 € d'amende et la suspension du permis de la jeune fille. L'avocate de la défense, Me Élodie Fontaine, déclare que "ce n'est vraiment pas une grosse affaire criminelle, ce sont des amateurs. Ils fumaient tous les trois et ont eu l'idée lumineuse de planter du cannabis dans la forêt près du canal, là où n'importe qui peut passer". Elle ajoute que cela "leur a peut-être évité de mal tourner dans les quartiers nord de Marseille". L'avocate souligne que les trois ont un travail, que la détention "ne serait vraiment pas adaptée pour eux" et que la jeune fille "a besoin de son permis pour travailler". Elle sollicite la clémence du tribunal. Le délibéré tombe : six mois de prison avec sursis pour les trois et 800 € d'amende pour Michael.

PARU DANS LA PROVENCE, par Thibault Franceschet Mardi 30/06/2015
* Les noms de famille ont été volontairement retirés

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