La Ciotat : le radar allemand dans le viseur des alliés
À proximité du sémaphore du cap de l’aigle, l’armée allemande bâtit en mars-avril 1944, une station radar détruite par l’aviation US, à la veille du débarquement de Provence. Récit.
La villa au premier étage, date des années 70, elle n’a pas d’originalité ni de valeur patrimoniale particulière », estiment Mathieu Imbert et Fabienne Gallerno du Parc national des calanques venus inspecter l’édifice, juché en contrebas du Sémaphore du cap de l’aigle, et aujourd’hui propriété du conservatoire du littoral. Ces soubassements, le rez-de-chaussée ainsi que des dépendances de cette « station radar allemande, construite entre mars et avril 1944, dans le cadre des fortifications de la côte méditerranéenne » sont des vestiges remarquables. La forme octogonale du socle du radar, et ses murs épais compartimentent encore la maison, jusqu’à « retrouver la base circulaire, au centre de la villa », décrit Bernard Descales, le responsable de l’association Fortifications de Marseille et des Bouches-du-Rhône. L’équipement avait « pour fonction la détection des bateaux ».
À l’extérieur, plein Sud : le poste avancé au droit de la falaise et doté d’un canon antiaérien, a été dallé de pierres et transformé en belvédère par les propriétaires au lendemain de la guerre ; à l’ouest, un autre poste de mitrailleuse, en direction des îles marseillaises et à l’Est, se dessine, à travers les genêts, les citernes d’eau en béton. « Ils utilisaient un système d’impluvium pour les remplir », fait remarquer Fabienne Aladern, animatrice d’Educalanques pour les Jardins de l’espérance. Dans la continuité, se trouvent les trois bâtiments de vie, encore debout, semi-enterrés dans les restanques. Ils hébergeaient la trentaine de matelots et officiers de la kriegsmarine, assignée à la station. L’un des casernements, a encore son toit fait de grosses planches de bois, « les murs en pierre étaient doublés d’une isolation à base de paille séchée. » note le spécialiste. « Je savais qu’une station radar avait été détruite dans les environs, mais sans savoir où, exactement », poursuit Bernard Descales. « Je l’ai cherché en 2009, du chemin, j’ai d’abord repéré les bâtiments dans les restanques, avant de m’apercevoir que la villa avait été construite dessus ! »
Une escadrille afro-américaine
La station est identifiée, par les alliés, lors d’un vol de reconnaissance, le 20 juin 1944. « C’est très certainement une vigie côtière », note le rapport d’interprétation des photographies, en date du 24 juin. D’après les vols précédents, « il a dû être construit entre le 10 mars et le 24 avril (...) Il y a deux petites structures distinctes, au moins cinq bâtiments, partiellement enterrés (...) mais difficiles à identifier en raison du camouflage. Le site n’apparaît pas défendu… », est-il mentionné. Les 12 et 14 août 1944, l’Air Force déploie, à partir de Ramitelli (Italie), plus d’une centaine d’avions de chasse afin d’attaquer « les postes d’observation, les radars et les relais radio de la côte Sud de la France » à la veille du débarquement. Ces raids sont menés à La Ciotat par des P51 mustang pilotés par les « Tuskegee airmen - du nom de l’institut de formation -, une escadrille constituée exclusivement de pilotes afro-américains », stipule Bernard Descales. Une première.
