Retour un siècle en arrière avec les frasques de Mr CELESTIN MICHEL maire de Trets de 1904 à 1908 , instituteur à Marseille, un maire qui n'aimait pas trop la musique

Un Maire qui n’aime pas la Musique
M. le maire de Trets n’aime sans doute pas la musique et il pousse le souci de la tranquillité de ses concitoyens jusqu’à les protéger contre les auditions instrumentales. Leur avis, d’ailleurs, le préoccupe fort peu, si peu qu’il passe outre et n’en tient aucun compte. Cela remonte à loin et, par arrêté en date du 20 août 1904, M. le maire de Trets « a défendu à tout corps de musique constitué de jouer publiquement d’un instrument quelconque sans être muni d'une autorisation délivrée par l'autorité municipale ».

Cette restriction, à propos d’une mesure générale laisse la porte ouverte à la faveur, et M. le maire de Trets en donne une preuve qui mérite qu’on la signale : En effet, tandis que l’Harmonie tretsoise ne peut se produire à travers la ville ou sur la place publique de l’endroit, une autre société musicale y est autorisée, ce à quoi, du reste, nous ne voyons aucun inconvénient. Cependant, ce mode d’exception rend encore plus insupportable le régime du bon vouloir que M. le maire de Trets veut imposer aux musiciens de son pays.
Il semble, en tous cas, prendre le la de ses décisions dans l’agitation politique à laquelle il se mêle si volontiers, et il n’est pas douteux qu’un métronome lui serait indispensable pour donner un peu d’équilibre à de telles « mesures ». Les membres du cercle de l’Harmonie tretsoise se plaignent, à juste titre, de ces procédés administratifs, et dans une lettre qu’ils adressent au maire de Trets, à la date du 19 mars, ils lui expriment leurs doléances : « Une société musicale, monsieur le maire, disent-ils, doit jouer et se faire entendre.

C’est son but, sa raison d’être. Par votre arrêté, vous supprimez et l’un et l’autre. La loi nous donne le droit d’exister ; le refus de nous permettre toute manifestation extérieure nous le supprime. Nous pensons que si votre arrêté est légal en lui-même, il est illégal dans son application et, depuis que nous avons été poursuivis et condamnés pour avoir passé outre à un refus d’autorisation, la jurisprudence s’est unanimement prononcée dans un sens favorable à nos désirs. »

Les membres du cercle de l’Harmonie tretsoise terminent leur lettre en demandant « avec déférence » l’autorisation de donner deux concerts, aujourd’hui fête de Pâques, et demain lundi 20 avril. Ces concerts, quelle que soit la décision de M. le maire, auront lieu, dans le parc du Casino Guichard, pour le plus grand plaisir de la population. Et tout cela montre bien que la. vie est faite de contrastes, car, en prenant la musique comme moyen d’irritation, M. le maire de Trets témoigne qu’il est un maire bien singulier.

Le Petit Marseillais 19 avril 1908

Et quelques années plus tôt...
TRET8. — M. Célestin Michel, instituteur à Marseille, actuellement maire de Trets, apres avoir refusé les honneurs d’une aubade de la part des membres exécutants de l’Harmonie tretsoise, a accepté, dimauche dernier, celte des membres de la Société philharmonique. Avoir conscience de sa valeur, c’est sauvegarder sa dignité. La prudence est la mère de la sureté, dont acte...
Le Petit Marseillais 12 juin 1904

Photo REGARDS SUR TRETS / Les amis du village


Précision de GUY VAN OOST : Au sujet du Maire Célestin Michel, il faut remettre les faits dans leur contexte.
Nous sommes en pleine période des lois de 1905 organisant la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Partout en France, il y a de grandes divisions entre les "Rouges" et les "Blancs".
Il y a des Cercles de "Rouges" et de "Blancs", il y a des Associations musicales de "Rouges" et de " Blancs"...
Et à Trets, comme ailleurs, les affrontements verbaux et physiques sont très fréquents. Il n'est pas rare que aprés des manifestations ou après des repas, des bagarres éclatent.
Dans ce climat, le Maire devait essayer de limiter les rencontres les concerts, les défilés, et toutes les occasions de bagares, aussi on peut admettre qu'à certains moments, il ait interdit certaines manifestations, soit préventivement soit par rétorsion....
Il faut toutefois ajouter une NOTE POSITIVE : lors de la fête patronale de la Sainte Cécile, TOUS LES MUSICIENS, BLANCS COMME ROUGES assistaient pacifiquement, à la Grand'Messe, dans notre église paroissiale....
Ensuite, Rouges et Blancs allaient banqueter dans leurs Cercles respectifs . Les menus étaient trés copieux, le vin coulait à flots, et il était fréquent que les bagares reprennent à la moindre occasion... Cela faisait partie du programme..
Et pourtant, on dit que la musique adoucit les moeurs.


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