Notre Deloréan Policière s'envole très loin aujourd'hui, deux siècles ne arrière au
début des années 1800, avec la compliquée affaire THENOUX, (écrit un peu différemment à chaque article) accusé d'avoir assassiné son propre père et le notaire du village mais aussi accusé d'avoir semé la terreur dans Trets. Un nouveau dossier en plusieurs parties de notre rubrique quotidienne "LE TRETS GLAUQUE" consacrée à 2 siècles de faits divers tretsois.
Cette histoire s'est déroulée sous le regne du roi Charles-Philippe de France comte d'Artois plus connu sous le nom de Charles X, frère de Louis XVI et de Louis XVIII , durant la période dite de la Restauration.
Journal des débats politiques et littéraires 24 janvier 1830
On écrit de Marseille, 4 janvier : Quelques personnes ont paru révoquer en doute les détails que nous avons donnés relativement au condamné Tenoux. (Voir le Journal des Débats du 24 janvier.) Il y a une erreur, en effet, dans notre article ; ce n'est point à dix heures du soir que ce forcené s'est présenté chez M. Pailleret pour l'assassiner, mais à deux heures après midi, et il l'eût tué si le jeune fils n'eût poussé la porte au moment où le fusil s'abattait sur sou père. Au reste, voici d'autres détails qui étonneront encore plus, et qu'on défie qui que ce soit de démentir : » Le 25 décembre dernier, pendant qu'on célébrait la messe de minuit, Tenoux est entré dans l'église de Trets, et est allé s'asseoir sur un banc, auprès du frère de l'adjoint.
Ce parricide est resté là tant qu'il lui a convenu; il ne s'est retiré que lors qu'il a vu que sa présence épouvantait les fidèles, qui l'avaient reconnu dans l'obscurité, mais aucun ordre de l'autorité, aucune force ne l'y a contraint. Au sortir de l'église, Tenoux a été appeler, en contrefaisant sa voix, le sieur Pailleret, qui, toujours sur ses gardes, n'a point ouvert, et a vainement imploré du secours. L'incendiaire alors a secoué fortement, et à plusieurs reprises, la porte de la maison ; mais, ne pouvant la renverser, il a disparu. Le 9 novembre précédent, Tenoux était entré dans Trets et y avait mis à contribution un sieur Burle pour une charge de blé ; les 13, 15, 16, 18 du même mois, il y a été rencontré par plusieurs personnes qui en ont informé le maire. Celui-ci a répondu que c'était impossible ; que Tenoux était à trente-cinq lieues, travaillant dans un moulin d'huile. Enfin, mercredi dernier, 20 janvier, Tenoux a reparu à Trets et en est sorti librement. » Et l'on souffre ainsi que la justice soit foulée aux pieds!
On laisse dans l'effroi une population de 3000 âmes ! Quant à M. Pailleret, son parti est pris ; il sait ce qu'il doit attendre d'un homme qui lui a fait dire de déposer 1000 frcs. et du blé, que sinon c'était fait de lui; ce notaire marche constamment armé de pistolets et d'un fusil, et accompagné d'un domestique. Que Tenoux se présente encore, et M. Pailleret est résolu à se faire la justice qu'il a vaine ment réclamée. Il est douloureux, sans doute, il est horrible qu'un honnête homme, père de plusieurs jeunes enfants, en soit réduit à cette affreuse extrémité ; mais ne faut-il pas, avant tout-, se sauver des attaques d'un brigand, quand les arrêts d'une Cour d'assises ne sont qu'un vain mot? Nous savons que les gardes-champêtres ont été destitués ; mais ce n'est pas eux qu'il fallait frapper. Nous savons aussi que M. le marquis d'Arbaud-Jouques a écrit énergiquement; mais ces lettres sont inutiles. Les autorités ont été prévenues de toutes les machinations qui paralysent l'action de la justice, et cependant Tenoux n'est point encore arrêté !
1. Veut-on sincèrement rassurer la contrée? Veut-on voir cesser ce déplorable scandale? Que l'autorité administrative se concerte avec l'autorité judiciaire ; qu'une mesure nécessaire précède l'arrivée à Trets de la troupe de ligne, et Tenoux sera bientôt entre les mains de la justice! » M. le préfet a dit-on, manifeste quelques doutes sur la constitutionnalité de l'emploi de la troupe de ligne. Ce qui est inconstitutionnel dans cette affaire, c'est la protection qui entoure Tenoux ; ce qui est inconstitutionnel, c'est qu'uu arrêt de Cour souveraine ne soit pas exécuté, et que force ne demeure pas à la justice et à la loi! » Jusqu'à présent, nous avons usé de ménagements ; mais, si cet état de choses continue, nous parlerons à découvert, et nous ferons connaître la filière de tous les protecteurs de Tenoux. » (Gazette des Tribunaux. )
Journal des débats politiques et littéraires 10 février 1830
L'affaire THENOUX
Plusieurs journaux ont parlé d'un nommé Thenoux, de la commune de Trets, arrondissement d'Aix, département des Bouches-du-Rhône. Les faits qu'on lui imputait étaient tellement graves, la conduite des autorités à son égard tellement incompréhensible, que nous crûmes devoir nous abstenir de parler de cette affaire avant d'avoir reçu déplus amples renseignements. Comment croire en effet que Thenoux eût assassiné son père, qu'il eût été condamné par contumace au supplice des parricidés, et qu'il vint impunément, en plein jour, dans la commune, lieu de la scène du plus affreux des forfaits, tenter d'assassiner le notaire, qui n'avait pas voulu se rendre le complice d'un monstre de cette espèce ? Cependant tous ces faits ont été répétés, confirmés ; la publicité a fait connaître la vérité, et M. le préfet des Bouches-du-Rhône a donné, pour l'arrestation de cet exécrable assassin, des ordres qui n'ont pu encore être mis à exécution.
Cette affaire a fait naître une question qui nous a paru singulière, pour ne pas dire absurde, c'est celle de savoir si l'emploi de la troupe, pour l'arrestation du parricide Thenoux, ne serait pas inconstitutionnel? Nous ne pouvons croire au doute qu'on prête à ce sujet & M. d'Arbaud-Jouques. On n'a qu'à lire la formule exécutoire qui se trouve au bas de tous les mandemens de justice. A la voix de l'huissier chargé de l'exécution d'un acte judiciaire, tous les officiers, tous les commandants de la force publique, capitaines ou généraux, sont obligés d'obéir, de prêter main-forte pour que force reste à la loi. Dans ce cas, la voix de l'officier ministériel est la loi elle-même.
Ces mots sacrés "mandons et ordonnons", qui les prononce, si ce n'est le Roi, de qui toute justice émane ? Le procureur-général répond au prince et à la société de l'exécution des jugements. Si donc Thenoux est libre, s'il médite de nouveaux forfaits, et que le procureur-général ne le fasse pas arrêter, le procureur-général seul serait coupable, car il a à ses ordres tous les gendarmes, toutes les troupes de ligne, toutes les gardes nationales de son ressort. Il faut qu'il y ait dans cette affaire quelque mystère d'iniquité pour faire naître le scrupule et les difficultés que les journaux de Marseille révèlent.
Le Constitutionnel 10 février 1830
Journal des débats politiques et littéraires 10 février 1830
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