L’État-major de l’Air Force a mis en place cette filière pour répondre aux besoins de pilotes, dans une société américaine ségrégationniste. 445 pilotes afro-américains combattirent ainsi pendant la Seconde guerre Mondiale, en Afrique du nord, en Méditerranée et en Europe, et 150 y perdirent la vie. Lors du raid contre la station radar de La Ciotat, l’avion du lieutenant Robert O’Neil est touché par les tirs de défense. Il s’éjecte et atterrit au bois de « La Jolie » à Trets. Sérieusement blessé au genou, le pilote voit finalement « une jeune fille venir vers moi… elle faisait partie de la résistance ! » raconta-t-il. (
PLUS D'INFOS sur le dossier consacré au maquis de St Jean du Puy) Il est caché jusqu’à la Libération de la ville, moins d’une semaine après. Il retrouvera ensuite son escadron « tout le monde me croyait mort au combat… » Robert O’Neil est décédé en 2002, à l’âge de 80 ans. À son retour de la guerre, « il aurait voulu continuer à voler dans une compagnie commerciale », confie son épouse au Washington Post lors de son décès, « mais on lui a dit qu’aucun pilote ne voudrait voler avec un noir. »
SYLVAIN FOURNIER - LA MARSEILLAISE - 17 AOUT 2019
LE RECIT DETAILLE
12 août 1944, des chasseurs Mustang du 3321 Fighter Club Croup de l'US Air Force décollent de leur base située en Italie. Leur objectif : la destruction des radars allemands installés entre Marseille et La Ciotat. A bord de l'un de ces chasseurs, le pilote noir américain Robert 0 Neill'. Laissons-le raconter : Nous survolions l'objectif quand quatre chasseurs ennemis nous ont attaqués. Leur formation a éclaté et j'ai commis l'erreur de me lancer à leur poursuite J'ai compris quand j'ai vu les balles traçantes défiler sous mon aile droite. L'un d'eux m'avait contourné. J'ai viré immédiatement, mais les tirs de l'Allemand ont fini par m'atteindre. Tant bien que mal, je me suis dirigé vers une zone inhabitée. J'ai largué ma verrière puis jai sauté. Je suis tombé à proximité d'une ferme, une jeune fille s'est précipitée vers moi et m'a conduit à la ferme voisine où j'ai passé ma première nuit, caché dans la grange. Le lendemain, des patriotes français sont venus me prendre en charge pour me mettre à l'abri. "
Auguste Deleuil, réfractaire au STO, qui se cachait au Perdu et appartenait au maquis de Saint-Jean sous le matricule 4187, précise : Du sol nous avons assisté au combat aérien. Quand l'avion de Bob s'est mis en vrille, l'Allemand est parti sur Saint-Zacharie. Nous avons retrouvé l'Américain le lendemain à La Jolie, chez Paul Midori. Pour le rassurer nous lui avons simplement dit: French! De Gaulle ! Nous l'avons planqué dans la bergerie de Vincent. Un jour nous avions récupéré un lapin pris dans un piège qui appartenait aux frères Mauro, coupeurs de bois. Nous avons voulu lui faire goûter la cuisine provencale mais nous ne pouvions pas le faire cuire autrement que bouilli ! Ce n'était pas fameux, mais ça avait amélioré la ration... Les Canadiens ont libéré Trets le 20 août. Lorsque les premiers Américains sont passés, deux jours après, Louis Deleuil, chef du maquis, leur a remis Bob et celui-ci est parti poursuivre les combats.
Hervé Brun, historien de l'Armée de l'Air, ayant pu retrouver les traces de Robert o Neil, la municipalité a voulu honorer le pilote. Le maire, Roger Tassy, lui a adressé une invitation officielle, pour la commémoration de la libération de Trois, le 20 août 2000, Avec son adjoint, délégué à la Culture, ils obtinrent l'accord de l'ambassade américaine pour organiser de grandes manifestations d'amitié. J'avais proposé d'héberger Bob et sa famille dans mon gîte de la rue Clérion. Malheureusement Bob tomba gravement malade - il devait décéder en 2002 - et ce beau projet ne put se réaliser. Mais grâce à la pugnacité des élus et aux recherches d'Hervé Brun, la ville put accueillir en juillet 2005 les filles jumelles de l'Américain Katleen et Moureen. Celles-ci furent conduites par une délégation d'élus, et sous la responsabilité bienveillante du comité Feux, sur les lieux du crash de l'avion, derrière le clos de Barry. La parcelle avait brûlé en 2004 et, au milieu des arbres calcinés, elles purent encore trouver, 61 ans après, quelques débris de l'avion .A leur retour à Trets, elles furent accueillies au château par le maire Roger Tassy et les derniers membres vivants du maquis de Saint-Jean Marcel Puccinelli, Manuel Martinet et moi". Nous noterons ici que, par délibération du 19 octobre 2006, pour rendre hommage a ces soldats de l'ombre qui se levèrent contre l'occupant nazi, le chemin du Pas de la Couelle, qui part du RD 12 de Trets à Saint-Zacharie, et conduit vers l'ermitage, est devenu le chemin du Maquis de Saint-Jean. .
Sources : TRETS Histoires de tretsois, paroles de bassaquets / LES AMIS DU VILLAGE
BIOGRAPHIE traduite de Robert O'Neil
Robert O'Neil, un pilote de chasse de la Seconde Guerre mondiale avec le légendaire Tuskegee Airmen, un corps de militaires noirs qui ont combattu la ségrégation, les nazis et, dans le cas d'O'Neil, son chemin hors de la France tenue par l'ennemi après avoir été abattu, il est décédé le 18 juin 2002, à son domicile dans la communauté du comté de Loudoun de South Riding. Virginie. Il avait 80 ans et avait un cancer.
O'Neil - alors premier lieutenant O'Neil - a terminé sa formation de pilote à Tuskegee Army Air Field en Alabama en janvier 1944. Il est allé en Afrique du Nord pour escorter de gros bombardiers.
En septembre, il effectuait une course d'escorte dans un P-51 Mustang lorsque des avions allemands l'ont abattu le long de la côte sud de la France. Il s'est parachuté de l'avion, qui s'est écrasé au sol. Il a atterri dans des arbres, s'est blessé au genou, a caché son parachute, a attendu une heure et a vu une jeune fille courir son chemin.
Elle était avec la Résistance française, et il a passé les deux semaines suivantes dans la clandestinité, retournant dans une unité de l'armée américaine en France. Il a également aidé les Français à faire sauter des trains et des camions allemands avant que l'armée ne le ramène à son unité en Italie.
À son arrivée, il était difficile de dire qui était le plus surpris - ses collègues de Tuskegee, à qui on avait dit qu'il avait été tué au combat, ou O'Neil, car il avait vu que les hommes s'étaient partagés ses affaires et portaient ses vêtements.
Ses décorations comprenaient la médaille de l'air.
De retour au Michigan après son calvaire en France, lui et d'autres officiers des aviateurs de Tuskegee se sont vus refuser l'entrée dans un club d'officiers. La famille d'O'Neil a déclaré qu'un responsable de l'armée menaçait les hommes de passer en cour martiale s'ils ne partaient pas. Tous ont été arrêtés puis relâchés, a indiqué la famille.
La femme d'O'Neil a dit qu'il voulait voler en tant que pilote professionnel après la guerre, mais on lui a dit que personne ne volerait avec un pilote noir.
Il a trouvé du travail à Los Angeles en tant qu'opérateur de tours chez Lockheed Corp. Il a ensuite passé de nombreuses années chez ITT Gilfillan, une société aérospatiale de communications radar, devenant un gestionnaire de programme et l'un des premiers noirs dans la gestion.
Il a déménagé dans la région de Washington en 1975 et a pris sa retraite au milieu des années 1980 en tant que coordonnateur de la fabrication chez Bendix Corporation.
Il a passé la dernière décennie à faire de la caisse à temps partiel au magasin Virginia Alcoholic Beverage Control à Centreville. Il a arrêté de travailler en décembre, après le diagnostic de son cancer.
O'Neil, originaire de Detroit, a fréquenté la Wayne State University et l'Université de Californie à Los Angeles.
Ses activités incluaient le travail du bois, la collection d'art moderne et la musique classique sur sa clarinette. Son père avait été clarinettiste de jazz professionnel et M. O'Neil avait obtenu une bourse de musique à Wayne State des années auparavant.
Son mariage avec Gloria O'Neil s'est soldé par un divorce.
Les survivants comprennent sa deuxième épouse, qu'il a épousée en 1987, de South Riding; trois enfants de son premier mariage, Robert Keith O'Neil de San Jose, Maureen O'Neil Beer d'Allemagne et Kathleen O'Neil de Port Hueneme, Californie; deux beaux-enfants, Dean Masajada de Ruther Glen, en Virginie, et Kimberly Mitchell de South Riding; et huit petits-enfants.
Sources : http://www.arlingtoncemetery.net/roneil.htm
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